Tangence, n° 91, automne 2009 : Le dire-monstre
numéro préparé par Marie-Hélène Larochelle, Université York (Toronto)
Université du Québec à Rimouski - Université du Québec à Trois-Rivières, 2009, 144 p.
12$
Présentation de l'éditeur
Lorsque le texte parle monstre, les goûts littéraires deviennent dégoûts, pour accueillir ces oeuvres qui réinventent les conditions de la réception. Le « dire-monstre » définit la parole qui se gonfle, qui prend un souffle monstrueux, mais dont le dynamisme ne va pas sans une certaine répulsion. Cette image représente la réception de ces oeuvres dont la matière dérange, mais attire irrésistiblement le lecteur. Le « dire-monstre » provoque des réactions violentes. Cette forme de l'expression appelle le lecteur, et cette communication se fait à l'impératif. La réception de ces oeuvres repose en effet sur de nouvelles stratégies. L'attraction qu'exerce l'oeuvre monstrueuse suppose d'engluer le lecteur pour mieux retenir sa lecture. Le « dire-monstre » se fait baveux capt(ur)ant ainsi le lecteur. Le dégoût, lorsqu'il s'incarne dans la nausée, fait perdre « la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface ». Et cette émotion qui conduit au vertige de la perte est aussi celle que travaillent les oeuvres examinées dans ce dossier. En somme, une double dynamique se joue dans le présent collectif. D'une part, le regroupement des différentes analyses doit mettre en évidence une parenté entre les oeuvres étudiées et reconnaître ainsi une lignée monstrueuse. D'autre part, la présentation entend respecter les métamorphoses du « dire-monstre ». L'enjeu est ici de donner l'indice d'une nouvelle tradition du monstrueux. De fait, les corpus analysés — français, québécois et américain — ne sauraient circonscrire la matière du monstrueux moderne ou postmoderne, mais ils se présentent comme des modèles-types dont les voix monstrueuses permettent de rejoindre un corps autrement plus imposant.
Table des matières
5 Liminaire
Marie-Hélène Larochelle
11 Lieux et pragmatique de la monstruosité dans la prose narrative d'Éric Chevillard
René Audet
29 Parole de tête, parole de coeur. L'a-humain, l'immonde et l'humabestial
Fabienne Claire Caland
43 L'humain fait monstre chez Pierre de Sales Laterrière (1743-1815) et Jacques Grasset de Saint-Sauveur (1757-1810)
Bernard Andrès
67 La barbarie à visage humain : les tribus postmodernes
Michel Maffesoli
Hors dossier
81 Famille et filiation dans le théâtre expérimental de Noëlle Renaude
Yvonne Y. Hsieh
95 Figures du père dans le cinéma québécois contemporain
Lori Saint-Martin
Chronique
113 Les archives du vent (2)
Jacinthe Martel
137 Abstracts
141 Notices biobibliographiques