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Colloque : "Adaptations du texte littéraire américano-caraïbe : formes et enjeux" (Antilles)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jean-Georges CHALI)

Colloque : "Adaptations du texte littéraire américano-caraïbe : formes et enjeux" (Antilles)

 

20-22 novembre 2019

Université des Antilles. Faculté des Lettres et sciences humaines

 

PRÉSENTATION

Depuis l’émergence de l’exotisme et du doudouisme, après la période esclavagiste, l’histoire littéraire de la Caraïbe a connu une évolution à travers une quête formelle et une vision anthropologique et philosophique tournée vers la connaissance de soi. La nouvelle poétique, dès la première moitié du XXe siècle, s’est désormais tournée vers la constitution d’un langage et d’une langue où il est question de dénonciation, de renonciation à la soumission et à l’entreprise coloniale. Si la première époque proto-littéraire, fait le nid d’une adaptation pelliculaire et béate du discours dominant et des grands courants esthétiques européens telle que dénoncée par Jean Price-Mars puis par Suzanne Césaire, les courants de pensée émergeant dans le bassin américano-caraïbe dans la première moitié du siècle dernier (le modernisme brésilien suivi de l’avènement de l’anthropophagie littéraire, la Harlem renaissance, les indigénismes latino-américains, l’indigénisme haïtien ou encore la Négritude) y mettront un terme. Cette problématique de l’adaptation, déjà sensible dans le cadre de cette proto-littérature, gouvernera de manière radicalement différente l’histoire littérature de l’espace américano-caraïbe. Il s’agira désormais de transposer dans le discours littéraire les grands principes d’une philosophie nouvelle de la quête identitaire et ontologique. Les substrats ethno-culturels ainsi valorisés et intégrés dans la production artistique et littéraire (les grands mythes et légendes amérindiens, les rites polysynthétiques tels que le vaudou, la santéria ou le condomblé, les traditions orales, la reconnaissance des racines africaines des cultures des « Amériques noires ») formeront ainsi les nouveaux enjeux idéologiques et esthétiques de la dynamique de l’adaptation dans cette aire culturelle et intellectuelle.

En vertu du principe que « Toute écriture est un palimpseste », comme l’avance Gérard Genette, dans Palimpsestes. La Littérature au second degré, toute mémoire induit alors une métatextualité  et une  hypertextualité des textes littéraires. De même, Jean-Michel Adam dans Souvent textes varient. Génétique, intertextualité, édition et traduction, ne fait-il pas allusion aux « variations infinies des textes littéraires à partir des réécritures auctoriales génétiques et intratextuelles, de l’intertextualité dont se nourrit la création littéraire (…) ? »[1]. Cette perception nouvelle du texte littéraire n’induit-elle pas la prise en compte d’une sémiologie dissidente remettant en question la fonction du signe linguistique, verbal, paraverbal, dans l’écriture qu’elle soit romanesque ou spectaculaire ? Rappelons que l’adaptation désigne un processus de transformation entre un support source et une forme nouvelle ainsi que l’énonce Gérard-Denis Farcy dans son article L’adaptation dans tous ses états : « L’adaptation se définit par ses objets, ses termes, ses opérations et ses plans. Il y a de l’adaptation lorsqu’un objet va d’un terme à un autre en passant par un plan (ou plusieurs) et en subissant certaines opérations »[2]. De ce fait, l’adaptation se révèle être un phénomène culturel complexe historiquement et géographiquement variable comme le montre le « tableau récapitulatif des transpositions pouvant être induites par l’adaptation », tableau qui distingue les « adaptations homosubstantielles » (définissant des pratiques intra et extra littéraires) des « adaptations transsubtantielles » (qui spécifient le processus de transfert d’un système de signes à un autre)[3]. Qu’en est-il dans l’espace américano-caraïbe ?

