Fabula-LhT
ISSN 2100-0689

Présentation
Fabula-LhT n° 7
Y a-t-il une histoire littéraire des femmes ?
Audrey Lasserre

La volonté de savoir

The desire to know

« C’est le regard qui fait l’Histoire. Au cœur de tout récit historique, il y a la volonté de savoir. En ce qui concerne les femmes, elle a longtemps manqué. »
Michelle Perrot1

1La question posée par ce numéro, « Les femmes ont-elles une histoire littéraire ? », appartient à un ensemble de ruptures épistémiques et épistémologiques qui ont eu lieu, depuis quarante ans de recherches sur les femmes et le genre, dans presque toutes les disciplines, aussi bien en France qu’à l’étranger. L’impulsion décisive2 en histoire, à laquelle le titre de la présente livraison rend hommage, vint en France du Groupe d’études féministes de Paris 7 (G.E.F.) officiellement créé en janvier 1974 à l’initiative de Françoise Basch et Michelle Perrot, dont le premier cours dirigé3 à partir de novembre 1973 s’intitulait « Les femmes ont-elles une histoire ?4 ». L’invention de ce nouveau champ de recherche, qui se superposa, dans un premier temps, à la création des études féministes, s’accompagna dès ses débuts d’une mise en question des normes et méthodes de la recherche universitaire : « une histoire différente dans ses méthodes et dans son expression même5 » apparut dès lors nécessaire.

2Des recherches menées au G.E.F. mais également avec et au sein du groupe de l’E.H.E.S.S., fondé à la fin des années 1970 autour de Christiane Klapish, Arlette Farge et Cécile Dauphin, parmi lequel figurait par exemple Geneviève Fraisse, une des « historiennes6 » des Temps modernes, naquirent les premiers Cahiers pour l’histoire des femmes (Pénélope, 1979-1985), et la série d’ouvrages devenus maintenant des références incontournables : Une histoire des femmes est-elle possible ? (1984), les cinq volumes de l’Histoire des femmes en Occident (1991-1992), certaines des contributions du collectif EPHESIA, La Place des femmes : les enjeux de l’identité et de l’égalité au regard des sciences sociales, Les Femmes ou les Silences de l’histoire (1998), L’Histoire sans les femmes est-elle possible ? (1998) et Écrire l’histoire des femmes (1998), revu et augmenté sous le titre Écrire l’histoire des femmes et du genre en 2007. Le projet n’était pourtant pas exempt de difficultés. Michelle Perrot dans Les Femmes ou les Silences de l’histoire s’attachait à en établir la liste : les archives tout d’abord par leur carence de traces et leur déficit de conservation, en particulier concernant les femmes, mais surtout la volonté de savoir puisque le regard de l’historien.ne détermine ce qui conviendra au récit historique. Pourtant les conséquences s’avérèrent inespérées : rendre visibles les femmes dans l’histoire signifia tout autant enrichir une histoire lacunaire et partielle que remettre en cause ses méthodes, ses catégories et ses discours.

3Comme les pionnières le firent pour l’histoire des femmes, il s’agit donc d’adopter, dans un premier temps de la démonstration du moins, une position de réserve et d’incertitude quant aux résultats que pourraient produire cette question en histoire littéraire, tout en puisant confiance dans quarante ans de recherches qui « ailleurs », mais finalement « ici » aussi, ont démontré leur pertinence et leurs résultats. Animé.e.s par la volonté de savoir, des spécialistes de la littérature7 en France ont en effet produit dès les années 19808, une série de réflexions théoriques et d’études historiques dont souhaitent notamment rendre compte la présente livraison. L’expérience du CEDREF (Centre d’enseignement, de documentation et de recherches pour les études féministes) créé en janvier 1985 à l’université Paris VII en est un exemple probant : cette équipe interdisciplinaire accueillit dès l’origine des littéraires qui s’attachèrent à penser et pratiquer une histoire littéraire des femmes.

