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Romanciers populistes

Romanciers populistes

Publié le par Natalie Maroun (Source : François Ouellet)

Appel à contribution

Romanciers populistes

Autour et à la suite du Manifeste du roman populiste (1930) de Léon Lemonnier

Le Manifeste du roman populiste (La Centaine, 1930) et Le populisme (Renaissance du livre, 1931) de Léon Lemonnier fondèrent la naissance du mouvement populiste. Le Manifeste avait été précédé d'articles de Lemonnier dans L'Oeuvre (« Un manifeste littéraire », le 27 août 1929), La Revue mondiale (« Du naturalisme au populisme », le 1er octobre 1929) le Mercure de France (« Le roman populiste », le 15 novembre 1929) et devait beaucoup à André Thérive, dont le « Plaidoyer pour le naturalisme » dans la revue Comoedia (le 3 mai 1927) était déjà une sorte de pré-manifeste du populisme. Il faut pourtant préciser que le populisme n'a jamais voulu pour autant se constituer en véritable « école littéraire ».

Héritier lointain du naturalisme, le populisme de Lemonnier et de Thérive entendait prendre ses distances avec Zola, à qui il préférait Maupassant et Huysmans ; mais son véritable ancêtre serait le roman picaresque : « Les romanciers picaresques ont peut-être déjà fait ce que nous voudrions tenter. Un picaro, c'est un gars du peuple qui roule sa bosse de ville en ville, tâchant de se débrouiller et de trouver la combine », écrit Lemonnier. Dans le Manifeste, Lemonnier positionne le populisme contre le roman bourgeois et le roman psychologique ou nombriliste d'après-guerre, qui exaltait une « littérature d'inquiétude et de débilité, un style de jeunes bourgeois qui, rejetés dans leur vie plate après une période d'action brutale et de danger quotidien, cherchaient à se chatouiller l'âme pour se faire frissonner ». Le populisme avait l'ambition essentiellement de peindre la vie du peuple, sans doute, mais plus encore de « faire vrai » et de porter une attention accrue à l'étude de la réalité, sans écart de style et en dehors du scientisme primaire de Zola.

Le populisme eut une importance indéniable dans les années 1930. De manière plus large, il participait aux tendances d'une écriture de gauche, échiquier sur lequel se positionnent à la même époque les écrivains communistes, Paul Nizan et Louis Aragon en tête, et les écrivains de l'école prolétarienne d'Henry Poulaille et de Marc Bernard, à laquelle étaient associés des romanciers qui recevront le prix populiste, par exemple Tristan Rémy et Jean Pallu. En 1931, Antonine Coullet-Tessier devait créer le Prix Populiste, dont le premier récipiendaire sera L'hôtel du Nord d'Eugène Dabit. Léon Lemonnier créa un salon populiste annuel qui regroupait des romanciers et des peintres de l'éphémère école de Montmartre. La veine populiste était assurément dans l'air du temps au tournant des années 1930 : bien au-delà du cercle de romanciers dont Lemonnier revendiquait l'appartenance au populisme, nombreux (et malgré eux) ont été les écrivains dont les oeuvres devaient momentanément croiser les préoccupations populistes, qu'il s'agisse d'un Jean Prévost (Les frères Bouquinquant, Gallimard, 1930) ou d'un Pierre Bost (Porte-Malheur, Gallimard, 1932).

Le Manifeste identifie comme populistes Louis Chaffurin, Louis Guilloux, Céline Lhotte, Louis-Jean Finot. À ces noms il faut ajouter ceux de Léon Frapié, Luc Durtain, André Chamson, Marcel Berger, Gabriel Reuillard. La revue L'Oeuvre dressa une liste soi-disant complète mais sans doute quelque peu abusive des écrivains populistes : on y trouvait, outre ceux déjà mentionnés, les noms de Gabriel d'Aubarède, André Baillon, Roland Charmy, Raymond D'Étiveaud, Jean Gaument, Camille Cé, René-Léon Gauthier, Marion Gilbert, Claire Goll, Julien Guillemard, Joseph Jolinon, Frédéric Lefèvre, Marmouset, Gabriel Maurière, Suzanne Normand, Élie Richard, le jeune Rosny, Antonin Seuhl, Pierre-René Wolf. À cette liste, on pourrait encore ajouter José Germain, Marius Richard, Henri Pollès, Thyde Monnier et quelques autres.

 

L'objectif de ce dossier est de regrouper un ensemble d'études portant sur l'oeuvre de romanciers dits populistes. De manière plus précise, nous souhaiterions que la réflexion prenne acte au moins en partie des conditions d'écriture du populisme, de ses présupposés esthétiques, de la filiation dont l'oeuvre étudiée participe, etc., autant de traits susceptibles de documenter l'émergence, la fortune ou l'échec, c'est selon, du mouvement populiste.

 

Ce dossier, sous la direction de François Ouellet et Véronique Trottier (Chaire de recherche du Canada sur le roman moderne à l'UQAC), sera publié dans la revue Études littéraires :

http://www.etudes-litteraires.ulaval.ca/index.php

Proposition d'article à envoyer à : francois_ouellet@uqac.ca avant le 9 janvier 2012

Date de tombée des articles : 1er juillet 2012.