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Actualiser ? (séminaire Anachronies)

Actualiser ? (séminaire Anachronies)

Publié le par Frédérique Fleck

Séminaire « Anachronies : textes anciens et théories modernes »

 

Séminaire transversal DSA - LILA, en collaboration avec l’Équipe Fabula à l’ENS

Lire les actes du séminaire dans l'Atelier de Fabula: Anachronies.

 

Séance 6 : Actualiser ?

Vendredi 09 mars 2012, ENS, 45 rue d'Ulm, 75005 Paris, salle Celan

Coordination : Arnaud Welfringer.

Intervenants : Yves Citton, Sophie Rabau/Bérenger Boulay, Arnaud Welfringer.

 

Dans Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ?, Yves Citton a défini – et promu – une démarche interprétative, l’actualisation des textes littéraires anciens, soit l’« opération par laquelle un objet ou une procédure hérités du passé reçoivent une utilisation ou une signification inédites de par leur application à une situation présente ». Ainsi Yves Citton propose lui-même d’« actualiser » tel passage du Discours sur la servitude volontaire (au sujet des « spectacles » utilisés par les tyrans « pour endormir leur sujets sous le joug »), en y voyant « la description précise de nos divertissements télévisés du début du XXIe siècle ». On le mesure avec cet exemple : une telle procédure semble par excellence vouée à s’attirer l’accusation d’anachronisme. Mais une telle accusation a un prix : écarter ce qui, dans un texte ancien, assure sa lisibilité, précisément « actuelle », et, partant, ce qui nourrit le désir de l’étudier ici et maintenant – y compris de façon historique. L’interprétation historienne des textes littéraires s’attache à démontrer une essentielle inactualité des textes du passé, et s’établit ainsi paradoxalement dans la négation de ce qui motive la lecture. La désaffection pour les études de « littérature ancienne » pourrait bien participer d’une incapacité croissante à « actualiser » les textes du passé. Peut-on pour autant promouvoir une lecture « actualisante » sans nécessairement tourner le dos à l’histoire, et envisager des procédures susceptibles de valider un tel type de lecture, de manière à assurer la transmission de ses éventuels résultats ? Mais toute interprétation d’un texte littéraire du passé n’est-elle pas, volens nolens, actualisante – y compris l’interprétation historienne elle-même, dont les modes d’appropriation du texte passé appartiennent en propre à une époque donnée ?

 

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Bibliographie

- Citton, Yves, Lire, interpréter, actualiser. Paris, Éditions Amsterdam, 2007 ; voir en particulier l’« Introduction », p. 23-39, le chapitre II, « Interlocutions », p. 65-79 (exemple d’une actualisation de La Boétie p. 76-79), et surtout le chapitre XIII, « Actualisations », p. 265-278. Introduction consultable sur Fabula.

- Rorty, Richard, « Le parcours du pragmatiste », in Umberto Eco, Interprétation et surinterprétation, Paris, PUF, coll. « Formes sémiotiques », 1996, p. 81-99.

- Schuerewegen, Franc, « La littérature, pour quoi faire ? Brèves réflexions au pas de course », Carnets, Cultures littéraires : nouvelles performances et développement, nº spécial, automne / hiver 2009, p. 17-22.

  - * Dossier Barthes-Picard autour du Sur Racine :  

  • Barthes, Roland, Sur Racine ; voir en particulier l’« Avant-propos », p. 5-8, et la troisième partie « Histoire ou littérature ? », p. 137-157.
  • Barthes, Roland, Critique et vérité. Paris : Seuil, 1966, 79 pages.

 

NB: La bibliographie est restreinte à dessein pour que les participants puissent prendre connaissance de l'ensemble de ces textes, qui serviront de base commune à la discussion; les textes précédés d'un astérisque pourront faire l'objet d'un exposé lors de la séance.

 

Voir la présentation générale du séminaire et le programme des séances