 Il s’agira de questionner lors de ces journées d’études les modes et pratiques relevant de l’adaptation (qu’ils soient de nature linguistique et littéraire dramatique, cinématographique et audiovisuelle) propres à l’aire américano-caraïbe. Ceci induit donc une observation accrue de l’anthropophagie littéraire et culturelle, considérée ici comme schème descriptif de l’évolution esthétique et idéologique du discours littéraire et artistique. Une attention toute particulière sera accordée aux rapports féconds qui, dès la fin du siècle dernier, ont uni la littérature et le septième art. Les films Rue Cases-Nègres (1983) et Une saison blanche et sèche (1989) d’Euzhan Palcy – adaptés des romans de Zobel et de Brink – ou encore son film documentaire Aimé Césaire, une voix pour l'Histoire (1994), celui aussi de Laurent Cantet Vers le Sud (2005) tiré de La Chair du maître (1997) de Dany Laferrière, Le Goût des jeunes filles (2004) de John L'Ecuyer d’après le roman éponyme de Dany Laferrière, ou encore les productions du réalisateur martiniquais Guy Deslaurier ─ Passage du Milieu (2000), Aliker (2008), ou encore Césaire contre Aragon (2017) –  qui trahissent des liens évidents avec le corpus littéraire caribéen, ne sont là que quelques exemples des tracées de l’adaptation. De même serons-nous attentifs aux formes et enjeux qui traversent le mouvement contemporain de l’adaptation de la littérature vers la bande dessinée et le numérique. A la suite de Ti-canotiers de José Clavot (1987), une adaptation d’une œuvre de Lafcadio Hearn, les bandes dessinées Le vieux marin d’après Jorge Amado (2003) de Hugues Henri, Diab-la (2015) de Roland  Monpierre, La Rue Cases-Nègres (2018) de Michel Bagoé et Stéphanie Destin, ou encore du côté du numérique l’adaptation du conte créole Nany Rosette par le réalisateur Krys Burton sous le titre de Nany (2016) témoignent d’une dynamique qu’il convient d’interroger ici. Le théâtre lui aussi n’est pas en reste, si l’on se réfère aux nombreux exemples de traductions-adaptations de textes et de mythes en créole dès les années 1960, les adaptations de romans et de poésies pour la scène – Un dimanche au cachot de Chamoiseau par José Pliya, les nombreuses versions du Cahier d’un retour au pays natal (1939) de Césaire, sans parler des spectacles à partir de montages de textes poétiques – ou bien encore le cycle de pièces de théâtre documentaire, réalisé à partir des textes de figures littéraires[4], inauguré par Hassane Kouyaté et la Scène Nationale Tropiques-Atrium en 2015.

Au-delà de ce fil conducteur, des propositions pourront également être acceptées en tenant compte de ces quelques pistes, non exhaustives :

  • Les formes de l’adaptation dans l’espace américano-caraïbe
  • Intertextualité, réécritures, traductions et la problématique de l’adaptation
  • Poétiques et politique de l’adaptation
  • Enjeux didactiques de l’adaptation
  • La fortune contemporaine de l’adaptation vers la bande-dessinée
  • Pratique et enjeux de l’adaptation numérique
  • Enjeux des réceptions de l’adaptation
  • Langues, langages et signes dans le processus de transformation,

Modalités de soumission : 

Les propositions de communications sont à envoyer à l’adresse suivante colloque.adaptations2019@gmail.com . Elles comporteront : le titre de la communication, un résumé de 500 mots maximum et une brève notice biobibliographique précisant votre affiliation institutionnelle.  

Date limite des propositions : 15 juin 2019

Réponse du comité scientifique : 15 juillet 2019

La langue de travail sera le français, chaque participant disposera de 20 minutes pour sa présentation, suivies de 10 minutes de discussion. La communication sera suivie d’une publication des actes.

La participation au colloque peut se faire par vidéoconférence.

Comité d’organisation : 

Axel Arthéron (MCF, Université des Antilles)

Jean-Georges Chali (PU, Université des Antilles)

Patricia Donatien (PU, Université des Antilles)

Chantal Maignan (MCF, Université des Antilles)

Clarissa Charles-Charlery (ATER, Université des Antilles)

Marlène Boudhau (Doctorant, UA)

Coralie Caput (Doctorant, UA)

Kristy Casca (Doctorant, UA)

Crépin Hounza (Doctorant, UA)

Line Menage (Doctorant, UA)

Leslie Mondésir (Doctorant, UA)

Julie Monrapha (Doctorant, UA)

Marie Midonnet (Doctorant, UA)

Marie-Paule Potiron (Doctorant, UA)

 

Comité scientifique : 

Axel Arthéron (MCF, Université des Antilles,)

Sylvie Chalaye (PU, Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

Jean-Georges Chali (PU, Université des Antilles)

Patricia Donatien (PU, Université des Antilles)

Chantal Maignan (MCF, Université des Antilles)

Yolaine Parisot (PU, Paris-Est Créteil)

Rodolphe Solbiac  (MCF, Université des Antilles)

 

[1] Jean-Michel Adam, Souvent textes varient. Génétique, intertextualité, édition et traduction, quatrième de couverture, Paris, Classique Garnier, 2018

[2] Gérard-Denis Farcy, « L’adaptation dans tous ses états » Poétique, n° 96, 1993.

[3] André Petitjean et Armelle Hess-Weber, « Pour une problématisation sémiologique de l’adaptation », dans l’Echo des études romanes, Vol 7 n° 2, 2011

[4] Le spectacle « Suzanne Césaire, fontaine solaire » créé en décembre 2015 à Tropiques atrium Scène nationale dans une mise en scène d’Hassane Kouyaté. Ce spectacle a été écrit à partir des textes les plus saillants de Suzanne Césaire choisis par Daniel Maximin (l’auteur de Suzanne Césaire : le grand camouflage. Écrits de dissidence (1941-1945), Le Seuil, Paris, 2009).