4Presque quarante plus tard, poser une question identique tout en la recentrant sur l’histoire littéraire, c’est avancer deux faits. D’une part, les études littéraires, en France du moins, n’ont pas inscrit, par la reconnaissance académique et institutionnelle, ce champ de recherche dans le paysage critique universitaire9, les méthodes et questionnements restant le propre de chercheuses et chercheurs, certes reconnu.e.s mais rattaché.e.s à d’autres domaines de spécialité littéraire. Cette conjoncture pourrait expliquer l’absence d’influence des savoirs et méthodes acquises dans ce domaine sur des ouvrages qui s’attachent à (re)penser l’histoire littéraire dans sa théorie et sa pratique. Ainsi, ce que constatent Odile Krakovitch et Geneviève Sellier à propos de l’histoire culturelle10, ou Séverine Sofio, Perin Emel Yavuz et Pascale Molinier à propos de l’histoire de l’art11, est également vrai en histoire littéraire : en France, les ouvrages les plus récents, qu’ils se définissent comme novateurs par leur approche (Le Plagiat par anticipation, 200912) ou érudits par leur synthèse de la discipline (L’Histoire littéraire à l’aube du xxie siècle, 200513) ne tiennent aucun compte des recherches en littérature sur les femmes et le genre14. Une situation tout à fait différente s’observe dans les autres sciences humaines15, mais également dans le domaine littéraire en Europe et, plus largement, dans d’autres pays francophones16. Dans le monde anglo-saxon, notamment aux États-Unis et en Angleterre, cette recherche s’est institutionnalisée à travers les Women Studies et les Gender Studies. De nombreux travaux y ont été consacrés à l’histoire littéraire déclenchant il y a plus de vingt ans déjà une « guerre des canons17 » : l’ouvrage dirigé à cette époque par Joan DeJean et Nancy K. Miller, Displacements. Women, Tradition, Literatures in French (1991) reste une ressource de référence pour penser cette question, aujourd’hui tranchée aux États-Unis. D’autre part, il semble cependant possible de se servir des acquis des recherches sur les femmes et le genre pour réfléchir, dans sa spécificité cependant incontestable, les enjeux d’une histoire littéraire revue à l’aune de ces questionnements.

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5Ainsi, il apparaît encore temps, dans les études littéraires en France, de « dénoncer une histoire [littéraire] qui s’écrirait sans les femmes, et d’affirmer ensuite la possibilité d’une histoire [littéraire] des femmes18 ». Cette « longue historiographie du silence19 », telle que la nomme Michelle Perrot, reste aujourd’hui à faire comme le souligne l’introduction d’un ouvrage paru tout récemment : Des femmes en littérature de Martine Reid (2010). La constante production littéraire des femmes en France, qui apparaît de surcroit comme une spécificité française, ne trouve en effet guère d’écho, y rappelle l’essayiste, dans une histoire littéraire qui s’est constituée au cours du xixe siècle en « isol[ant] quelques grandes figures au nom du génie et d’une conception de la littérature résolument masculine » et qui « s’est par conséquent montrée peu soucieuse de faire sa place à un ensemble importants d’auteures et de publications de toutes sortes »20. Que l’on retienne une approche séculaire ou générique, le constat de la minoration, voire de l’absence, des productions littéraires de femmes dans l’histoire est unanimement partagé par les spécialistes.

6Dans « La place des femmes dans l’histoire littéraire : annexe ou point de départ d’une relecture critique ? » (2003), Christine Planté soulignait effectivement l’écart entre la présence des écrivaines dans la culture vécue et leur faible visibilité dans l’histoire littéraire du xixe siècle, et s’inquiétait d’une apparente tendance à la régression dans les histoires littéraires du xixe siècle les plus contemporaines. Eliane Viennot, lors du récent colloque consacré aux Femmes dans la critique et l’histoire littéraire21 par Martine Reid à la bibliothèque Nationale de France, soulignait également ce décalage en étudiant la construction du panthéon littéraire national à travers le traitement des grandes autrices françaises dans l’histoire littéraire du xviiie siècle. Salon der Autorinnen. Französische « dames de lettres » vom Mittelalter bis zum 17. Jahrhundert22 (Salon des auteures : les « dames de lettres » françaises, du Moyen Âge jusqu’au xviie siècle) de Margarete Zimmermann, insiste tout autant sur la nécessité pour cette période de partir « À la recherche des auteures des temps passés » – titre de son introduction traduite et augmentée pour le présent numéro – afin « de montrer la diversité de l’écriture féminine au Moyen Âge et à l’époque prémoderne » et « de remédier à la négligence souveraine avec laquelle ces époques ont été abordées ».

7Au xxe siècle, un même écart se révèle entre des productions littéraires de femmes aussi nombreuses en réalité que faiblement représentées dans les histoires littéraires. « Lorsque nous nous tournons vers la critique, une contradiction manifeste existe »; écrivait déjà la vingtiémiste Germaine Brée en 1973, « les écrivaines sont apparues en nombre toujours plus grand et ont reçu une attention considérable de tout le lectorat qu’elles ont atteint » mais « quand le travail de sélection et de classement historique commence, malgré tout, un curieux phénomène se produit : il y a un décalage saisissant entre le nombre de femmes mentionnées dans n’importe quel genre littéraire et le nombre d’hommes23 ». L’effet de surprise, puisque ce siècle est celui de l’émancipation, se voit d’ailleurs redoublé par le constat d’une mise en abyme du phénomène : les histoires de la littérature du xxe siècle signalent presque systématiquement que l’entrée des femmes en nombre dans l’activité littéraire est un événement marquant du siècle sans pour autant répercuter ce constat dans leur propre pratique (en moyenne, et de façon relativement stable, sur l’ensemble du siècle 6% d’écrivaines et 94% d’écrivains24).

