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Scénographie des cinq sens dans le texte romanesque (XIXe-XXe siècles)

Scénographie des cinq sens dans le texte romanesque (XIXe-XXe siècles)

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Jean-françois Richer)

 

NeMLA 2009, Boston, MA

February 26 — March 1st, 2009

 

Scénographie des cinq sens dans le texte romanesque (XIXe-XXe siècles)

 

Le texte romanesque convoque de manière spectaculaire tous les degrés de la sensorialité humaine : personnages et narrateurs voient, espionnent, surveillent, goûtent, mangent, dévorent ; la main rencontre l’objet, le tâte, l’apprécie, l’oreille tendue, comme celle d’Emma, entend « les cloches de Tostes sonner au loin » et le nez des conquérants du boudoir doit démêler de brillantes mises en scène olfactives. Le conflit moderne que raconte le roman, celui qui oppose l’individu et le monde, se négocie par les cinq sens.

 

Or comment le roman traduit-il les multiples pôles binaires qui organisent les modalités sensorielles ? Comment le roman déploie-t-il, par exemple, les sens de la socialité (typiquement la vue et l’ouïe, liées à l’exercice du langage) contre ceux de la survie (le goût, l’odorat, le toucher) ? Quelle mise en scène pour les sens dit « de proximité », les sens qui décodent le proche et l’immédiat, par rapport à ceux qui captent la distance, scrutent le lointain (la vue et l’audition) ? Comment le roman oppose-t-il les sens physiques (toucher, voir, entendre) aux sens chimiques (goûter, sentir), les sens volontaires (toucher, voir, goûter) aux sens involontaires (entendre, sentir) ?

 

Les travaux de cette séance s’intéresseront donc à la mise en scène des cinq sens et chercheront à révéler leurs fonctions romanesques. À quoi servent, par exemple, les mises en scènes olfactives dans les alcôves parfumées, quels discours d’évitement produisent-elles ? Comment le roman transgresse-t-il les limites entre les usages sensoriels acceptables et les usages tabous ? Si les scènes de repas et le rôle du regard ont déjà fait l’objet de nombreuses analyses (pensons aux récentes Écritures du repas : fragments d'un discours gastronomique, édités par Karin Becker, Lang, 2007), plusieurs questions liées à la sensorialité méritent d’être explorées : on s’intéressera, notamment, aux manducations étranges, inopinées, licencieuses, non strictement liées à la restauration du corps (mâcher des fleurs en présence de l'être aimé, comportement qui symbolise la fulgurance du désir érotique, est, par exemple, un topos fréquent dans le roman du XIXe siècle). On analysera tout ce qui relève du dérèglement, de l’atrophie ou de la démultiplication des sens et de leur emploi comme vecteur narratif ; pensons à la cécité comme thème et comme dispositif romanesque (comment faire voir par/la non voyance ?), aux machines démultiplicatrices, notamment à l’impact sur le genre romanesque de la téléphonie, « l’entente au loin », de la télévision, le « voir au loin ».

 

On pourra aussi s’interroger sur l’emploi des sens comme embrayeurs narratifs (comme ce recours à « l’entendre » que le roman empruntera au théâtre ; on pense à Polonius, dans Hamlet, qui dit au roi : « Je l’entends qui vient. Cachons-nous, bon sire ») et sur la valorisation croissante du sens de la vue au sein d’une société fondée sur l’écrit. Enfin, les communications voudront explorer toutes les évolutions et les distributions sociales, génériques (dans un roman donné, l’olfaction masculine remplie-t-elle les mêmes fonctions que l’olfaction féminine ?), physiologiques, politiques et historiques des usages sensoriels mis en scène dans le texte romanesque.

 

 

 

Prière d'acheminer un résumé (250-500 mots, in French or English), avant le 1er octobre 2008 à jfricher@ucalgary.ca ou par courrier : Jean-François Richer, Assistant Professor, Department of French, Italian and Spanish, University of Calgary, 2500 University Drive N.W., Calgary, AB, T2N 1N4, Canada.