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Séminaire "Politiques des sciences": La connaissance comme bien commun

Publié le par Marielle Macé

École des Hautes Études en Sciences Sociales
Séminaire « Politiques des sciences » 2010-2011Dixième séance: La connaissance comme bien commun
"Lorsque la communauté scientifique se mobilise : esprit de corps et défense des
conditions d'exercice du métier de production et transmission des connaissances
en tant que bien commun"


Jeudi 28 avril de 17h à 20 h, 190 Avenue de France, salle du Conseil A, R-1
Intervenants (dans l'ordre de prise de parole) :
- Alain Trautmann (ex-porte-parole du collectif SLR) : « SLR (Sauvons la Recherche), du collectif à l'association (2004-5) » ;
- Anne Saada (SLR) : « SLR aujourd'hui » ;
- Annick Kieffer (ex secrétaire générale SNTRS-CGT):«Syndicats et collectifs: une collaboration possible »
- Jean-Louis Fournel (membre du CA de SLU, ex président de SLU) : «Des universitaires face à la loi LRU : la création imprévue de SLU»
- Jérôme Valluy : "2009-2012 : la défense des libertés universitaires, de la CNU (coordination nationale des universités) au CNU (conseil national des universités) » ;
- Jean-François Bayart : « les raisons qui ont conduit à la constitution d'une association internationale « Chercheurs Sans Frontière », pour la défense de la liberté de penser et de chercher dans le monde » (titre provisoire)
Modérateur : Michel Barthélémy

Depuis le début des années 2000 un certain nombre de mobilisations de la communauté scientifique suscitées par telle ou telle mesure gouvernementale touchant à l'enseignement supérieur et à recherche ont donné lieu à la formation de collectifs. En 2003, le projet de loi d'orientation et de programmation pour la recherche et l'innovation (LOPRI) du gouvernement Raffarin donne lieu à un mouvement important en 2004, qui conduit à la création du collectif Sauvons La Recherche ! (SLR) En 2007, la loi Libertés et Responsabilités des Universités, se traduit par la création du collectif Sauvons L'Université ! (SLU). 2009 connaît un mouvement d'ampleur inédite contre deux dispositifs de la loi de 2007 portant sur le statut des enseignants-chercheurs et la réforme de la formation des enseignants du secondaire. La Coordination Nationale des Universités, née à cette occasion d'une initiative d'enseignants-chercheurs de Paris-1 et étendue à l'échelle nationale, joua un rôle important dans cette mobilisation. Plus récemment, en 2011, une association a vu le jour. Appelée Chercheurs Sans Frontière, elle a mis l'accent sur la défense de la liberté de penser et de chercher à travers des actions de solidarité auprès de scientifiques menacés dans leurs activités dès lors que celles-ci sont considérées comme importunes pour une raison ou pour une autre par les pouvoirs en place.
Quels ont été les éléments déclencheurs qui ont favorisé la constitution de ces modes d'organisation de l'action collective situés en dehors des syndicats ? A quelles attentes particulières ces collectifs ont-ils voulu répondre que les organisations de défense traditionnelles des personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche n'abordaient pas ? Quelle place ces instances largement informelles au départ ont-elles pu trouver dans le paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche et dans l'espace de l'action collective? Sur le plan des raisons d'agir, comment passe-t-on d'un statut d'analyste du monde social à celui d'observateur engagé qui s'efforce de peser sur le traitement public de questions importantes concernant la profession, son activité et sa mission dans la société ? Par ailleurs, en ce qui concerne l'engagement dans ce type d'action, où s'arrête l'expression de la position informée d'un praticien du domaine évoqué et où commence celle du militant d'une cause ? Plus fondamentalement, à quelles conditions une action collective pourrait-elle sortir des cadres de description formatés du discours publico-médiatique pour apparaître pour ce qu'elle est, c'est à dire l'émergence d'une problématique suscitée par l'examen d'une situation jusqu'ici non prise en compte pour elle-même ?
Ce sont quelques-unes des questions que la séance pourrait aborder.

Comptes-rendus et fichiers audio des séances de l'année 2009-2010 et des séances précédentes de l'année en cours sont disponibles surhttp://pds.hypotheses.org

Et après ?

Onzième séance - Vendredi 06 mai 2011, de 17h à 20h, Dijon, Université de Bourgogne, IUT, amphi 1 (programme des journées d'étude ; plan du campus et accès ; plan de l'IUT)

Sciences et société : un impératif démocratique ?

Intervenants :

Jean-Michel Fourniau, Sociologue, directeur de recherche au département économie et sociologie des transports de l'Institut français des sciences et des technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR-DEST), et responsable de la plate-forme interdisciplinaire Participation du public aux processus décisionnels et recherche Transport (PFI Débat public) (http://concertation.hypotheses.org/). Il est également membre du Groupe de sociologie pragmatique et réflexive de l'École des hautes études en science sociale (GSPR, EHESS) dirigé par Francis Chateauraynaud. En 2009, il a créé le Groupement d'intérêt scientifique "Participation du public, décision, démocratie participative" (http://www.participation-et-democratie.fr/). Il en est le directeur, Patrice Duran en assurant la présidence pour le compte du CNRS, et Loïc Blondiaux la présidence du Conseil scientifique.

Lionel Larqué, physicien de formation, administrateur de la fondation Sciences Citoyennes (http://sciencescitoyennes.org/), membre du Groupe 38, membre du secrétariat international du Forum Mondial Sciences et Démocratie (FMSD) (http://www.sdwf-fmsd.org/).

Modérateur : Michel Barthélémy

L'examen de la question de savoir dans quelle sorte de démocratie nous vivons précisément peut utilement se conduire en s'attachant aux dispositifs mis en oeuvre pour reconnaître aux citoyens une place de partenaire, à côté des experts, des pouvoirs publics et des représentants des intérêts privés dans les processus de décision touchant à des questions ayant des incidences sur la vie quotidienne des populations. Au-delà des points précis sur lesquels ces dispositifs s'appliquent, on peut s'interroger sur le changement de société que pourrait inaugurer le passage de la démocratie autoritaire à laquelle nous aurions affaire aujourd'hui, à la démocratie participative et délibérative dont semblent être porteuses les initiatives de la société civile en matière de participation à des choix concernant des sujets impliquant la collectivité nationale et au-delà et caractérisés par leurs retombées incertaines.

Jean-Michel Fourniau abordera la question de savoir en quoi l'ouverture des processus d'expertise à la société a-t-elle transformé à la fois la manière dont les agences publiques d'expertise mènent leurs activités, et les conditions de l'enquête en sciences sociales dans les différents domaines du risque ? Dans quel sens cette modification s'est-elle réalisée et avec quels résultats sur le processus d'élaboration de la connaissance partagée sur les questions en examen et sur la prise de décision collective ? Le cas des nanotechnologies servira principalement d'appui à cette analyse.

Sous le titre « Aux origines du processus de mondialisation néolibérale – la transformation de la nature de la connaissance », Lionel Larqué consacrera son intervention à une analyse des sciences citoyennes qui émergent des relations croissantes entre acteurs sociaux et scientifiques et qu'il présentera en contraste avec la situation aujourd'hui prévalente de la recherche publique qui se trouve progressivement asphyxiée financièrement et de plus en plus placée sous la férule de l'agenda politique et le contrôle des intérêts économiques et financiers privés jusque dans son organisation même.