8Et ce que l’on observe selon un traitement par siècle apparaît également lorsque l’on considère les genres littéraires. Nous retiendrons ici en exemple la poésie et le théâtre, laissant provisoirement de côté le roman dont la seule contribution de Margaret Cohen au présent numéro suffit à démontrer que ce genre ne bénéficie pas d’un traitement plus favorable. Poursuivant les travaux menés par Christine Planté sur la poésie du xixe siècle et particulièrement les remarques introductives de l’anthologie (1998) des Femmes poètes au xixe siècle, Évelyne Lloze se consacre dans un article de 2008 à la poésie moderne et contemporaine et conclut en cette matière à une « amnésie de l’histoire littéraire25 ». La seconde édition (2010) de l’anthologie précédemment citée propose effectivement une sélection de dix-neuf poétesses pour le seul xixe siècle, à laquelle est jointe en annexe un répertoire de 118 poétesses. Aurore Evain, qui dirige, avec Perry Gethner et Henriette Goldwyn, l’anthologie en cinq volumes du Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, constate, quant à elle, le « déni d’histoire qui entoure la figure de l’autrice de théâtre depuis le xixe siècle, époque où se met en place l’historiographie du théâtre26 ». Le collectif éditorial a pour preuve publié à ce jour deux volumes de 600 pages chacun aux Publications de l’Université de Saint-Étienne et annonce sur l’ensemble des cinq volumes un corpus de 27 autrices, soit seulement 30% des femmes dramaturges de l’Ancien Régime connues à ce jour, pour une cinquantaine de pièces de tous genres, soit seulement 13% de la production théâtrale de femmes recensée sur la période.

9Face à cette absence des femmes en histoire littéraire, à laquelle tentent de remédier ces premiers outils que sont les anthologies, nos collègues spécialistes de la littérature française à l’étranger ont également manifesté une constante inquiétude. Ainsi Joan DeJean et Nancy K. Miller, signalant le peu de poids de la critique féministe en France, laquelle entraîne un manque d’édition d’œuvres de femmes, préfaçaient en ces termes leur collectif de 1991 « we are experiencing a kind of continental drift : French literature seems well on the way to acquiring a different history in this country from its official version in France27 ». Quinze ans plus tard, cette même inquiétude est également perceptible dans la préface28 que signe Vicki Mistacco à son anthologie de mille pages, réparties en deux volumes, Les Femmes et la Tradition littéraire : anthologie du Moyen Âge à nos jours, parue aux Presses universitaires de Yale en 2006 et 2007. Reprenant les conclusions de l’enquête de Karen Gouttenoire (1998) sur la place des poétesses du xixe siècle dans l’histoire littéraire de la France, Florence Sisask (2010) note également le clivage entre la richesse de publications dans le monde anglo-saxon et leur rareté en France. Considérées comme « un héritage exceptionnel29 », les œuvres poétiques de femmes du xixe siècle y ont ainsi, pour la seule année 2008, bénéficié d’une anthologie bilingue (An Anthology of Nineteenth-Century Women’s Poetry from France, dirigée par Gretchen Schultz) et trouvé place dans le panorama de 1200 pages French Women Poets of Nine Centuries : The Distaff and the Pen.

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10L’ensemble des études menées sur les productions littéraires de femmes constatent donc à l’unisson une disjonction entre une production littéraire abondante et la rare sélection opérée par les histoires littéraires. De ce fait, une proposition aussi novatrice que The Sentimental Education of the Novel de Margaret Cohen, dont nous présentons en français une traduction attendue, ne peut être qu’« une histoire littéraire depuis l’archive. Archive, comprise d’abord dans le sens du document poussiéreux, oublié au fond des bibliothèques », un travail mené à partir d’une littérature « hors d’usage » sur laquelle l’historienne livre une méditation essentielle. En matière d’histoire littéraire, la carence de traces, puisque la trace se préserve ou non par la volonté de conservation, se ferait aussi plus précisément carence de visibilité, par l’usage de la republication. Michèle Touret, directrice d’une Histoire de la littérature française au xxe siècle30, rappelle ainsi dans sa contribution au présent numéro que « l’histoire littéraire est aussi retour vers la production passée encore disponible » tout comme le note Élodie Gaden, à travers l’exemple de la romancière égyptienne de langue française Out-el-Kouloub. Le travail de repérage et de réédition menée par de nombreuses spécialistes est en ce sens fondateur pour la pratique d’une histoire littéraire qui tienne tout autant compte des productions de femmes et d’hommes dans l’établissement du récit historique. Les répertoires, dictionnaires31 et anthologies32 récemment publiées constituent ainsi un matériau à exploiter. Les recherches menées depuis dix ans par la SIEFAR (Société Internationale pour l’Etude des Femmes de l’Ancien Régime33), tout comme l’initiative de Martine Reid, qui a conçu et réalisé la série « Femmes de lettres » en édition « Folio » chez Gallimard, participe de ce travail de (re)découverte : si la plupart des textes de femmes du passé ont disparu progressivement des catalogues de maison d’édition, il paraît non seulement impossible de les enseigner mais encore de les ériger au statut de référence, d’événement ou même d’exemplum du récit historique.

