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7e journée d'études des Cahiers d'Études nodiéristes : Marie Mennessier-Nodier, Muse inspirée

7e journée d'études des Cahiers d'Études nodiéristes : Marie Mennessier-Nodier, Muse inspirée

Publié le par Université de Lausanne (Source : Cahiers d'Etudes nodiéristes)

Marie Mennessier-Nodier, Muse inspirée

Vendredi 20 janvier 2017, Université de Bourgogne

Septième journée d’études des Cahiers d’Études nodiéristes organisée par Jacques Geoffroy

(Université de Bourgogne – Centre Pluridisciplinaire Textes et Culture)

Date limite pour l'envoi des propositions: 31 octobre 2016

 

« Derrière chaque grand homme se cache une femme ». Si l’on applique ce mot de Gabriel-Marie Legouvé au cas de Charles Nodier, c’est le nom de sa propre fille qui s’impose assez naturellement : Marie. Elle vécut longtemps dans l’aura glorieuse de son célèbre père. Mariée à dix-neuf ans à Jules Mennessier, elle devint Madame Marie Mennessier, puis, à la mort de son père, Mennessier-Nodier, assumant son double patronyme marital et paternel. Marie ne souhaita jamais prendre de pseudonyme littéraire et elle sut toujours faire honneur à son nom de fille et de femme. Comme écrivain, elle figure régulièrement en bonne place dans les anthologies et les bibliographies du XIXe siècle, même si son nom est souvent malmené (Menessier, Ménessier ou Meunessier et même Nadier-Ménessier) et le titre de certaines de ses œuvres quelquefois estropié : Un vieux corps pour une jeune âme devient Un vieux corps pour un jeune âge, on lit Le ou Les au lieu de La Perce-neige, La pour Une croix d’or.

Sa jeunesse et son talent brillèrent de tous leurs feux au cours des réceptions organisées par Nodier au salon de l’Arsenal, où tous les habitués la consacrèrent Muse du lieu : « Notre-Dame de l’Arsenal », disait Hugo. Sa beauté et son éclat ont suscité les compliments de nombreux poètes ou artistes, comme en témoignent les trois albums personnels de Marie. Sur ce point, l’étude la plus complète et la plus récente est celle de Vincent Laisney : L’Arsenal romantique. Le salon de Charles Nodier (1824-1834), Paris, Honoré Champion, 2002. Marie Nodier doit donc être vue comme une véritable inspiratrice, dans la mesure où elle suscita quantités d’hommages (de la part de Hugo, Musset, Arvers, Fontaney…), hommages sans doute plus nombreux que sa propre création poétique. De nombreux artistes la choisirent aussi pour modèle : Gigoux, Devéria, Amaury-Duval, Hippolyte Masson, Boilly.

Inspiratrice donc, mais aussi créatrice inspirée. Musicienne, poétesse, nouvelliste, épistolière, mémorialiste : Marie Mennessier-Nodier s’illustra dans les genres les plus variés. Mais il reste que son œuvre demeure mal connue. D’une part, il est vrai qu’elle n’est guère volumineuse : construire une grande œuvre n’entrait pas dans ses desseins ni dans ses ambitions. D’autre part, sa production littéraire se trouve disséminée dans un grand nombre de journaux et revues ou bien associée et intégrée à des œuvres collectives. Dans quelques publications, les textes du père et de la fille sont placés côte à côte, comme s’ils restaient indissociables, la fille toujours dans l’ombre du père. Ses œuvres, généralement accueillies avec estime ou admiration de son vivant, sont un peu oubliées aujourd’hui.

