Acta fabula
ISSN 2115-8037

2023
Juillet-août 2023 (volume 24, numéro 7)
titre article
Giulia Scialpi

Passé, présent, futur d’Elsa Morante entre Italie et France

Elsa Morante's past, present and future between Italy and France
André Peyronie & Dominique Peyrache-Leborgne, À la recherche d’Elsa Morante, Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2022, 476 p., EAN 9782753586895.

1André Peyronie et Dominique Peyrache-Leborgne présentent au public académique le premier volume en français consacré à l'ensemble de l'œuvre d'Elsa Morante. L’objectif du volume est de mettre en évidence, une fois de plus, la place lumineuse que Morante occupe aujourd'hui dans l'histoire de la littérature italienne et européenne, en traçant de nouvelles pistes critiques dans l'œuvre de l'auteure — qui fut romancière, certes, mais aussi nouvelliste, poète et essayiste —, tant en ce qui concerne son vaste imaginaire poétique et littéraire qu'en ce qui concerne les résonances traçables entre Morante et les thématiques et poétiques des auteurs contemporains. En particulier, le volume part d'une analyse des traits les plus ancestraux de son œuvre (par exemple, des thèmes tels que la maternité ou l'imaginaire méridional), pour retracer les filiations plus ou moins directes de Morante avec les modèles littéraires et la pensée occidentale (par exemple, son rapport à Simone de Beauvoir), et enfin sonder la portée de son héritage au sein de la littérature contemporaine.

2Le volume proposé par Peyronie et Peyrache-Leborgne s'inscrit dans un champ d'études principalement marqué par trois critiques, Dominique Fernandez, Jean-Noël Schifano et René de Ceccatty, qui ont déterminé le parcours français de Morante grâce à leurs traductions et essais critiques parus surtout depuis les années 1960. Peyronie, en particulier, offre une contribution dans le volume qui vise à reconstruire le panorama des études sur Morante et la circulation de ses œuvres traduites en France (« Elsa Morante en France. Petite histoire bibliographique d’édition et de réception »). S'insérant dans cette lignée d'études françaises, le présent volume est issu d'un colloque sur l'œuvre d'Elsa Morante qui s’est tenu en octobre 2019 à l'Université de Nantes et s’est consacré à l’étude de la réception, des affinités littéraires et des filiations de Morante, envisagées dans une perspective comparatiste. Le colloque s'est ouvert sous le signe de la poésie, en partant du constat de René de Ceccatty qu’au cœur de l'inspiration de Morante, il y a toujours été la poésie — ce qui constitue peut-être, à y regarder de plus près, le lien le plus fort que Morante ait jamais entretenu avec un genre littéraire, comme en témoigne la célébration de l'invention narrative qui ouvre Menzogna e Sortilegio (1948), écrite en vers et non en prose (« Elsa Morante, poète et amie des poètes »). D'ailleurs, souligne Ceccatty, la plupart des références littéraires qui façonnent l'imaginaire de Morante appartiennent au monde de la poésie ; que l’on pense à Dante et Rimbaud, mais aussi à des personnages comme Hamlet, Achille ou Don Quichotte ; personnages qui, en se détachant de la réalité, expriment l'essence même de la poésie, même s'ils seront réutilisés comme source d'inspiration pour construire des romans. Encore, Ceccatty affirme que la publication d'Alibi en 1958 constitue la preuve que le véritable monde littéraire qui appartenait à Morante est celui de la poésie et de la transfiguration — avant tout du langage — que ce genre permet. Par la suite, la publication de Il mondo salvato dai ragazzini (1968) n'a pu que confirmer cette intuition concernant la vitalité du rapport entre Morante et la poésie.

3Le volume est divisé en quatre parties, que nous pouvons regrouper idéalement en deux macro-sections : la première — qui comprend L'art de la nouvelle et Autour des romans, de Mensonge et Sortilège à Aracoeli — s’intéresse aux mythes et aux modèles fondateurs de l’écriture de Mor nte ; la seconde — qui comprend Genèse d'une poétique et Réceptions et filiations — s'adresse à une investigation philologique qui, en plaçant l'auteure dans une lignée de références littéraires et philosophiques précises, vise à construire un réseau de liens entre Morante et ses contemporains, mais aussi entre Morante et la littérature de l'extrême contemporain.