11Les entretiens que nous ont longuement accordés des directeurs de collection (Jean Bessière et Denis Mellier) ou d’histoire de la littérature (Jean Rohou, Jean-Yves Tadié) récemment parues s’avèrent en effet éclairants quant aux décisions et fonctionnements qui président à l’écriture d’une histoire de ce type. Entreprises d’érudition, menées au fil des années par des spécialistes dévoué.e.s à un projet éditorial complexe, les histoires de la littérature témoignent toutes, malgré la singularité de chacune des démarches et des définitions de l’histoire littéraire, d’une visée pédagogique tout à fait primordiale. En regard, les méthodes et savoirs constitués par l’histoire littéraire de femmes depuis les années 1980, qu’ils soient d’ailleurs jugés marginaux ou primordiaux, n’y apparaissent qu’accessoires tant ils ne font jamais l’objet d’un examen ou d’une attention particulière lors des réunions préparatoires collectives. Laissée à la responsabilité et à l’initiative individuelles34, la prise en compte de ces enjeux épistémiques semble s’opposer aux contraintes d’écriture tout comme à celles du marché, qui invitent les histoires de la littérature à aller à « l’essentiel », l’activité littéraire des femmes paraissant encore secondaire. À ce titre, analysant, d’une part, la formation des enseignant.e.s à travers les programmes universitaires et, d’autre part, les programmes du primaire au lycée qu’ils ou elles doivent mettre en application, Marie-Françoise Lemmonier-Delpy constate, dans sa contribution au présent numéro, la permanence d’une discrimination au nom de « l’idée d’une culture patrimoniale dont on hérite mais que l’on ne transforme pas ou que l’on ne révise pas au gré de ce que certains considèrent comme des modes, des dangers, des combats purement idéologiques ». Or on peut – et il serait d’ailleurs loisible de – soutenir que considérer la seule activité littéraire des hommes comme fondamentale relève bien de l’idéologie et que tenir compte de l’ensemble des productions littéraires de femmes et d’hommes dans l’établissement du récit historique participe de la production du savoir.

12De plus, si l’on constate une « amnésie », voire un « déni », il peut être utile de se pencher sur les processus de sélection et d’oubli en histoire littéraire à l’interface de la catégorie de sexe. Si l’on admet, ce qui paraît somme toute discutable au regard de l’ampleur du phénomène, que seul le temps est responsable de l’oubli de celles qui firent la littérature du passé, plus proche de nous, le xxe siècle apporte cependant un élément de réflexion complémentaire. L’étude des histoires de la littérature du xxe siècle, publiées au fil du xxe siècle, démontre en effet que les œuvres de femmes préalablement mentionnées sont ultérieurement gommées pour laisser place à la réécriture d’un nouvel ensemble. Pour exemple, les 31 romancières des années 1950 rapidement abordées par un historien dans un chapitre de son Histoire de la littérature (édition de 196235) sous le titre programmatique de « prolifération du roman féminin » disparaissent, pour la majorité d’entre elles, des histoires littéraires dès les années soixante-dix : Françoise Sagan, Célia Bertin, Christiane Rochefort, Dominique Rolin, Béatrice Beck, Michèle Perrein, Françoise de Ligneris, Michel Davet, Maud Frère, Ferny Besson, Gabrielle Rollin, Louise de Vilmorin, Claudine Chonez, Cilette Ofaire, Marguerite Yourcenar, Geneviève Gennari, Françoise Mallet-Joris, Isabelle Sandy, Angélina Bardin, Christine de Rivoyre, Edith Thomas, Marguerite Duras, Nicole Parturier, Claude Longhy, Yvonne Chauffin, Marie-Anne Soulac, Maria Le Hardouin, Dominique Aubier, Marietta Martin, Elsa Triolet, Lise Deharme. Si, comme le rappelle à juste titre Michèle Touret, le processus palimpsestuel est définitoire de la pratique de l’histoire littéraire, le xxe siècle offre un terrain d’analyse privilégié pour saisir en quoi l’effet palimpseste s’appliquerait plus fortement aux textes de femmes : cette période se caractérise de fait par l’augmentation de la part des femmes dans la production littéraire et aboutit à la parité quantitative dans la plupart des genres. Or la part des femmes dans l’histoire littéraire de la fin du siècle, si elle est en légère augmentation, reste finalement minoritaire : on assisterait ainsi à la persistance d’un plafond de verre en matière de sélection et de qualification des textes de femmes.

