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P. Flack, Structures temporelles dans la poétique des formalistes russes: répétition, accord, rythme, série du vers

P. Flack, Structures temporelles dans la poétique des formalistes russes: répétition, accord, rythme, série du vers

Publié le par Marc Escola (Source : Patrick Flack)

Référence bibliographique : Structures temporelles dans la poétique des formalistes russes: répétition, accord, rythme, série du vers, Kimé, 2013. EAN13 : 9782841746262.


A priori, le problème du temps ou de la temporalité ne figure pas en tant que tel parmi les thématiques qui ont particulièrement préoccupé les formalistes russes. À l’instar des théories structuralistes françaises auxquelles ils sont volontiers associés, les formalistes semblent en effet avoir opté pour une approche essentiellement synchronique de la littérature qui les a conduit notamment à proposer une définition de l’œuvre littéraire comme une somme de procédés (Chklovski, Propp). Ils ont certes agrémenté cette définition statique d’une théorie de l’évolution littéraire (Tynianov, Jakobson), mais le temps n’y apparaît d’abord que comme un simple cadre analytique, comme axe abstrait de la diachronie. Au sein même des œuvres, la temporalité est en général traitée comme un aspect purement formel et secondaire de la structure narrative. Malgré le rôle apparemment périphérique qu’elles attribuent au temps en tant que paramètre formel et secondaire de l’analyse littéraire, les théories formalistes présentent néanmoins aussi la trace de questionnements plus subjectifs et existentiels, à consonance tour à tour nietzschéenne, bergsonienne et husserlienne, qui accordent au temps un rôle bien plus riche et nuancé.

A partir des notions de répétition (povtor), d’accord (akkord), puis de rythme (ritm) et de série du vers (stichovoj rjad) qui surgissent respectivement dans les travaux sur le vers de Brik, Kouchner et Tynianov, on voit même se dessiner, de façon sous-jacente et intuitive mais tout à fait assumée, une importante réflexion sur le rôle de la temporalité non comme élément formel de l’analyse, mais comme facteur constitutif, voire même constructif et productif, autant du sens de l’œuvre poétique que de notre expérience esthétique de celle-ci. Chez les formalistes, les idées de système, de structure et même de sens se dynamisent, intégrant la dimension temporelle d’une façon inhabituelle pour le structuralisme français et ses dichotomies saussuriennes.