Questions de société
Rions un peu :

Rions un peu : "Mme de Pecqueresse et M. de Sarquise", "Cyrano avec nous", "Tartuffe à l'Université", "Hugo ou presque", "Hypertrichose palmaire", "Plume à l'université", etc.

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Edmond Rostand, Molière 2009 et alii)


Illiteratus rex quasi asinus coronatus est
« Un roi illettré est comme un âne couronné »
(Jean de Salisbury, Policraticus, 2e moitié du XIIe siècle)


Sur cette page:

  • Mme de Pecqueresse et M. de Sarquise. Un pastiche signé Jean-Philippe Grosperrin.
  • Phédresse, tragédie, pastiche de J.-Ph. Grosperrin
  • Cyrano avec nous et vive les mirlitons ! (Blog P12 en lutte)

  • Tartuffe à l'Université, ou le décret hypocrite (V, 3) (neoprofs.org)

  • « Hypertrichose palmaire », lettre d'une grosse feignasse à Madame la Ministre (www.lagrossefeignasse.blogspot.com)
  • Une aventure inédite du Petit Nicolas (La grosse feignasse)
  • Hugo ou presque

Plume à l'université, par H. M. 

 Ubu Re-roi, pièce d'actualité, en attente de mise en scène.

+ Sottie a neuf personnaiges. Sottie d'inspiration médiévale, mise en scène à Toulouse ces dernières semaines. À télécharger aussi bas de cette page (doc. joint) dans une version plus complète (pdf).

  • Le Président  et le  Ministre
  • Le Président  et le  Ministre (Acte II - suite par un autre auteur)

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Mme de Pecqueresse et M. de Sarquise

 Un pastiche signé Jean-Philippe Grosperrin.

La magnificenceet l'économie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernièresannées du règne de Nicolas premier. Ce prince était galant, mobile et amoureux; quoique sa passion pour la vitesse eût commencé il y avait plus de vingt ans,elle n'en était pas moins violente, et il n'en donnait pas des témoignagesmoins éclatants. […]

Il parut alorsune réforme à l'université, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doitcroire que c'était une réforme hasardeuse, puisqu'elle donna de l'indignationdans un lieu où l'on était si accoutumé à en voir de belles. Elle était de la mêmemaison que l'ocde et une des plusgrandes aventurières de France. Son père était introuvable, et l'avait laisséesous la conduite de Mme de Pecqueresse, dont le bien, la vertu et le mérite étaientextraordinaires. Après avoir perdu le temps à lire les oeuvres de monsieurGoethe et de monsieur Derrida, elle avait passé plusieurs années sans revenir àla cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à la formation de safille, mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté,elle songea aussi à lui donner de la performance et à la lui rendre aimable. Laplupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de l'universitédevant les jeunes personnes pour les en éloigner. Mme de Pecqueresse avait uneopinion opposée, elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'université ;elle lui montrait ce qu'elle a d'agréable pour la persuader plus aisément surce qu'elle lui en apprenait de dangereux, elle lui contait le peu deproductivité des professeurs, leur incurie et leurs prés carrés, les malheursscientifiques où plongent les recrutements ; et elle lui faisait voir,d'un autre côté, quelle prospérité suivait la vie des ressources humaines, etcombien la lru donnait d'éclat etd'évaluation à une personne qui avait de la docilité et de la performance, maiselle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver ces vertus,que par une extrême défiance des autres et par un grand soin de s'attacher à cequi seul peut faire le bonheur d'un chercheur, qui est d'aimer son président etd'en être caressé.

* * *

Elle passa tout le jour chez elle à se réformer, pour setrouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au PalaisUniversitaire. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le balcommença et, comme elle dansait avec M. de Sarquise, il se fit un assez grandbruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait et à qui onfaisait place. Mme de Pecqueresse acheva de danser et, pendant qu'ellecherchait des yeux quelqu'un du comité de sélection qu'elle avait dessein deprendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vitun homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que M. de Secours, qui passaitpar-dessus quelques décrets pour arriver où l'on dansait. Ce prince était faitd'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on nel'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris des'autonomiser, augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne,mais il était difficile aussi de voir Mme de Pecqueresse pour la première foissans en avoir un grand étonnement.

