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« Rupture et tradition dans la création artistique : rôle et place de lirrationnel »
(du premier Romantisme allemand à Guernica)
Colloque organisé par le Centre de Recherches Interférences culturelles européennes , Faculté des Lettres de lUniversité de Bourgogne, 2 boulevard Gabriel, 21000 Dijon.
« Rupture et tradition », voilà un couple bien traditionnel lorsque lon sintéresse un tant soit peu à lhistoire des lettres et des arts. Que lon songe par exemple à lessai dOctavio Paz Los Hijos del limo (les enfants du limon, 1974), traduit sous le titre Point de convergence. Du romantisme à lavant-garde (Gallimard, 1976). Outre que les expressionnistes se sont directement inspirés de lentreprise romantique pour fonder la revue Der Sturm, la lecture de louvrage dOctavio Paz nest pas étrangère au choix de la période assez large sur laquelle nous souhaitons travailler : du premier Romantisme allemand à 1937 -parce quil paraît a priori raisonnable de considérer quaprès Guernica, la Shoah et Hiroshima, les modalités de la « rupture » ne sont plus les mêmes.
Des ruptures, il en est dindividuelles et de collectives ; et lon se gardera bien de restreindre le propos dans un sens ou dans lautre. Ce qui nous intéresse est plutôt le constat que les individualités qui ont fait rupture ont très souvent fondé leur démarche artistique sur un appel à lirrationnel, même lorsque la conscience de la rupture par rapport à la tradition était rationnellement construite -Rimbaud écrit par exemple quil faut « se faire voyant » alors même quil est à la recherche dune « langue poétique », car le poète doit se trouver « en avant ». Constat redoublé par le fait que les écoles, courants et mouvements artistiques novateurs ont clairement défini leur projet tout en mettant laccent sur le rôle moteur de lirrationnel dans leur recherche : que lon se souvienne de lavant-garde expressionniste et du Spirituel dans lart de Kandinsky ; ou encore dEisenstein cherchant à « labourer linconscient du spectateur » alors que le montage est une pratique on ne peut plus rationnelle).
À partir des exemples cités ci-dessus, on comprend bien que le rapport de lirrationnel à linnovation artistique ouvre plusieurs questions
-autour du rôle de lirrationnel : sagit-il de lutiliser, de linstrumentaliser pour « manipuler » le récepteur? Sagit-il au contraire de sappuyer sur cette part dirrationnel inhérente à toute création novatrice parce que ce qui est de lordre de la rupture est précisément ce que lon ne saurait circonscrire à laide de la raison théorique?
-autour de la place de lirrationnel : sagit-il dun point aveugle vers lélucidation duquel tendrait la pratique artistique, voire sa théorisation? Sagit-il dune présence préalable constatée qui motiverait le geste créateur? Sagit-il dun but à atteindre? Sagit-il dun frein à la recherche esthétique, ou encore dune mise en évidence de la limite à laquelle se heurte lentreprise davant-garde?
Il nous semble intéressant de traiter ces différents axes au cours du colloque, ne serait-ce que pour se demander quels liens ils entretiennent.
Aspiration à lirrationnel -à un irrationnel parfois paradoxalement bien délimité-, reconnaissance dun rôle moteur de lirrationnel, tentative de cadrage dune entreprise par la mise en évidence de la part dirrationnel qui échappe, refus de lirrationnel, tentation dune rupture radicale qui échapperait même à lirrationnel... sont autant de postures de lartiste, ou du groupe défini par ses manifestes, que lon peut interroger en littérature, peinture, sculpture, musique et cinéma. Et il sera bien venu, chaque fois que cela sera possible, de confronter pratique artistique et théorisation, en distinguant bien sûr la théorie du créateur de celle de la critique, la théorisation contemporaine de la pratique de celle construite après coup.
Plusieurs types denjeux se dégagent dun tel projet :
-la comparaison de pratiques artistiques de la rupture dans différents domaines : littérature, peinture, sculpture, musique, cinéma ;
-lévaluation du rôle joué par lirrationnel dans la dialectique entre rupture et tradition, qui pourrait elle-même déboucher sur une (ou plusieurs) interrogation(s) quant à larrière-plan idéologique de ces mouvements dits novateurs esthétiquement ;
-et dautres que les futurs participants nous indiqueront...
Vos propositions de communications sont à adresser à lun des membres du comité scientifique avant le 1er octobre 2003.
Comité scientifique :
-Marjorie Berthomier, Université de Paris V ;
6, Villa du Parc, 75019 Paris ; ou marjberthomier@hotmail.com
-Antonio Dominguez-Leiva, Faculté des Lettres de Dijon, Université de Bourgogne ; 11bis, boulevard Carnot, 21000 Dijon ; ou adleiva@hotmail.com
-Sébastien Hubier, Faculté des Lettres de Dijon, Université de Bourgogne ;
60, rue des Moissons, 51000 Reims ; ou sebastienhubier@aol.com
-Isabelle Krzywkowski, Faculté des Lettres de Reims, Université Champagne-Ardennes ; 48, rue Lautréamont, 93300 Aubervilliers ; ou isabellekrz@hotmail.com
-Pascal Vacher, Faculté des Lettres de Dijon, Université de Bourgogne ;
78, rue Claude Bernard, 75005, Paris ; ou vacher.pascal@wanadoo.fr
Toutes les questions ou suggestions concernant lorganisation matérielle du colloque sont à adresser à Pascal Vacher, 78 rue Claude Bernard, 75005 Paris, ou vacher.pascal@wanadoo.fr .