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13Quoiqu’il en soit, face à cette présence des femmes en littérature à travers les siècles, qui n’est ni si parcimonieuse, ni si exceptionnelle qu’on a bien voulu le croire depuis le xixe siècle du moins, certain.e.s répondront peut-être que l’absence des femmes dans l’histoire littéraire résulte en réalité de leur moindre compétence ou de la moindre valeur littéraire de leurs textes. Héritage admiré et contesté, Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir ne statue pas autrement, dans un passage spécifiquement consacré à la littérature : « Il y a des femmes qui sont folles, il y a des femmes de talent : aucune n’a cette folie dans le talent qu’on appelle le génie36 ». Outre le fait qu’il paraît difficilement tenable de prétendre que le génie littéraire souffle uniquement sur le berceau ou le pupitre des enfants mâles, le récent ouvrage de Martine Reid, Des femmes en littérature, rappelle à quel point la notion de génie, fût-il actuellement convoqué au féminin pour inscrire le dépassement d’une condition commune, a précisément servi à écarter les femmes de la reconnaissance littéraire au nom de leur incompatible « nature ». Les travaux de sociologues, tels ceux de Delphine Naudier, spécialiste de littérature, ou Séverine Sofio, spécialiste des arts plastiques, confirment alors que l’artiste n’est pas forgé par la « nature » mais bien par la culture dans laquelle il/elle s’inscrit. De plus, si la postérité fonde en partie la valeur et que la valeur se démontre en partie par la postérité, se dessine un cercle vicieux duquel il semble malaisé de s’extraire. De là procède cette conscience d’un héritage à (re)connaître et d’une friable transmission qui se lit aussi bien chez les autrices du Moyen-âge (M. Zimmerman) que dans les contributions à l’histoire littéraire d’une poétesse contemporaine telle que Susan Howe (Maria Muresan). Du point de vue critique et scientifique, il y a donc tout intérêt non à dénier la valeur littéraire (de celle qui s’établit du vivant de l’auteur/autrice jusqu’à celle qui guide l’historien.ne de la littérature dans sa sélection) mais bien à la restituer dans son historicité, la catégorie de sexe participant, comme d’autres critères, à la réception évaluative des textes.

14D’autres convoqueront peut-être – dans la même logique car le génie littéraire est celui ou celle dont les aptitudes supérieures se manifestent dans des créations jugées exceptionnelles – ces femmes d’exception, de Louise Labé à Nathalie Sarraute, qui ont su trouver place dans les volumes d’histoire littéraire : femmes exceptionnelles, hors du commun, et donc « pas comme les autres ». La notion d’exceptionnalité – les synthèses proposées par Michèle Riot-Sarcey, Eleni Varikas37 et Christine Planté38 le démontrent – est un rasoir d’Ockham à double tranchant : l’exception confirme la règle de l’exclusion générale, tout en parant celle qui l’endosse d’une distinction, dans la double acception du terme. Différentes des autres écrivains, puisqu’elles leur font exception, incommensurables avec les autres femmes, puisque la règle voudrait qu’elles n’écrivent pas, le xixe dira par exemple des « femmes auteurs » qu’elles sont monstrueuses. La Petite Sœur de Balzac : essai sur la femme auteur (1989), sur laquelle Christine Planté propose dans le présent numéro de poser un regard rétrospectif, fit date dans la compréhension de la « femme auteur », non comme réalité historique, mais bien comme « un type, où s’investissent les idéologies et les fantasmes du xixe siècle, qui l’a inventée39 ».

15Dans cette logique, Sophie Vanden Abeele-Marchal, évoquant dans « Histoire littéraire féminine et fiction au xixe siècle : le cas de Clotilde de Surville » la supercherie qui, à l’aube d’un siècle de dénonciation des « femmes auteurs », fit de Clotilde de Surville une poétesse médiévale, interroge la modélisation de figures auctoriales féminines admises par le canon dix-neuviémiste tout en insistant sur l’enjeu même de cette anecdote du point de vue de l’histoire littéraire. De son initiateur, Joseph-Etienne de Surville, à ceux qui la prolongèrent, Charles Vanderbourg et Charles Nodier, la supercherie sert de tremplin à des auteurs, tout en étant rendue possible par un contexte idéologique. Elle devient pour les poétesses qui lui sont contemporaines un modèle, car la « femme auteur » est une fiction construite dans et par un discours normatif, au sein duquel il convient de s’inscrire : celui de la femme de génie et d’exception, poétesse aux accents avant tout maternels, assignant les productrices au conservatisme. Plus encore, la généalogie fictive au sein de laquelle on inscrit Clotilde de Surville contribue à fonder l’écriture d’une histoire littéraire spécifique aux femmes, un peu à côté, un peu en dessous de celles des grandes œuvres d’hommes.