De la nouvelle au roman : motifs, images, réinvention... et Proust

4Il existe un lien thématique direct entre la préhistoire d'Elsa Morante (ses premières nouvelles de Il gioco segreto et de Lo scialle Andaluso) et l'œuvre ultérieure de l'auteure (ses romans, mais en général toute sa production littéraire) ; seule une étude approfondie de l'œuvre de la jeunesse de l’auteure peut donc éclairer la passion de Morante pour certains thèmes, ainsi que leur poids narratif. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les études qui ouvrent le volume, en particulier l'essai de Martin-Cardini (« “Ombres lumineuses” sur fond de fiabesco ricamo : Elsa Morante et l’art de la nouvelle »), qui identifie la nouvelle Il ladro dei lumi (Le Voleur de lampes, 1936) comme la plus représentative des thèmes qui seront plus tard privilégiés dans la production littéraire de Morante. En général, cependant, comme le souligne Walter Zidarič (« Jeux et enjeux de l’écriture dans Lo scialle andaluso/Le châle andalou »), le recueil Lo scialle andaluso (1963) peut être considéré comme un modèle de la grande cohérence thématique qui caractérise l'imagerie de Morante. À titre d'exemple, on rappellera ici que la nouvelle Lo scialle andaluso, qui donne son nom au recueil, représente déjà la racine thématique que Morante développera plus tard dans L’Isola di Arturo (1957), à savoir la complexité de la relation mère/fils, véritable fil rouge de l'œuvre de Morante, jusqu'à son dernier roman, Aracoeli (1982). Ce thème, en particulier, sera enrichi dans sa forme et sa portée symbolique, et s’unira, de temps à autre, à d'autres, comme celui du sacrifice ou de la manifestation épiphanique de la mère.

5C'est également dans cette première partie du volume que s’éclaire l'origine du titre donné à cette étude monographique. C'est ici que Bernard Urbani (« Mensonge et sortilège à la recherche du temps perdu ») et Cécile Berger (« Écriture de la mémoire et mémoire de l’écriture. Menzogna e sortilegio, dans le laboratoire mental d’Elisa »), poursuivant une voie déjà ouverte par Stefania Lucamante (2001), s'attardent sur les affinités existant entre le premier roman de Morante et le grand roman de Proust. Les deux études proposées étudient l’importance de thèmes tels que la mémoire, la valeur de l’écriture et la relation possible entre vérité de la réalité et vérité de la fiction au sein de Menzogna e Sortilegio. Le problème au cœur de l'écriture d'Elisa, narratrice du roman, est en fait l'écriture elle-même : le roman interroge la manière de mettre en forme ses « épopées mentales » — les aventures vécues par les fantômes de sa famille — et sa propre « mémoire indisciplinée ». Dans cette perspective, pour Proust, Morante et son alter ego Elisa, l'écriture est le seul moyen de retrouver le temps — de le reconstruire, de le réinventer et de le raconter. Berger, de son côté, étudie de plus près la posture de la narratrice Elisa, en partant de l'idée que le mensonge n'est pas seulement le thème le plus vivant du récit de Menzogna e Sortilegio, mais qu'il constitue aussi le véritable « savoir-faire » d'Elisa. La narratrice du roman est en effet capable de nouer à la fois les fils de la mémoire (« Elisa-personnage ») et ceux de l'invention (« Elsa-narratrice ») avec ténacité et maîtrise. C’est ainsi qu'Elisa parvient finalement à fabriquer un récit autonome (« Elisa-finale ») et étonnant, en raison notamment de sa profonde cohérence (« Elisa-écrivaine »), mais aussi de l’assimilation silencieuse de la leçon de Proust sur la réalité : elle n'existe nulle part ailleurs que dans la mémoire.

La poétique de Morante : bibliothèque, influences et « posture culturelle »

6La partie la plus innovatrice du volume est inaugurée par la section « Genèse d'une poétique », qui, au moyen de lectures philologiques, historiques et critiques, entend mettre en lumière l’imaginaire culturel de l'auteure, ainsi que la portée politique de son œuvre, un aspect trop souvent sous-estimé par la critique.

7En ouvrant cette section du volume, Monica Zanardo propose une approche génétique de l'œuvre de Morante, afin de tracer une cartographie des différentes manières dont Morante a utilisé et retravaillé des références littéraires, culturelles, historiques et philosophiques dans le processus d'écriture de ses romans (cfr. « Parcours génétiques dans la bibliothèque d’Elsa Morante »). En effet, comme le remarque immédiatement Zanardo, on peut distinguer chez Morante trois manières distinctes de lire et de consulter les textes : les textes littéraires, qui appartiennent en grande partie à la mémoire (à la « bibliothèque mentale ») de l'auteur, fonctionnent presque comme une « compagnie » pendant l'écriture ; les textes philosophiques, politiques et religieux (tels que les Dialogues de Platon, la Bible, le Manifeste de Marx ou les Cahiers de Simone Weil) sont soigneusement annoté et consultés pour comprendre des questions d'actualité, dans un dialogue ininterrompu avec les grands classiques de la pensée ; les textes et les documents historiques — les « sources » proprement dites — qui sont indispensables à Morante, pour l'écriture de La Storia, par exemple, mais aussi d’Aracoeli (pour la reconstitution, dans ce cas, des événements de la guerre civile espagnole). Il convient ici de s'arrêter sur le cas de La Storia : la consultation des sources historiques n'a pas seulement pour objectif de conférer de l’exactitude au récit ; elle a aussi une « fonction génétique » précise, comme le montre l'extrême attention avec laquelle Morante enregistre les informations bibliographiques des documents consultés, allant jusqu'à indiquer l'édition et le numéro de page des textes de référence.

