Luca Bevilacqua, Parole mancanti. L'incompiuto nell'opera di Mallarmé
Pisa, ETS, 2001.
Quatrième de couverture, traduite par l'auteur :
L'armature intellectuelle du poëme se dissimule et tient - a lieu - dans l'espace qui isole les strophes et parmi le blanc du papier : significatif silence qu'il n'est pas moins beau de composer, que les vers". Voilà ce que Mallarmé affirme dans une note à propos d'Edgar Poe. Mais que est-ce qu'il advient lorsque ce silence, cet espace qui reste blanc dans la page, n'est plus un choix délibéré du poète mais plutôt la marque de son échec ? Quel est la valeur des vides, des "paroles qui manquent" ("parole mancanti"), dans des oeuvres qui nous sont parvenues avec une forme inachevée et fragmentaire ?
Ce livre analyse les quatre projets principaux que Mallarmé n'a pas reussi à terminer : Igitur, le "Livre", le "Tombeau d'Anatole" et Hérodiade. A travers des parcours parallèles, mais différents aussi, le propos est celui de pénétrer une matière invisible à partir des traces (nombreuses et toujours complexes) représentées des textes et de la correspondance. On s'aperçoit alors que ces oeuvres inaccomplies nous parlent très directement de Mallarmé, de sa vie secrète de créateur et imaginatif incessant, de son rapport douloureux avec sa propre naissance et avec l'expérience de la mort. Comme si la parole poétique ne se serait jamais tue par "hasard", mais toujours par une nécessité, voir une impossibilité, à dire d'une façon achevée ce qui était essentiel.