16En 1984, Françoise Collin, dans un numéro de 34/44 Cahiers de Recherches S.T.D. consacré aux « Femmes et institutions littéraires », soulignait de fait l’importance de « savoir quel est le type d’œuvres de femmes qui franchissent le barrage, et sur quels critères, explicites ou implicites, conscients ou inconscients40 ». Elle invitait par le titre même de sa contribution à la lecture de ce qui restait encore provisoirement illisible, déplaçant ainsi, nous semble-t-il de façon fort convaincante, la réflexion du terrain de la (non-)valeur à celui de l’/la (il)lisibilité. Cette impossible, et par extension insupportable, lecture s’appliquait, non à tout texte écrit par une femme, soulignait la philosophe, mais à tout texte écrit par une femme qui ne se signalerait pas par une quelconque féminité. L’histoire littéraire, telle qu’elle s’écrit en général, ne saurait ici lui donner tort. Du romantisme féminin à l’écriture féminine, de Colette à Marguerite Duras, en passant par la fictive Clotilde de Surville, la critique savante ne semble, en effet, éprouver aucune difficulté à lire les textes qualifiés, à tort ou à raison, de féminins, même si, ou plutôt parce que, le féminin autorise une potentielle mais paradoxale entrée dans l’histoire littéraire.

17En effet, si l’histoire littéraire du passé, et parfois du présent, accorde une place aux autrices ou à leurs textes, s’en suit souvent une disqualification de la littérarité fondée sur une représentation féminine des productions de femmes : aux yeux de l’histoire littéraire, les écrivaines et leurs œuvres se parent usuellement d’atours dits féminins qui les excluent d’une littérature présumée universelle, c’est-à-dire masculine. Dans La Cause littéraire des femmes : modes d’accès et modalités de consécration des femmes dans le champ littéraire (1970-1998), Delphine Naudier a proposé une première approche de cette marginalisation des productions littéraires de femmes dans la critique savante. Elle y relève en manière d’exemple le procédé employé dans l’ouvrage dirigé par Eugène Montfort en 1925 Vingt-cinq ans de littérature française : tableau de la vie littéraire de 1897 à 1920. Celui-ci contient un chapitre sur la « littérature féminine » au sein duquel les écrivaines sont regroupées pêle-mêle, en fonction de leur sexe social, alors que les écrivains sont répartis dans l’ensemble des deux tomes41. Comme le note Delphine Naudier, la bibliographie consacrée au chapitre roman du premier tome confirme la discrimination des productions dites féminines : « Dans cette bibliographie, qui est une bibliographie choisie et non pas du tout complète, ne figurent, sauf erreur, ni les romanciers étrangers de langue française ni les romancières. Des renseignements abondants ont été fournis sur ces deux catégories d’écrivains en d’autres endroits de cet ouvrage42 ». Ces deux catégories d’écrivains, exclues de la littérature française et renvoyées aux marges de l’histoire littéraire, peuvent parfois d’ailleurs s’amalgamer en une seule et même écrivaine : quelle histoire littéraire pourrait accueillir Out-el-Kouloub, romancière égyptienne de langue française et passeuse de culture, s’interroge ainsi Élodie Gaden, si ce n’est une histoire littéraire transnationale, où pourraient s’écrire des « horizons partagés » ?

18L’exemple relevé par Delphine Naudier n’est pas un hapax : l’étude élargie à l’ensemble des histoires de la littérature du xxe siècle confirme, pour certaines histoires du moins, l’étendue de cet impensé structurant qu’est la féminité puisque on y trouve non seulement un « tableau intégral de la féminité43 » mais encore l’établissement du sexe social « femmes » et du genre féminin en catégorie littéraire44. Dans ce cas, mises au ban ou à la marge de la production littéraire, les œuvres des écrivaines sont au mieux perçues comme un sous-ensemble thématique ou générique (des romans féminins comme il existe des romans exotiques, historiques ou autobiographiques), au pire définies par certains historiens comme un exogroupe littéraire menaçant (Amazones ou Ménades). Face à ce même constat, Jennifer E. Milligan, travaillant sur la génération oubliée des écrivaines françaises de l’entre-deux guerre, avait forgé un jeu de mot pertinent par sa concision conceptuelle : « miss-representation45 » ou représentation diffractée des productions littéraires à l’aune d’une prétendue « féminité ». Le récent ouvrage de Martine Reid, dont la première partie traite de la réception des autrices – le quatrième chapitre étant spécialement consacré à l’histoire littéraire de Gustave Lanson à Pierre Bayard –, mène une démonstration similaire et appelle en conclusion « à une véritable réécriture de cette histoire, comme cela s’est observé pour l’histoire des femmes à partir des années 197046 ».