8L'enquête philologique de Zanardo prend également en compte la chronologie des lectures de Morante et leur répartition dans le temps, entre le début et la fin de la rédaction de La Storia. Une piste utile à cette fin est fournie par l'auteure elle-même dans les « Notes » qui apparaissent à la fin du roman, dans lesquelles Morante cite et remercie les auteurs des documents et des témoignages qu'elle a utilisés comme point de départ pour l'invention de certains épisodes du roman. Ainsi, Zanardo soutient que les ouvrages cités par Morante contiennent des annotations qui remontent à différents moments de la rédaction du roman, depuis les premières étapes de l'écriture jusqu'aux corrections finales : de cette observation découle, pour Zanardo, l'idée que La Storia peut être lue comme une « réécriture fictionnelle » d'épisodes réels, transmués de la vie au roman.

9Siriana Sgavicchia, quant à elle, se concentre sur les essais de Morante concentrés dans le petit volume Pro o contro la bomba atomica (1987) ; il s’agit d’une production très restreinte, mais certainement utile comme porte d'entrée supplémentaire à une compréhension profonde des romans de l'auteure (« Réalisme, irréalité. Morante essayiste »). Sgavicchia se concentre en particulier sur les deux essais Pro o contro la bomba atomica (Pour ou contre la bombe atomique) et Sul romanzo (À propos du roman), en soulignant la confiance profonde de Morante dans les écrivains, dans leur passion pour la vérité et la réalité, qui seules peuvent fonctionner comme antidotes contre un monde en voie de désintégration — le monde de l' « irréalité » — dont l'emblème est, précisément, la bombe atomique.

10Enfin, une autre perspective fondamentale de lecture des romans de Morante est proposée par Marie Fabre, qui, reprenant une perspective d'étude qu'elle avait déjà explorée auparavant (2018), entend ramener l'attention sur la dimension politique de l'œuvre de l'auteure, élément trop souvent ignoré ou laissé à l'arrière-plan par la critique (« Elsa Morante, une spiritualité politique. Arrêt sur trois pages du Monde sauvé par les gamins »). En effet, les critiques se sont souvent concentrés uniquement sur les qualités littéraires de Morante, associant presque automatiquement l’engagement politique à ses contemporains masculins, en particulier à Pasolini ; l'intérêt actuel pour les gender studies, tout en trouvant un terrain très fertile dans l'œuvre de Morante, risque d’autre part d'occulter le profil purement politique de l’auteure.

11L'essai de Fabre, en particulier, met en lumière un aspect distinctif de la figure intellectuelle de Morante, à savoir l'articulation entre la dimension spirituelle et la dimension politique, visible surtout dans la deuxième partie de son œuvre, c'est-à-dire après le tournant radical des années 1960. Fabre considère ce tournant comme « prophétique », caractérisé par un nouvel investissement « religieux » de la figure du Poète, que l'on retrouve, à peu près au même moment, chez Morante et Pasolini. À titre d'exemple, Fabre analyse certaines pages de Il mondo salvato dai ragazzini, ouvrage qui représente les années 1960 de Morante : ici, la reprise des genres religieux représente le cœur d'un livre qui est aussi, ou avant tout, un livre d'action, un livre qui parle et oriente vers une « transformation » de l'histoire, vers une action qui « sauve » le monde avant sa fin. Au cœur du livre se trouve l'opposition entre la réalité des enfants et l'irréalité (la bombe atomique, les camps de concentration, le pouvoir) des adultes : cette opposition ne se dissoudra qu'au moment où, selon une réécriture originale du commandement chrétien « aime ton prochain comme toi-même » présent dans la Canzone degli F.P e degli I.M. (Chanson des R.H. et des N.M.), chaque individu reconnaîtra son identité grâce à son prochain (« aime ton prochain parce que les autres sont tous toi-même »). Cette révolution, que Morante confie aux « ragazzini », n'a pas seulement une valeur philosophico-théologique, mais aussi et surtout une valeur politique. En conclusion, Fabre trace la parabole de la posture politique de Morante après les années 68-70 : c'est là que s'opère une sorte de repli « aristocratique » de l'auteure, dont la posture s'éloigne progressivement d'une génération de plus en plus politisée et organisée, comme le montrent, par exemple, les nombreuses critiques qui seront formulées par la gauche marxiste dans le cadre du débat sur La Storia. C'est précisément à partir de là que Jessy Simonini reconstruit, à rebours, l'histoire de la réception complexe des romans de Morante au sein du milieu intellectuel italien (« Elsa Morante et la critique marxiste. Élements pour une histoire littéraire, 1948-1974 »).

