Territoire et/ou frontières?
Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel (UR H.L.L.I., EA 4030)
Centre d’Études et de Recherche sur les Civilisations et les Littératures Européennes
Espaces Humains et Interactions culturelles (EHIC, EA 1087), Université de Limoges
Colloque international et pluridisciplinaires : 5-6-7 novembre 2015
Depuis la découverte du Nouveau Monde de grands changements ont eu lieu dans l’espace, en l’occurrence dans l’espace géographique à la suite des grandes découvertes qui vont de pair avec un perfectionnement des instruments nautiques, de la cartographie, et finalement des moyens de communication et de transport. À l’apogée de la révolution industrielle, le changement se mesure en innovations scientifiques, seules garantes d’un mouvement illimité dans un espace considéré &&désormais comme fini. Carl Schmitt soulève la problématique quand il écrit : « Le mot grec pour la première mensuration qui fonde toutes les mesures ultérieures, pour la première prise de terres en tant que première partition et division de l’espace, pour la partition et la répartition originelles, c’est : nomos ». Cette observation a permis de jeter une lumière nouvelle sur la naissance de la modernité ainsi que sur ses représentations – même s’il ne faut pas perdre de vue la position idéologique de Schmitt, adepte du mouvement national-socialiste qui revendique le territoire pour son peuple.
Or, la mondialisation semble avoir mis fin non seulement aux frontières démarquant les territoires mais aussi aux concepts ayant donné lieu à des notions telles que la « géopolitique » ou l’« espace vital ». Longtemps, la stratégie internationale parut miser avant tout sur la conquête de marchés et l’espace dans lequel vivaient les individus fut considéré comme leur environnement (Umwelt). Ainsi, les frontières et les territoires semblaient être définitivement réduits à de simples entités abstraites – jusqu’au moment où l’attentat du 11 septembre 2001 fit renaître l’obsession d’une intégrité territoriale menacée par les forces anonymes de la nouvelle internationale du terrorisme. La percée de l’État islamique et le conflit en Ukraine autant que les mouvements indépendantistes en Écosse ou en Catalogne ont fini par faire renaître le spectre de la géopolitique, mettant non seulement en cause la mondialisation, mais une modernité dans la tradition des Lumières, basée sur des idées telles que la liberté individuelle et le progrès du genre humain.
En soulevant la question « territoire et/ou frontière ? », ce colloque pluridisciplinaire et international se fixe comme objectif de retracer les représentations de l’espace territorial et de ses limites depuis le chevalier du roman courtois en quête d’aventures traversant le paysage où il se trouve, entouré d’un horizon, jusqu’aux visions apocalyptiques caractéristiques de l’esthétique de ce début de nouveau millénaire – en passant par les images de la conquête du Far West, par l’idée d’une Mitteleuropa ou par celle d’un nouvel espace culturel comme celui de la Francophonie… Ces quelques exemples montrent que penser la frontière va toujours de pair avec une mise en question des limites de notre pensée, tout en assignant à celle-ci un lieu – ou un territoire – à la fois abstrait et concret.
Dans l’esprit de pluridisciplinarité, nous invitons littéraires, civilisationnistes, linguistes, historiens et historiens d’art, musicologues, juristes, théologiens, philosophes, scientifiques,… à présenter une proposition (titre provisoire, résumé de 5 lignes, laboratoire de rattachement, CV succinct d’une page maximum) d’ici le 10 décembre 2014 afin que puisse être déposée une demande de subvention auprès du Conseil Régional.
Jacqueline.Bel@univ-littoral.fr
Till.kuhnle@unilim.fr
Bâtiment Clocheville
Pôle de Recherche en Sciences Humaines
25, rue Saint-Louis
62200 Boulogne-sur-Mer
Tél. : 03.66.25.64.04