M. de Secours fut tellementsurpris de sa lru que, lorsqu'ilfut proche d'elle et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher dedonner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'élevadans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu'ilsne s'étaient jamais lus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voirdanser et se jauger sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent finisans leur donner le loisir de parler à personne et leur demandèrent, s'ilsn'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient et s'ils ne s'en doutaientpoint.

– Pour moi, madame, dit M.de Secours, je n'ai pas d'incertitude, mais comme Mme de Pecqueresse n'a pasles mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître,je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon rang.

– Je crois, dit Mme ladauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.

– Je vous assure, madame,reprit Mme de Pecqueresse, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne réformepas si bien que vous pensez.

– Vous réformezfort bien, répondit Mme la dauphine, et il y a même quelque chose d'obligeantpour M. de Secours à ne vouloir pas avouer que vous l'évaluez sans l'avoirjamais lu.

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Un pastiche signé  Jean-Philippe Grosperrin

Et aussi:

Phédresse, tragédie, pastiche de J.-Ph. Grosperrin:


PERSONNAGES
Phédresse, fille de Minos et de Maniphaé
Hydarcos, ministre du temple de Sarkos



PHÉDRESSE.
N'allons point plus avant, demeurons, Hydarcos.
Je ne me soutiens plus : je sens qu'il y a un os.
Mes yeux sont offensés de la fronde où je voi
Les enseignants-chercheurs se soustraire à ma loi.
Hélas !
(elle s'assied et fouille dans son sac)

HYDARCOS.
Dieux des Enfers, que nos pleurs vous apaisent !

PHÉDRESSE.
Que ce vain parlement, que ces motions me pèsent !
Quelle importune main, en formant tous ces noeuds,
S'ingénie sur mon front à dresser mes cheveux ?
Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire.

HYDARCOS.
Comme on voit tous ses voeux l'un l'autre se détruire !
Vous-même, condamnant vos injustes desseins,
Tantôt à réformer vous excitiez nos nains.
Vous-même, rappelant votre force coquette,
Vous vouliez vous montrer et revoir la maquette.
Vous la voyez, madame, et prête à vous cacher,
Vous repoussez le jour que j'osais espérer !

PHÉDRESSE.
Noble et clinquant fauteur d'une triste escadrille,
Toi, qui toujours limogeas pour une peccadille,
Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois,
Sarkos, je te viens voir pour la dernière fois.

HYDARCOS.
Quoi ! vous ne perdrez point cette cruelle envie ?
Vous verrai-je toujours hésitante, affaiblie,
Faire de votre exil les funestes apprêts ?

PHÉDRESSE.
Dieux ! que ne suis-je assise à l'ombre des décrets !
Quand pourrai-je au travers de mon nouveau mastère
Suivre de l'oeil un prof fuyant de la carrière ?

HYDARCOS.
Quoi, Madame ?

PHÉDRESSE.
Insensée, où suis-je ? et qu'ai-je dit ?
Où laissé-je égarer mes voeux et mon crédit ?
Je l'ai perdu : les facs m'en ont ravi l'usage.
Hydarcos, la rougeur me couvre le visage.
Je te laisse trop voir mes honteuses fureurs,
L'autonomie m'enflamme et fait couler mes pleurs.

HYDARCOS.
Ah ! s'il vous faut rougir, rougissez d'un silence
Qui du cruel chercheur aigrit la violence.
Rebelle à tous nos soins, sourde à tous nos discours,
L'université seule accablerait vos jours ?
Ne suffisait-il pas de la crise des bourses ?
Quel charme a corrompu les humaines ressources ?
Les manifs par trois fois ont obscurci la rue
Depuis qu'avec horreur on voit la l.r.u.
Et le jour a trois fois chassé la nuit obscure
Depuis que le décret languit sans signature.
Songez qu'un même jour nous ravira le trône
Et rendra l'espérance à la plèbe bouffonne,
À ces fiers ennemis de vous, de votre loi,
Ces docteurs furieux, sans bureaux et sans foi,
Ces professeurs…

PHÉDRESSE.
Ah ! dieux !

HYDARCOS.
Ma tirade vous touche ?

PHÉDRESSE.
Ô séide, quel nom est sorti de ta bouche ?