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19Mais l’histoire littéraire des femmes et avec les femmes, dans leur possibilité même, car les deux démarches ne se superposent pas, restent encore elles aussi à explorer tant les ouvrages de synthèses sur cette question font défaut, en France du moins47. Dès 2003, Christine Planté interrogeait ce projet dans « La place des femmes dans l’histoire littéraire : annexe ou point de départ d’une relecture critique ? » livrant une réflexion essentielle. « Toute connaissance incomplète est une connaissance affaiblie, insatisfaisante, qui tend à reconstruire une image fausse de la réalité – ici, de la littérature48 » rappelait-elle. Au-delà d’une révolution épistémique déjà fondamentale, la prise en compte des textes de femmes inaugure également une rupture épistémologique. Toutes les contributions du présent ensemble signalent à quel point poser la question des femmes appelle à un déplacement des définitions, catégories et périodisations usuellement éprouvées en histoire littéraire, voire à une redéfinition du (genre) littéraire, et de l’histoire littéraire. Comme d’autres spécialistes, des avant-gardes49 par exemple, c’est à ces conclusions que sont portées Margarete Zimmermann pour l’étude du Moyen-âge au xviie siècle, Margaret Cohen, Martine Reid et Christine Planté pour celle du xixe siècle, qu’il s’agisse en particulier du roman ou de la poésie, Eliane Lecarme-Tabone pour l’autobiographie et Michèle Touret pour la littérature du xxe siècle. Dans « Où sont-elles ? Que font-elles ? La place des femmes dans l’histoire littéraire », Michèle Touret souligne en effet que la question posée invite à soutenir la conception d’une histoire littéraire comme compréhension de la vie littéraire, de la création à la diffusion des textes. Interroger la place de femmes dans l’histoire littéraire, c’est également et peut-être avant tout, insiste-elle, repenser l’histoire littéraire dans sa pratique. C’est aussi, ajouterions-nous, opter pour une histoire littéraire matérialiste qui loin de consacrer l’idéalité de la littérature s’attache aux conditions concrètes de sa production afin de donner sens à certains choix littéraires dans leur permanence et leur évolution. En ce sens, les modalités d’accès des femmes comme des hommes au savoir et à la culture, à la lecture et à l’écriture, à l’édition, à la reconnaissance sociale, y compris mais non seulement institutionnelle, à l’espace public, etc. éclairent l’ensemble des faits littéraires et l’histoire que l’on peut en faire.

20Mais que dire d’une histoire littéraire des femmes, séparatiste : distincte, dissidente ou autonome ? Les spécialistes qui retracent ici leurs contributions à cette discipline, Margarete Zimmermann pour littérature du Moyen âge et de l’Ancien Régime, Christine Planté pour celle du xixe siècle, Eliane Lecarme-Tabone pour l’autobiographie, soulignent bien évidemment le paradoxe apparent de l’entreprise et le risque encouru par elle. Toutes insistent sur leur volonté de restituer une construction historique et culturelle et non de se placer sous l’égide d’une vision essentialisée du féminin, d’autant plus fermement que l’histoire littéraire des femmes doit se démarquer d’une longue tradition d’histoire de la littérature féminine, telle que la retracent par exemple Christine Planté dans La Petite Sœur de Balzac, Margarete Zimmermann en introduction de Salon der Autorinnen ou Eliane Lecarme-Tabone en resituant le contexte intellectuel qui fut celui de l’écriture de L’Autobiographie. Toutes jugent également nécessaire de rendre compte de la diversité des textes de femmes, de leur portée universelle, de leur singulière originalité, tout en tentant de saisir parfois a posteriori un trait commun (M. Zimmermann) ou certaines spécificités (E. Lecarme-Tabone). Cette démarche, qui ne se justifie pas par une communauté de création, trouve sa légitimité dans une communauté de réception : c’est parce que les textes de femmes ont été d’une part systématiquement écartés des sources de l’histoire littéraire, d’autre part, lorsqu’ils étaient retenus, rarement qualifiés par la critique savante que leur réexamen commun s’y autorise. Mais c’est également parce que cette réception programmée par le sexe social joue nécessairement sur le littéraire, en particulier sur le texte et l’épitexte au sein desquels les autrices intègrent des stratégies différentes pour parer cette assignation à résidence sexuée. Définie comme un enjeu en soi, l’histoire littéraire des femmes peut enfin être perçue comme la propédeutique d’une histoire littéraire qui, à terme, parviendrait à faire l’histoire du littéraire en tenant compte des catégories de sexe (hiérarchisées) ou de leur tentative de neutralisation (celle-ci n’ayant de sens qu’au regard d’un masculin et d’un féminin imposé).

