Le Centre Hermogène (Centre dHerméneutique littéraire) de lUniversité Libre de Bruxelles (dir. Madeleine Frédéric) a le plaisir de vous inviter à la deuxième séance du séminaire consacré à « La notion dévénement en sciences humaines » (séminaire « Albert Henry ») qui se tiendra, dans le cadre du D.E.A. en Herméneutique littéraire, le vendredi 13 décembre, à 14 heures, en la salle UB2. 141(Campus du Solbosh ; 50, Avenue F.D. Roosevelt 1050 Bruxelles).
Dores et déjà, nous signalons que ce séminaire sintègre dans un projet de collaboration inter-universitaire intitulé « Littérature et événement ». Mené conjointement par lULB, luniversité de Toulouse-Le Mirail (UTM ; responsable : Didier Alexandre) et luniversité de Rennes II (UR ; responsable : Michèle Touret), ce projet vise à lorganisation de journées détude (20 mai 2003, à lULB ; novembre 2003, à lUTM) et dun colloque « Jeunes chercheurs » (mars 2004, à lUR) sur lécriture de lévénement dans le texte littéraire (narratif et poétique) mais aussi sur ce qui fait événement dans le champ littéraire.
Ce vendredi 13 décembre, nous aurons le plaisir découter Michèle Touret (Professeur de littérature à lUniversité de Rennes II) et Laurent Quinton (Étudiant doctorant à lUniversité de Rennes II, en séjour « Erasmus » à lULB). Ci-dessous figurent les titres, résumés et indications bibliographiques que nous ont fournis les intervenants.
1) Laurent QUINTON, Raconter ce qui ne se passe pas : à propos de Georges Hyvernaud
Résumé : La captivité des officiers de larmée française en Allemagne durant la Seconde guerre mondiale se caractérise surtout par lennui quelle suscita. Que raconter lorsquil ne se passe rien, lorsque lévénement de la captivité se perd dans les marais du non-événement ? Comment dire lessentiel de la captivité, lorsque celui-ci est innommable ? Comment dire le rien de la captivité quand pour cela il faut entrer en concurrence avec le Rien des récits du génocide et laction des récits de résistants ?
Bibliographie indicative (les références précédées dune astérisque sont disponibles à la bibliothèque des sciences humaines) :
Textes étudiés :
· Georges HYVERNAUD, La Peau et les os, Paris, éd. du Scorpion, 1949 ; réed. Pocket, 1998.
· Georges HYVERNAUD, Carnets doflag, Paris, éd. Le Dilettante, 1999.
· Raymond GUERIN, Les Poulpes, Paris, Gallimard, 1953 ; réed. Le Tout sur le Tout, 1983.
Outils :
· *Giorgio AGAMBEN, Ce qui reste dAuschwitz Larchive et le témoin. Homo Sacer III, Payot, coll. « Bibliothèque Rivages », 1999 [réflexions autour de la figure du « musulman » du génocide juif].
· Jacques DERRIDA, Demeure. Maurice Blanchot, Paris, Galilée, coll. « Incises », 1998 [réflexion sur lacte
de témoigner et sur la parole du témoin].
· *Paul RICOEUR, Temps et récit, t. 1, Lintrigue et le récit historique, Paris, Le Seuil, coll. « Points Essais », 1983.
« Résonances » :
· *Robert ANTELME, LEspèce humaine, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1957.
· *SAINT AUGUSTIN, Les Confessions, Paris, GF, 1969.
· *Claude LANZMANN, Shoah, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1997.
· *Primo LEVI, Si cest un homme, Paris, Pocket, 1990.
2) Michèle TOURET, La Main coupée de Blaise Cendrars, actualité dune uvre « inactuelle »
Résumé : Blaise Cendrars commence La Main coupée immédiatement après avoir envoyé LHomme foudroyé à son éditeur, en 1944. Luvre paraît en 1946. Est-ce le temps de rappeler la guerre de 1914-1918, alors que ces deux années voient tout dabord des lueurs despoir, puis la Libération et la fin de la guerre, mais aussi les explosions atomiques au Japon ? Luvre est inactuelle, délibérément. Elle sera dailleurs moins bien reçue que le premier volume. Quel est le rapport à lévénement, aux événements, quelles en sont les représentations ? Quelles sont les limites que rencontre et que dessine lécrivain pour composer et raconter ses « souvenirs » de guerre ? Quelles conceptions du temps construisent une vision de lévénement telle quil échappe à la définition ? On abordera non seulement lanalyse de luvre elle-même mais on sarrêtera aussi sur les projets antérieurs et postérieurs qui nont pas abouti à une publication pour cerner une uvre qui se fonde sur une quasi élision des événements actuels et trouve une formule nouvelle pour les récits de guerre (ceux de la Première Guerre mondiale) qui appartiennent à une autre époque. Dernier paradoxe, et non des moindres : des ouvrages récents font de La Main coupée un des plus forts récits sur la Première Guerre mondiale, semblant ainsi oublier que plus de vingt ans se sont écoulés.
Bibliographie :
Blaise Cendrars, La Main coupée, éd. Denoël, « Tout autour daujourdhui », vol. 6, 2002, texte établi, présenté et annoté par Michèle Touret
Philippe Dagen, Le Silence des peintres, les artistes face à la Grande Guerre, Fayard, 1996
Carine Trévisan, Les Fables du deuil, PUF, Perspectives littéraires, 2001
Paul Ricoeur, Temps et récit, I, II, III, Le Seuil, 1983-1985
Vous êtes, toutes et tous, les bienvenu(e)s,
Madeleine Frédéric
Sabrina Parent
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"Tout fait événement / pour qui sait frémir"
Jean Follain