Acta fabula
ISSN 2115-8037

DOSSIER CRITIQUE n°47

2017Octobre 2017 (volume 18, numéro 8)
titre du numéro

Les Conditions du théâtre : un état de la recherche

Dir. Romain Bionda

Ce numéro d’Acta fabula réunit des comptes rendus d’ouvrages fort différents qui pourtant posent plus ou moins frontalement la question des conditions du théâtre.

C’est le cas du collectif dirigé par Olivier Bara et Marie-Ève Thérenty sur les rapports entretenus par le théâtre et la presse au XIXe siècle, du livre de Violaine Anger sur la conception qu’Hector Berlioz a du théâtre, de l’étude d’Alessandra Zanobi sur ce qu’on appelle aujourd’hui « le théâtre » de Sénèque, de l’essai d’Olivier Saccomano sur ce que pourrait signifier « l’idée de théâtre », de celui de Ralph Willingham sur les lieux de la science-fiction au théâtre, de l’ouvrage introductif de Muriel Plana sur les modalités de l’adaptation théâtrale, des actes du colloque organisé par Bernadette Bost, Jean-François Louette et Bertrand Vibert sur les « impossibles théâtres » des deux siècles derniers, et encore des deux numéros de revue dirigés par Alice Folco et Séverine Ruset sur l’injouable. Cette question des conditions du théâtre, on se la pose en effet si l’on se demande dans quelle mesure tel théâtre est « possible » ou non, si tel élément y est « représentable », comment on peut « adapter » au théâtre un objet (un texte, une idée, un événement, …), si la scène admet tous les genres et de quelle façon, à quel point le théâtre correspond à des principes théoriques ou à des représentations personnelles, comment il s’excède (dans la littérature, dans la presse, au tribunal, …), ou encore plus généralement comment il s’accommode de réalités diverses, etc.

Au terme de ces riches lectures, on se dit que « le théâtre » n’existe pas (ou pas plus que « la littérature »), sinon à travers ses conditions — qui existent elles-mêmes selon deux modalités, variables en synchronie et en diachronie : telles qu’elles sont, et telles qu’on se les représente. Elles conditionnent une pratique, et sont elles-mêmes modalisées (à partir d’une pratique, notamment) par une idée, une image et un désir. Se demander ce qu’est le théâtre en un temps T et un lieu L, c’est accepter de faire l’aller-retour entre ces divers plans de réalité. On doit alors faire la part de notre propre représentation individuelle, de nos propres désirs, et considérer la part qui appartient aux autres, qui sont parfois éloignés dans le temps ou dans l’espace, ou parfois assis juste à côté de nous.

Les comptes rendus ici réunis, qui dans l’esprit d’Acta fabula ne se bornent pas à rendre compte mais proposent bien, sur la base d’une lecture informée, une discussion approfondie, montrent tout cela, diversement, en s’inscrivant dans des champs et des traditions de recherche fort différents. On les doit à Danielle Chaperon, Florence Fix, Roxane Martin, Colin Pahlisch, Maxime Pierre et Alain Viala. Merci à eux d’avoir bien voulu se prêter à cet exercice important.

Rappelons enfin que la présente livraison d’Acta fabula fait partie du triptyque formé par le n° 19 de Fabula-LhT sur le théâtralisable et le théâtralisé et par le n° 4 d’Acta Litt&Arts sur la théâtralisation — projet que présente un « avant-propos » auquel on se permettra de renvoyer.

R.B.