Colloques en ligne

Avertissement & argumentaire

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1Le colloque « Littérature et histoire en débats », dont on trouvera ici les Actes, s’est déroulé les 10, 11, 12 janvier 2012 à Paris. Il a été piloté par Catherine Coquio et Lucie Campos et coordonné par Assia Kovrigina avec le soutien  du Labex Arts-H2H  dans le cadre du programme « Investissements d’avenir » (ANR-10-LABX-80-01), qui a également soutenu l’édition de ce dossier.

2Ce projet a été initié en 2011 à Paris 8 dans l’équipe « Littérature et histoires » en collaboration avec l’équipe  « Transferts critiques et dynamiques des savoirs ». Il s’est réalisé à travers un partenariat avec les Archives Nationales, le CRAL (EHESS), le CERILAC (Paris-Diderot P 7), le CRLPM (ENS-Ulm) et la revue La vie des idées (Collège de France).

3Il a été hébergé le 10 janvier par le Centre Malher (EHESS-Paris I), le 11 janvier par les Archives Nationales de Pierrefitte, le 12 janvier par l’ENS-Ulm.  Il s’est achevé par une présentation de la collection « Littérature, histoire, politique » (Garnier) codirigée par Catherine Coquio, Lucie Campos et Emmanuel Bouju.

4On trouvera  le programme en ligne sur http://www.labex-arts-h2h.fr/colloque-litterature-et-histoire.html, et l’enregistrement vidéo des séances du 10 et du 12 janvier (la séance du 11 n’ayant malheureusement pas pu être filmée pour des raisons matérielles), sur le site du CRAL: http://www.youtube.com/user/cralehesscnrs/videos.

5Le dossier qui suit a été composé à partir de la version écrite des interventions qui nous ont été confiées. Pour celles qui ne l’ont pas été, nous renvoyons dans le sommaire à l’enregistrement vidéo. A cet ensemble est venu s’ajouter un questionnaire transmis par écrit aux membres du GRIHL et plus précisément à Christian Jouhaud, Dinah Ribard et Judith Lyon-Caen, que nous remercions vivement d’avoir bien voulu jouer le jeu en apportant leurs réponses.  

6Nous remercions tous ceux qui ont contribué à l’organisation de ces rencontres et/ou soutenu l’édition de ce dossier, en particulier Isabelle Moindrot (directrice du Labex Arts-H2H), Pierre Fournié (, responsable du département de l'action culturelle et éducative), Noëlle Batt et Yves Abrioux (« Transferts critiques et dynamiques des savoirs »), Tiphaine Samoyault (alors directrice de l’équipe « Littérature et histoire » à Paris 8), Jean-Charles Darmon (directeur du CRPLM à l’ENS-Ulm), et Annick Louis (CRAL-EHESS), à qui nous devons en outre l’enregistrement vidéo des séances.

7Nous remercions également les présidents de séance pour leur participation à ces journées : dans l’ordre de celles-ci Yves Abrioux, Jean Delabroy, Alexandre Gefen, Pierre Fournié, Patrick Boucheron, Annette Wieviorka, Jean-Charles Darmon, Hélène Merlin, Eric Méchoulan, Emmanuel Bouju, Noëlle Batt.

8Un grand merci aussi, mêlé de regrets, aux chercheurs et aux écrivains présents dont nous n’avons hélas pu joindre ni texte ni enregistrement vidéo : Patrick Boucheron, Ingrid Méry-Haziot, Ivan Jablonka, Stéphane Michonneau, ainsi que Hédi Kaddour, Jean-Luc Raharimanana et Zahia Rahmani qui dialoguaient avec Claude Mouchard. Toute notre gratitude à tous pour ce que leur présence et leur parole ont apporté à ces journées.

9Nous remercions enfin vivement Florian Pennanech ainsi que l’équipe de Fabula grâce à qui ce dossier a pu être mis en ligne rapidement sur ce site.

10On trouvera ci-dessous :

  • la composition des comités d’organisation et du comité scientifique

  • le texte de l’argumentaire envoyé au départ aux intervenants à titre d’invitation au débat.

Composition des comités

Comité d’organisation

11Lucie Campos (Collège de France), Catherine Coquio (Paris 8/ Paris 7 Diderot, Cerilac), Assia Kovriguina (Paris 8/ Paris 7), Annick Louis (EHESS-CRAL).

Comité Scientifique

12Yves Abrioux (Paris 8), Etienne Anheim (Versailles Saint-Quentin, revue Annales), Noëlle Batt (Paris 8), Patrick Boucheron (Paris I), Lucie Campos (Collège de France), Catherine Coquio (Paris 8/7), Annick Louis (EHESS-CRAL), Eric Mechoulan (Université de Montreal), Annette Wieviorka (CNRS).

Argumentaire de départ

13Le colloque international « Littérature et Histoire en débats » entend approfondir des débats qui suscitent aujourd’hui un intérêt renouvelé à l’université comme dans les revues d’histoire, de littérature et de philosophie : la question des rapports de l’écriture littéraire avec l’histoire et l’historiographie se voit reposée à nouveaux frais, autonomisée et déplacée, soumise à des interrogations épistémologiques et politiques nouvelles.

14Citons entre autres, pour se limiter aux débats français, les numéros des revues An­nales « Savoirs de la littérature », vol. 65, n° 2, 2010 ; Littérature,n°159, « Écrire l’histoire », 3/ 2010 ;Critique, avril 2011, « Historiens et romanciers. Vies réelles, vies rêvées » ; Le Débat, n°165, Mai-Août 2011, « L’histoire saisie par la fiction » ; et, parmi les ouvrages, Judith Lyon-Caen & Dinah Ribard,L’historien et la littérature (La Découverte, 2010) ; Christian Jouhaud, Dinah Ribard et Nicolas Schapira, Histoire Littérature Témoignage (Folio histoire, 2009).