Sa première œuvre : Mélodies romantiques (publiée en 1831) est signée du nom de « Madame Jules Mennessier, née Charles Nodier ». Elle y favorise la rencontre des talents et y fait dialoguer les arts : elle met en musique des poèmes de Hugo, Delavigne, Guttinguer, Rességuier… et ses partitions sont illustrées de dessins signés Devéria, Régnier, Tony Johannot ou Roqueplan… À propos de ces Mélodies romantiques, on lit dans Figaro, n° 348 du 15 décembre 1830 : « Les mélodies de la jeune et spirituelle artiste sont charmantes. […] Elles sont neuves, gracieuses, inspirées ; elles sont le produit d’une imagination jeune que la science n’a point guidée et torturée. »

En 1836, elle joue encore un rôle fédérateur, dans la réalisation d’un recueil collectif La Perce-neige. Elle y rassemble une cinquantaine de pièces inédites d’amis écrivains et poètes : Lamartine, Musset, Dumas, Mme Tastu, Marceline Desbordes-Valmore, etc. Un article de La Mode (janvier 1836) note : « Un chant de berceau de Mme Mennessier, intitulé modestement Pour endormir ma Fille, fait vraiment regretter que l’auteur ne se soit pas réservé plus de place dans ce livre ». La contribution de Marie Mennessier-Nodier se limite en effet à un seul poème et elle se présente modestement comme « le brin d’herbe qui serre le bouquet » de cette anthologie.

La relative discrétion de notre auteur est aussi due à ses choix éditoriaux. Délaissant les revues prestigieuses de premier plan investies par les hommes de lettres, elle préféra confier ses écrits à la nouvelle presse qui donnait la parole aux femmes ou qui s’adressait aux enfants : les Heures du Soir. Livre de femmes, le Livre rose : récits et causeries de femmes, la Bibliothèque d’éducation, le Journal des jeunes personnes, le Journal des femmes… Elle publia indifféremment dans la presse provinciale bien-pensante : la Gazette de Metz ou le Vœu national de Metz, aussi bien que dans un journal fouriériste : La Démocratie pacifiste. Enfin, après 1844, ses choix de vie, tournés vers sa famille, enfants, puis petits-enfants, l’ont tenue volontairement éloignée de la grande scène littéraire parisienne.

Sans nul doute, la biographie qu’elle consacre tardivement à son père : Charles Nodier : épisodes et souvenirs de sa vie (1867) est son œuvre principale et reste un document de première importance. « Ce livre, écrit avec une douce et sereine passion, d'un style un peu démodé peut-être, sera toujours consulté avec fruit par ceux qui voudront étudier et connaître le mouvement littéraire de la France à la fin de l'empire, sous la restauration et la monarchie de juillet », écrivait Aimé Lieffroy en 1895. Ces souvenirs (à compléter par des feuillets inédits restés dans les archives de la famille) sont à mettre en rapport avec la nombreuse correspondance que Mme Mennessier-Nodier ne cessa d’entretenir jusqu’à sa mort avec les anciens habitués de l’Arsenal.

Enfin, Marie Mennessier-Nodier appartient à cette génération de muses élégiaques, les filles spirituelles de Marceline Desbordes-Valmore : Louise Ackermann, Delphine de Girardin, Hermance Lesguillon, Élisa Mercœur, Anaïs Ségalas, Amable Tastu, Mélanie Waldor…, ces « poétesses dolentes du romantisme », comme les appelait Alexandrina Uittenbosch dans une étude de 1928.  Avec elles, Marie Mennessier-Nodier entretient des rapports étroits et réguliers et échange une correspondance fournie. Elle publie dans les mêmes journaux et participe aux mêmes ouvrages.

« Qui était Marie Nodier ? », se demandait Albert Fournier en 1980 dans les nos 614-615 de la revue Europe. Cette septième journée d’étude des Cahiers nodiéristes sera l’occasion de poursuivre cette interrogation et d’apporter quelques réponses nouvelles :

- Qu’est-ce qui fonde l’unité de cette œuvre éparse de vers et de prose ?

- Certaines œuvres – en particulier ses Mélodies romantiques – invitent à une approche pluridisciplinaire.

- Que nous disent de Marie Nodier les tableaux qui lui sont consacrés et les poèmes qui lui sont adressés ?

- Quels enseignements tirer de sa correspondance littéraire et privée ?

- Enfin cette journée d’études pourrait être aussi le moment de redécouvrir, autour de Marie Nodier, l’une ou l’autre de  ces femmes de lettres qui se sont illustrées à partir des années 1820-1830.

Les propositions de communications (d’une durée de 30 mn) doivent être envoyées avant le 31 octobre 2016 aux adresses suivantes : cahiers.nodieristes@yahoo.fr ou geoffroyj@wanadoo.fr.