21Il nous faut alors reprendre ici l’histoire là où nous l’avions provisoirement laissée : vint à la fin des années 1980, le temps (de l’histoire) du genre50, qui suscita en histoire, et en littérature, contrairement à la sociologie, quelques réticences. Le terme, tout d’abord, traduit de l’américain gender sembla aux historien.ne.s étrangement inutilisable dans leur langue. Apparu en 1968 dans l’ouvrage du psychanalyste Robert Stoller, Sex and Gender : On the Development of Masculinity and Femininity puis en 1972 dans Sex, Gender and Society de la sociologue Anne Oakley, le concept de genre s’imposa progressivement aux États-Unis pour devenir un terme extrêmement courant à partir des années 1980. Les travaux théoriques de Joan Scott notamment traduits en France par Eleni Varikas devinrent une référence : le genre, écrivait-elle dans « Gender a useful category of historical analysis » (1986), est un élément constitutif de rapports sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes, et le genre est une façon première de signifier des rapports de pouvoir51 » ajoutant par épanorthose que « le genre est un champ premier au sein duquel, ou par le moyen duquel le pouvoir est articulé52 ». Résolument opposé au sexe biologique, le genre désigne soit la relation hiérarchique des sexes socialement et culturellement construits, soit le sexe socialement et culturellement construit dans un rapport hiérarchique (selon que l’on porte l’accent sur le principe de partition ou les parties divisées). Logiquement, le terme parut dans un premier temps superflu à une histoire des femmes qui avait intégré à ses origines le rapport hiérarchique des catégories de sexes comme fondamental : il semble encore aujourd’hui pour certain.e.s neutraliser le rapport de domination hommes-femmes qui est au cœur de leurs analyses.

22Aux États-Unis, le concept de genre a été dès les années 1980 articulé aux recherches littéraires (Elaine Showalter, Nancy K. Miller). L’ouvrage de Judith Butler, Gender Trouble, traduit en France en 1990, constitue à la fois une synthèse de cette histoire, à laquelle participe la théorie littéraire « française », et une tentative de dépassement puisque le genre y devient « le procès même de production par lequel les sexes eux-mêmes sont établis53 ». Plusieurs contributions de spécialistes de la littérature (Anne Berger54, Marcelle Marini55, Catherine Nesci56, Christine Planté57, Martine Reid58, Eliane Viennot59, etc.) ont retracé l’intégration paradoxale et problématique mais pourtant riche de sens du concept de genre en France. L’ensemble des contributions en témoignent, le genre comme catégorie d’analyse historique est aujourd’hui nettement pratiqué. Ainsi la remarque de Martine Reid introduisant ses « observations à propos de The Sentimental Education of the Novel » vaut incontestablement pour nombre d’entre elles : « le temps est assurément venu de considérer le champ littéraire comme un tout, mais comme un tout genré, avec toutes les implications historiques et théoriques entendues par cette qualification ». Jouant à plein de la polysémie qui a préalablement desservi l’usage du terme en français, le temps semble également venu de proposer une histoire du genre des genres littéraires, ou de la hiérarchie littéraire des genres à l’aune du féminin et du masculin. De la création à la diffusion des textes, de leur lecture à leur évaluation, le concept de genre se révèle un outil essentiel pour écrire une histoire littéraire consciente de la matérialité de son objet.

23Pour finir ce parcours critique, la présente livraison souhaitait accorder une place d’élection à la question des usages linguistiques en donnant à lire deux extraits de la controverse qui opposa la romancière Marie-Louise Gagneur, figure de la vie littéraire de son époque, à l’Académie Française en 1891. Claudie Baudino, à qui l’on doit Politique de la langue et différence sexuelle : la politisation du genre des noms de métier (2001), rappelle en introduction des deux documents que cet échange constitue un moment fort et inaugural du tour que prendra ce débat au xxe siècle. La question de l’usage du féminin et du masculin pour désigner les activités littéraires a, en effet, en France une longue histoire. Le Dictionnaire historique de la langue française, comme le dictionnaire de la SIEFAR réalisé par Aurore Evain et Eliane Viennot60, s’en font l’écho : loin d’être des néologismes, ou la résultante d’une « féminisation » toute contemporaine, autrice est par exemple attestée dès le xve siècle et écrivaine dès le xive siècle. Une masculinisation de la langue française s’est ainsi progressivement affirmée depuis la Renaissance, rejetant ces termes par la péjoration et l’interdiction. L’échange entre Marie-Louise Gagneur et deux académiciens de l’époque permet en outre de déceler que la prohibition linguistique est la résultante d’un interdit social et littéraire : si écrivaine n’est pas entérinée par l’Académie, c’est bien parce que la « carrière d’écrivain n’est pas celle de la femme » affirme à l’époque Charles de Mazade. Proroger ces pratiques dans l’écriture critique et le récit historique, comme le confirment les travaux d’historiennes de la littérature et de linguistes telles que Marina Yaguello, Anne-Marie Houdebine-Gravaud, Véréna Aebisher, Edwige Khaznadar ou Claire Michard par exemple, revient à effacer une partie de ce dont on se propose de faire l’histoire et à entériner l’exclusion des femmes de l’histoire littéraire, comme de l’activité littéraire elle-même.

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