15Le colloque tentera d’interpréter cette actualité, et d’entamer à partir de ces débats une réflexion croisée sur la notion de littérature, trop peu historicisée et souvent ramenée à celles de récit ou de fiction, et sur la notion d’histoire, prenant en compte la polysémie dont le régime moderne a chargé le mot, comme ensemble des choses passées, comme récit de ces choses et comme processus (Reinhart Koselleck, « Sur le concept d’histoire », L’Expérience de l’histoire).

16Comment comprendre l’actuelle cristallisation, dans les études littéraires et l’esthétique, autour des notions d’archive, de document et de témoignage, et que penser du « retour au réel » ou « retour à l’histoire » de la littérature et de l’art ? Tandis que paraissent des œuvres d’écrivains qui semblent entreprendre d’écrire l’histoire à leurs manières, abondamment analysées et débattues par la critique littéraire, des travaux d’historiens se donnent volontiers pour objets des œuvres littéraires, prennent position dans des polémiques à leur sujet, remettent l’écriture littéraire à l’honneur selon diverses perspectives, produisent des textes qui relèvent des deux pratiques ou travaillent en direction de l’épistémologie.

17Du côté de la théorie littéraire, qui se trouve à nouveau confrontée à l’histoire littéraire, on assiste dans certains champs à une mutation des paradigmes critiques : les notions de « roman historique », de « réalisme », cèdent le pas à celles d’ « œuvre-témoignage », de « geste testimonial », de « transcription de l’histoire », de « parti-pris du document » ; on discute l’hégémonie du modèle fictionnel au détriment des « genres factuels », qui suscitent des investigations nouvelles. Du côté de la réflexion sur l’histoire, on parle des « procédés littéraires » de l’historiographie, d’un « raisonnement historique » présent au sein du littéraire, de « découvertes techniques des romanciers » mués par les historiens en « procédés cognitifs »…

18L’idée multiforme semble ainsi s’imposer d’une proximité entre « l’écriture de l’histoire » et « l’écriture littéraire », comme si l’une et l’autre, au-delà de ces deux formules nées de la modernité, se rejoignaient en un point d’origine qui serait la pratique scripturaire comme acte mémoriel. Or au plan institutionnel les disciplines restent fortement cloisonnées, en France  en particulier, où en outre des polémiques cycliques semblent dire le contraire au sujet d’œuvres qui finissent par former un canon (J. Littell, Y. Haenel, L. Binet). S’agirait-il donc d’un leurre ?

19Que penser de cette actualité, tant de ces disputes que de ces retrouvailles ou réconciliations ? Les débats les plus bruyants n’empêchent-ils pas de saisir à l’œuvre d’autres pratiques et champs moins visibles, ou plus éloignés dans l’espace et le temps ? Quel travail réel s’effectue-t-il dans nos rapports au passé et aux morts, et à quelle aune mesurer ce « nous » ?

20Que dit cette situation de la manière dont les uns et les autres envisagent non seulement leur propre rapport au temps qui passe, mais celui de l’autre ? Quel imaginaire de la création littéraire cultivent ceux qui écrivent et pensent l’histoire, quel imaginaire de l’histoire cultivent ceux qui font et pensent la littérature ? Peut-on historiciser ces imaginaires et les interpréter ? Que dit, sait ou pense l’historien non seulement de la littérature, mais de l’histoire des savoirs qui se sont constitués à son sujet (poétique, philologie, herméneutique) ? Que dit, sait ou pense le littéraire non seulement de l’histoire mais de l’histoire des opérations et débats historiographiques ? Qu’est-ce qui, ici et là, semble rester à l’état de non-dit, insu ou impensé ? Qu’est-ce qui, du savoir vivant de l’autre, reste ou devient un point aveugle, fief imprenable ou domaine inassimilable ? Faut-il n’y voir que l’effet des spécialisations propres à la production moderne des savoirs, ou des rapports de force entre deux institutions ?

21Le renouvellement des procédés d’écriture et des attentes, lié à la conscience historique de l’époque, et à certains enjeux politiques et éthiques, tend-il à accroître la réflexivité des savoirs et des pratiques ici et là, à repenser les modes de production de la « vérité » relative au passé, dans son rapport au présent ?

22Le colloque invitera à cartographier, autour d’objets de recherches et de propositions scientifiques et critiques, des pratiques méthodologiques et discours émergents, là où les outils de l’historien se combinent parfois avec ceux de la littérature. Chercheurs et créateurs seront invités à faire part des cas qui les ont poussés à un renouvellement méthodologique, de leurs pratiques frontalières ou expériences de collaboration, des découvertes qu’ils y auront faites et des difficultés rencontrées. On réfléchira ainsi aux possibilités et limites de pratiques transversales en fonction d’objets spécifiques, qui pourront se situer dans le passé le plus lointain, comme dans le temps présent.

23On cherchera également à estimer la part des traditions nationales et des histoires culturelles dans la formulation de ces problématiques. Comment aborde-t-on ces questions en Amérique du Sud, en Russie, en Extrême-Orient ? Formule-t-on ces problèmes différemment en Europe et aux Etats-Unis ? Y a-t-il un processus de mondialisation à l’œuvre dans ces problématiques, quand et comment a-t-il commencé, et qu’en est-il aujourd’hui des enjeux politiques derrière ces divers modes de théorisation ?