Essai
Nouvelle parution
T. Todorov, Le Triomphe de l'artiste. La révolution et les artistes. Russie : 1917-1941

T. Todorov, Le Triomphe de l'artiste. La révolution et les artistes. Russie : 1917-1941

Publié le par Université de Lausanne (Source : F. Brobeil)

T. Todorov

Le triomphe de l'artiste. La révolution et les artistes. Russie : 1917-1941

 

Date de parution : 14/02/2017 Editeur : Flammarion ISBN : 978-2-08-140473-1 EAN : 9782081404731 Format : Grand Format.

"La révolution russe a donné naissance au premier Etat totalitaire de l’histoire. Après avoir été nié avec virulence par une partie de l’opinion publique européenne, cet enchaînement fait l’objet d’un consensus assez général. Aucun courage particulier n’est nécessaire aujourd’hui pour évoquer les conséquences désastreuses de la révolution d’Octobre. Le constater est même à la source d’un certain orgueil : nos démocraties ont beau être imparfaites, se dit-on, elles sont quand même préférables aux régimes totalitaires – comme aussi aux théocraties ou aux dictatures militaires qui prospèrent ailleurs. Cette page de l’histoire n’est-elle pas, pour nous, définitivement tournée ? Le totalitarisme n’est-il pas bien mort et enterré, en tout cas dans nos contrées cette expérience infernale ne recommencera jamais ! Nous serons plus avisés que nos prédécesseurs, nous ne laisserons jamais s’installer un tel régime pernicieux. Nous sommes contents de vivre en démocratie, nous en sommes fiers, nous plaignons les autres, ceux qui en manquent, qui sont en retard dans la marche vers le bien. Alors, pourquoi revenir sur ce moment du passé, mérite-t-il encore l’attention des habitants des démocraties libérales de l’Occident ?

Si je me suis engagé dans cette évocation, ce n’est pas (seulement) parce que je trouve le destin de mes personnages émouvant ou parce qu’il forme des histoires dramatiques, ce n’est pas seulement par intérêt pour mon histoire d’ancien sujet d’un pays totalitaire, ou pour le passé de quelques proches plus âgés que moi ; c’est aussi parce que je pense que ce passé vieux de près d’un siècle qui s’est déroulé dans un pays disparu (l’Union soviétique) a quelque chose à nous apprendre à nous, citoyens du monde occidental du XXIe siècle. Or, affirmer cette possibilité de lecture, c’est admettre en même temps une certaine continuité ou ressemblance entre ces deux types d’Etat si différents, les régimes communistes du passé et les démocraties libérales du présent." T.T.

Voir le site du Monde qui publie un plus large extrait…

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Table des matières…

Grand connaisseur de l’Union soviétique, Tzvetan Todorov a passé sa vie à en démonter les rouages idéologiques par le prisme de la vie artistique et littéraire. Ayant fui la Bulgarie communiste en 1963 et trouvé asile en France, il commence sa carrière d’historien des idées en publiant en 1966 Théorie de la littérature, textes des formalistes russes traduits et recueillis par ses soins. Cette anthologie fut l’un des événements marquants de cette année-là, donnant ses lettres de noblesses à l’avant-garde littéraire. Sous la plume de Todorov, celle-ci incarne la résistance au Parti détruisant toute inspiration artistique individuelle, mais aussi la façon dont les artistes contraints par le pouvoir ont détourné la littérature, la Poétique qui deviennent politiques.

Cinquante et un an plus tard, Le triomphe de l’artiste se fait l’écho de ce premier texte. Cet essai synthétise un demi-siècle de recherches, approfondissant le regard de l’historien et du critique vers les artistes au sens large. Todorov explore les rapports difficiles, parfois ambigus, contraignants et par-là même féconds, entre les dirigeant politiques en Russie et ceux qu’il appelle les « artistes créateurs ».

Comment ces artistes ont-ils annoncé la révolution ? Comment, ensuite, ont-ils obéi ou échappé au discours soviétique officiel transformant en dogme le réalisme socialiste ? La pratique consistant à remplacer la réalité par un récit fictif a-t-elle engendré ou tué l’art ? Pour y répondre, Todorov se fait le peintre des destins les plus fameux de la sphère artistique russe : Maïakovski, Pasternak, Boulgakov, Mandelstam… Il traite la vie de chacun comme il conterait celle de personnages exceptionnels.

C’est le peintre Kasimir Malevitch qui incarne le mieux l’artiste face à l’idéologie du pouvoir et seul dans son désir de création : d’abord cadre du Parti, Malevitch a eu une carrière aussi riche que risquée, et Todorov montre à merveille comment l’inventeur du « suprématisme » et du premier Monochrome, engagé dans la vie politique, s’est retrouvé condamné unilatéralement à la fin de sa vie par un Parti qui ne lui trouvait plus d’utilité.

Le triomphe de l’artiste, c’est finalement cela : le peintre emprisonné, dont l’œuvre nourrit encore l’histoire de l’humanité alors que le Parti a disparu. C’est le pouvoir de l’art sur celui qui veut sa mort. Mais c’est aussi le triomphe de l’humanisme de Tzvetan Todorov, dont les derniers mots évoquent le retour de notre époque vers une idéologie  dangereuse pour les créateurs, mais gardent foi dans la liberté de l’esprit humain.

Contact presse : Francine Brobeil 01 40 51 31 29 fbrobeil@flammarion.fr

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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :

"Les arts rebelles de Staline", par C. Ruby.

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"La vertu formatrice des échanges", par Khalid Lyamlahy

"Comme le suggère le titre de ce recueil posthume, Todorov a été un passeur de vies et de lectures. Chez lui, non seulement la lecture et la vie vont de pair mais l’acte de lire accompagne, nourrit et donne sens à la vie du penseur. De sa jeunesse en Bulgarie à son parcours prolifique en France entre critique littéraire, sémiologie, histoire des idées et pensée humaniste, Todorov a fait de sa vie une invitation ouverte à la lecture et un exercice acharné de la transmission."