HYDARCOS.
Eh bien ! votre courroux éclate avec raison.
J'aime à vous voir frémir à ce funeste nom.
Réformez : que l'amour, le devoir vous anime ;
Réformez, et gardez qu'une tourbe unanime,
Portant hors des campus ses cours séditieux,
Ne fasse triompher la grève en mille lieux.
Mais ne différez point, chaque moment vous tue :
Réparez promptement votre force abattue.
De votre politique il faut tout espérer :
Le flambeau dure encore et peut tout embraser.

PHÉDRESSE.
J'en ai trop prolongé la coupable durée.

HYDARCOS.
Quoi ? De quelque repentir êtes-vous déchirée ?
L'obscure médiatrice attachée à vos pas…

PHÉDRESSE.
Je lui donne congé, je ne m'en repens pas.
Hydarcos, je sais trop que toute ton adresse
N'a pu jamais manquer aux désirs de Phédresse.
Ministre de Sarkos, instruit par ses discours,
Nourri dans le sérail, tu connais les détours
Par lesquels la faveur traîtresse et vagabonde
Traverse nos desseins aux yeux de tout le monde.

HYDARCOS.
Ce discours sibyllin m'étonne et me confond.
Des rives de Dordogne au royaume de Pont,
Dans Trézène, dans Cnosse, et parmi tant de brigues,
Vous m'avez vu toujours seconder vos intrigues,
Madame, et dédaignant les chemins de l'honneur
M'élever le premier au rang de recruteur.
Ai-je dû craindre alors d'attenter au capesse,
Quand tout me répondait du succès de Phédresse ?
Régnez : ne souffrez pas qu'un monôme odieux
Commande insolemment au plus beau sang des dieux.

PHÉDRESSE.
Moi, régner ! Insensé, tu veux me voir perdue ?
Braverai-je longtemps les clameurs de la rue ?
Moi, régner ! Moi, ranger des docteurs sous ma loi,
Quand ma faible raison ne règne plus sur moi !
Hydarcos, c'en est fait, je dois jeter l'éponge.
Mesure mes douleurs aux ongles que je ronge.

HYDARCOS.
Madame, au nom des profs que pour vous j'ai lassés,
Par vos faibles genoux que je tiens embrassés,
Délivrez votre esprit de ce funeste doute !

PHÉDRESSE.
Tu le veux : lève-toi.

HYDARCOS.
Plus fort : je n'entends goutte.

PHÉDRESSE.
Ciel ! que vais-je leur dire ? et par où commencer ?

HYDARCOS.
Votre amour acharné saura bien les tancer.

PHÉDRESSE.
Ô preuves de Vénus ! ô réforme lanlère !
Dans quels égarements me jette un ministère !

HYDARCOS.
Oublions-les, madame, et qu'à tout l'avenir
Un silence éternel cache ce souvenir.

PHÉDRESSE.
Rachidane, ma soeur ! Par quel destin moulue
Vous quittâtes les ors dont vous fûtes exclue !

HYDARCOS.
Que faites-vous, madame, et quel mortel ennui
Contre tout votre clan vous anime aujourd'hui ?

PHÉDRESSE.
Puisque Sarkos le veut, de ce clan déplorable
Je brandis la bannière, et fléchis lamentable.


HYDARCOS.
Que ferez-vous ?

PHÉDRESSE.
Je veux un nouveau médiateur.

HYDARCOS.
Mais qui ?

PHÉDRESSE.
Connais Phédresse et toute sa fureur :
Je veux… À son seul nom je tremble, je frissonne.
Je veux…

HYDARCOS.
Qui ?

PHÉDRESSE.
Tu connais ce fils de la Sorbonne,
Ce géographe altier, cet illustre gourmet.

HYDARCOS.
Hypopitte ? Grands dieux !

PHÉDRESSE.
C'est toi qui l'as nommé.

HYDARCOS.
Juste Ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace !
Ô réforme terrible ! ô formidable place !
Chaires infatuées ! fatales facultés !
Redoutez le fléau des universités !

PHÉDRESSE.
J'ai gâché dans les facs, dans leur noir labyrinthe,
Un plâtre que Médée apporta dans Corinthe.
De quoi m'ont profité ces inutiles soins ?
On me haïssait plus, je ne brûlais pas moins.
Misérable ! Et je vis ? Et je soutiens la vue
De ce sacré Sarkos dont je suis descendue ?
Que diras-tu, mon maître, à ce spectacle horrible ?
Je crois voir de ta main briser l'urne terrible.
Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau,
Toi-même des campus devenir le bourreau.
Dissipe des chercheurs la foudre vengeresse :
Reconnais leurs ardeurs au malheur de Phédresse.

