Le début de la fin, textes réunis et présentés par Jonathan Degenève, Textuel, n° 48, LAC, Paris, 2005
En parcourant les livres ou articles qui réfléchissent à la question de la fin, on se rend compte que le début de la fin est ce qui, souvent, pose problème. Pourquoi ? Une première difficulté vient du repérage. A priori, on sait où et quand un texte, un film, une musique s'arrêtent : il en est autrement pour le début de la fin. Mais cette évidence est déjà à interroger. En effet, de quelle fin parle-t-on au juste ? Les distinctions conceptuelles proposées par Jacques Derrida (fin, clôture), Julia Kristeva (récit, discours, travail) et Philippe Hamon (terminaison, finition, finalité) nous permettent de faire preuve de discernement sur ce sujet : lorsque ça s'arrête, ce que nous pouvons savoir et, parfois, ce que nous devons savoir c'est ce qui s'arrête. Mais qu'en est-il alors du bord interne de cet arrêt ? Peut-on le situer ? L'identifier ? Et faut-il seulement le situer ou l'identifier ? Car si le propre de l'art (moderne) est de récuser ou de jouer avec le paradigme eschatologique, théologique ou heuristique du dernier mot, cela n'implique-t-il pas aussi que la fin n'a pas de début ? Ou que la fin est dans le début mais que l'on continue quand même, pour parler comme le Beckett de Fin de partie ? Pourtant, on sent toujours le « dénouement » arriver, et même dans cette pièce. D'où vient alors ce sentiment ? De toute une série de décrochages, comme le propose Guy Larroux dans Le Mot de la fin, décrochages qui inviteraient, selon lui, à une lecture à rebours des oeuvres ? C'est sur ces problématiques que se sont ouvertes les réflexions littéraires, philosophiques, cinématographiques et esthétiques du colloque sur « le début de la fin » qui s'est tenu à l'université de Paris 7 – Denis Diderot les 14 et 15 mai 2004.
Sommaire
Jonathan Degenève : « Déclosions »
Ouvertures
Guy Larroux : « Clausule, clôture, clé »
Christophe Bident : « Pour un début »
Poétiques d'écriture
Jean Vignes : « Pour en finir avec l'églogue et rentrer au bercail. Procédures de clausule dans les poèmes bucoliques de Virgile, Ronsard et quelques autres »
Bertrand Marquer : « Le Jardin des supplices d'Octave Mirbeau : problèmes de perspectives »
Katherine Anderson : « Le Passage de l'Opéra et « Le Passage de l'Opéra » : fins-métamorphoses »
David Uhrig : « Blanchot ou comment débuter la fin »
Sylvain Santi : « Finir ou ne pas finir »
Pierre-Louis Fort : « « Et ç'a été fini » : l'agonie de la mère de Simone de Beauvoir dans Une mort très douce »
Kaiko Miyazaki : « Début de la mort. Derniers écrits et travail d'acceptation de « la mort volontaire » au sein du Kamikaze Tokkôtai »
Correspondances
Anne-France Grenon : « Réflexions sur le début de la fin dans la correspondance de Jean-Jacques Rousseau »
Andrea Del Lungo : « Les Liaisons Dangereuses ou la fin indécidable »
Jean-Patrice Courtois : « Le début de la fin dans les Lettres persanes »
La parole en jeu
Maxime Pierre : « Les discours ont-ils une 'fin' ? Fonctions de la péroraison à Rome »
Sébastien Bianchini : « Floraison et dépérissement du récit. De la rhapsodie dans les Dialogues de Platon ».
De l'Histoire à l'histoire
Camille Dreyfus-le-Foyer : « Le début de la fin : réflexion sur la philosophie hégélienne de l'histoire »
Hedwig Marzolf : « Le jour du Jugement dernier. Essai d'une interprétation kantienne »
Le temps au cinéma
Jonathan Degenève : "Ce que provoque un mur"
Jacqueline Nacache : « « Not The End » : la clôture hollywoodienne face à l'histoire »
Claude Murcia : « Fin et son début : refus de l'histoire et risque d'anhédonie »