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Transmission and Transgression in Early Modern England

Transmission and Transgression in Early Modern England

Publié le par Alexandre Gefen (Source : organisatrice)

Le LERMA (Laboratoire d'Etudes et de Recherche du Monde Anglophone) a le plaisir de vous convier au colloque "Transmission and Transgression in Early Modern England" qui se tiendra du 29 novembre au 1er décembre 2012 à Aix-Marseille Université (site Schuman, Aix-en-Provence). Le programme complet est disponible sur le site du LERMA:

Programme (HTML) :
http://gsite.univ-provence.fr/gsite/document.php?pagendx=11801&project=lerma

Programme (PDF) :
http://gsite.univ-provence.fr/gsite/Local/lerma/dir/Colloques_Progr_Inscr/Program_Transm_Transgr.pdf

Résumés (PDF) :
http://gsite.univ-provence.fr/gsite/Local/lerma/dir/Colloques_Progr_Inscr/Book_of_abstracts_Transmi_Transgr.pdf

Programme du concert (HTML) :
http://gsite.univ-provence.fr/gsite/document.php?pagendx=11802&project=lerma

Argumentaire du colloque :

C’est en 1611 que le mot « transmission » apparaît pour la première fois dans la littérature anglaise, sous la plume de John Florio, qui se contente de traduire l’italien « Transmissione ». La même année, on trouve dans le dictionnaire unilingue de Randle Cotgrave l’entrée suivante : « Transmitted, sent away; passed, giuen, let gog, posted ouer to another ».

La transmission serait une passation, un don, un déplacement vers l’autre, le destinataire ultime. La notion de transgression est quant à elle attestée depuis le 15e siècle. Il faut pourtant attendre 1623 et le dictionnaire de Cockeram pour que le terme ne soit plus simplement envisagé dans sa conception juridique (OED 1.a), mais qu’il signifie plus largement « a passing or going ouer ».

 

Les termes de transmission et de transgression sont indissociables, car on ne transgresse que ce que l’on connaît déjà et qui nous a été préalablement transmis. Certes, à la Renaissance, on cultive les arts de la mémoire, on « translate », on voyage, on transmet au-delà des frontières, mais on prend aussi un malin plaisir à se moquer des vieilles croyances. Deux grands dramaturges de l’époque, Shakespeare et Middleton, auxquels le présent colloque dédie une journée entière, manipulent ainsi leurs sources dans le but de créer un théâtre parfois obscène, souvent subversif, mais toujours familier aux spectateurs de l’époque. Margaret Jones-Davies se penchera par exemple sur l’utilisation que fait Shakespeare du mot « modern » (du latin modo, un adverbe signifiant « maintenant ») afin de nous aider à comprendre comment il se situe dans le débat renaissant sur la transmission des valeurs du passé. Chantal Schütz se concentrera quant à elle sur la subversion de l’instruction illustrée par deux scènes capitales de la pièce A Mad World, my Masters de Thomas Middleton. Au-delà du théâtre, la musique même se veut transgressive et participe d’une esthétique de la dérision. Le concert que proposeront les Sorbonne Scholars (dirigés par Pierre Iselin) vendredi 30 novembre, en lien étroit avec la thématique du colloque, permettra d’ailleurs de mettre en évidence les soubresauts des mélodies renaissantes et baroques qu’écoutaient les élisabéthains et les jacobéens.

Si à la fin du 16e et au début du 17e siècle, la royauté encourage une forme de transgression modérée qu’elle s’évertue à maîtriser, les choses changent avec la République de Cromwell qui voit l’arrivée des Puritains au pouvoir. Le détournement prend alors d’autres formes. Johan Gregory, grâce au journal de John Taylor, montrera par exemple que la transgression des punitions religieuses devient un moyen de résistance pour le petit peuple en général, et les femmes en particuliers. Pierre Lurbe expliquera quant à lui comment John Toland dut déployer des trésors d'ingéniosité pour justifier la publication de ses textes, d’une provocation inouïe pour l’époque. En effet, faire paraître les oeuvres d’un partisan avoué du régicide, comme Milton, ou celles d'un homme qui avait péri sur l'échafaud pour avoir comploté contre le roi une quinzaine d'années auparavant, comme Sidney, relevait de la transgression pure et simple des normes et des valeurs politiques en vigueur.

Après la Restauration, les événements politiques qui continuent à secouer l’Angleterre ont un impact majeur sur la littérature du 18e siècle, qui vénère toujours ses classiques mais n’hésite plus à les remettre en cause. Ainsi, selon Pierre Carboni, le genre poétique conventionnel de l'éloge/apothéose est l'occasion d'une réévaluation de la créativité poétique en amont du Romantisme. De manière significative, le siècle se clôt sur un terrible roman, à savoir Le Moine (1795), qui demeure l’une des oeuvres les plus notoirement transgressives de l’âge d’or du gothique anglais. Le colloque s’achèvera donc sur la figure de la Nonne Sanglante dans le roman de Lewis, vue par Jocelyn Dupont comme vectrice à la fois de transgression familiale et de transmission textuelle.

 

Ce colloque international regroupant vingt-cinq communications et au cours duquel interviendront trois conférenciers invités (Gordon McMullan, Roy Eriksen et Richard Wilson) se propose donc d’examiner comment les notions de transmission et de transgression peuvent s’articuler à travers les arts, la littérature, l’histoire des idées et la civilisation de l’Angleterre des 16e, 17e et 18e siècles. On s’interrogera notamment sur l’importance de la mémoire et de la tradition face au besoin de nouveauté, et aux Révolutions qui redéfinissent l’identité même de l’Angleterre. Existe-t-il une esthétique de la transgression spécifiquement anglaise, et si oui, comment évolue-t-elle à travers les siècles ? Est-ce une philosophie ? Faut-il plutôt parler d’une politique et d’une poétique de la transgression, comme l’ont fait Peter Stallybrass et Allon White ? Enfin, toute transgression renie-t-elle nécessairement ses sources ?