Filiations et relectures pour un « avenir » d'Elsa Morante

12Enfin, la quatrième et dernière partie du volume est dédiée à la réception et au remaniement des thèmes et de l'écriture de Morante dans la littérature contemporaine, en se concentrant en particulier sur une étude de cas : l'œuvre de l'auteure italienne Elena Ferrante, pour laquelle Morante représente un véritable modèle, tant sur le plan thématique que théorique. Comme le dit André Peyronie, nous sommes en présence, dans ce cas, d'une véritable « injonction Morante ».

13Comme le souligne Ilaria Moretti dans « Maternité, identité et écriture de soi. Lo scialle andaluso et L’amore molesto : d’Elsa Morante à Elena Ferrante », la figure auctoriale d'Elena Ferrante semble être redevable à Morante depuis ses débuts, avec le roman L'amore molesto (1992), immédiatement récompensé par le prix Procida Isola di Arturo. Selon Moretto, il existe un lien spécifique entre le désir de Ferrante de disparaître et la capacité de Morante à se dissoudre dans ses propres figures littéraires : l'essai approfondit cette idée dans le cadre d'une analyse comparative aiguë entre les nouvelles de Lo scialle andaluso et le roman L'amore molesto ; le thème littéraire de la maternité y est alors considéré comme point de départ pour la construction identitaire et l'écriture du soi.

14L'essai de Caterina Sansoni (« Pistes d’inspiration morantienne dans l’œuvre d’Elena Ferrante ») se place en revanche dans une perspective macroscopique qui vise à éclairer les principales pistes morantiennes présentes dans l'œuvre de Ferrante ; ces pistes, qui révèlent sans équivoque la filiation littéraire Morante-Ferrante, doivent cependant être considérées comme le point de départ d'une recherche qui reste à développer. Les influences auxquelles Sansoni fait référence ne répondent pas seulement à des motifs thématiques, mais concernent des influences plus profondes de la poétique de Ferrante, comme le montrent les lettres, les entretiens et les déclarations contenues dans La frantumaglia. C'est ici que Ferrante définit sa posture auctoriale, en montrant avoir profondément assimilé les principaux thèmes morantiens, comme la vérité de l'écriture, la nécessité d'être « écrivain » et non « écrivant », mais aussi ce motif qu'elle définit comme la « frantumaglia », c'est-à-dire l'état psychique de certains personnages qui font des prises de conscience douloureuses à la suite d'épisodes choquants. Enfin, un autre élément unit et fusionne l'inspiration de Ferrante à celle de Morante : c'est le goût pour le feuilleton, cette passion pour les histoires racontées dans les journaux féminins — déjà analysée par Sansoni dans une étude très importante (2019) — que Ferrante trouve injuste de sacrifier, reconnaissant d'ailleurs que c'est sur dans les pages des feuilletons qu’est née sa passion pour l’écriture. À cet égard, l'exemple de Morante devient un modèle de légitimation pour tout auteur qui souhaite mélanger dans son écriture les inspirations les plus diverses.

15Le volume se termine par un essai d'André Peyronie (« Ferrante et l’injonction Morante »), qui lit la filiation Morante-Ferrante dans le sens d'une « libération » qui doit être comprise comme la clé du maintien de toute généalogie. Peyronie mentionne notamment des extraits d'entretiens ou des extraits tirés de L’Amica Geniale, dans lesquels émerge une sorte d'insatisfaction du personnage/de l’auteure vis-à-vis de sa propre écriture : ainsi Ferrante affirme-t-elle que toute égalité supposée entre son travail et celui de Morante n'est que le résultat d'une « exagération journalistique ». Le modèle existe, mais il est inatteignable : il est impossible de créer une écriture qui lui soit égale, mais c'est aussi cette impossibilité qui représente le véritable moteur de son écriture.

16Ainsi, le volume ne s'achève pas sur le signe d'Elsa Morante, mais plutôt sur sa « trace » : le sens est de fournir aux lecteurs, aux chercheurs, mais aussi aux auteurs contemporains, des pistes de lecture, d'inspiration, de compréhension du réel et de cette littérature de la « réalité » que recherchait Morante.

17Fabre Marie, « Pasolini et Morante au miroir de la prophétie : temporalité, vocation, action », Laboratoire italien, n° 21, juin 2018.

18Lucamante Stefania, Elsa Morante e l’eredità proustiana, Roma, Cadmo, 2001.

19Sansoni Caterina, I personaggi di Elsa Morante. Costruzione e dinamiche relazionali dei personaggi nei romanzi di Elsa Morante, Napoli, Guida Editore, 2019.