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Cyrano avec nous et vive les mirlitons ! [lire aussi une autre version]

En variant le ton, par exemple tenez :

 Agressif : Moi, Madame, j'aurais fait ces décrets,

Il faudrait sur le champ que je les retirasse !

Pratique : votre réforme en loterie,

Assurément, Madame, ce n'est pas le gros lot.

Gracieux : Aimez-vous à ce point les patrons

Que maternellement vous vous préoccupâtes

De tendre ce perchoirs à leur petites pattes.

Campagnard : La Hèlèru ? c'est-i donc une loi ? Que non.

Queuque méchant navet, un mauvais champignon.

Curieux : De quoi sert cette réforme amère?

D'attrape-gros-nigauds ou de cache-misère !

Chirurgien : voulez-vous un clystère ? un sirop

Pour avaler et digérer cette pilule ?

Certes non ! une ablation et vivement !

Prévoyant : les milliards aux banquiers, c'est un pocker menteur !

La seule relance qui dure, c'est la formation !

Humaniste : professionnaliser certes !

Pourtant civiliser n'est pas mauvais non plus !

Culturel : La princesse de Clèves n'est pas

Une danseuse pas plus qu'une hôtesse bling-bling.

Juridiquement : Olivier Baud même a raison,

Le droit est avec nous : le bon droit est à nous.

Anti-réactionnairement :

De la loi vite débarrassez le plancher!

Ne signifie pas,  vous vous en douter

« Redonner aux élites leur université » !

Innovant et démocratiquement :

Ouvrons les vannes et changeons les programmes !

Egalitairement : L'égalité des chances

C'est bien ! L'égalité tout court, c'est mieux.

Socialement : Contre la privatisation

Des universités, défense de nos droits

Et des acquis de la fonction publique !

Anticapitaliste : l'université

N'est pas une péhèmeu. Comme au supermarché

En barquettes les savoirs ne se débitent pas

Nous voulons des élus et pas des pédégés,

En chefs de vente, enseignants et chercheurs,

Refusent d'être rentabilisés.

Féministe : nettoyons la recherche ;

Un bon coup de torchon pour l'infame AERES! 

Etudiant : nous voulons des emplois et pas des CDD !

Des filières pour chacun/e/, des formations pour tout/e/s,

Syndicalement : Des stagiaires oui, mais payés !

Des formations longues, mais d'abord des emplois !

Militant : A la grève ! A la grève ! A la grève !

Militaire : A bas la loi traîtresse, et ses suites funestes

Mobilisons, mobilisons, mobilisons.

Stratégique : Mais où donc est passé le micro-Bonaparte ?

Il vous plante, il nous plante, il se plante. Qu'il respecte les facs !

Prévenant : Gardez-vous, votre tête entraînée

Par ce poids, de tomber en arrière sur le sol.

Simone ou Valérie, regardez le mouvement

Retrouvez la raison, quand il est encore temps,

Si vous avez un peu de lettres et d'esprit,

Pour éviter d'entendre les cinq lettres qui forment...

Le mot sotte.

Source: fiala@univ-paris12.fr

http://p12enlutte.blogspot.com/

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Tartuffe à l'Université, ou le décret hypocrite (V, 3).

Madame Pécresse

Qu'est-ce ? J'entends parler de mécontentement...

Un enseignant-chercheur

C'est ce nouveau décret dont mes yeux sont témoins.

Voilà donc tout le prix dont sont payés mes soins :

Je travaille ardemment pour l'Université ;

Je recherche et j'enseigne avec honnêteté ;

Mon emploi du temps est chaque jour plus chargé ;

Je donne tout mon temps et le loisir que j'ai ;

Mais, au même moment, par un perfide texte,

On tente de m'ôter, sous d'infâmes prétextes;

Et mon indépendance, et ma sérénité.

On m'incite à prouver ma rentabilité,

On dit, pour soutenir ma motivation,

Qu'il faut évaluer mes publications,

Et punir les chercheurs jugés incompétents

En leur donnant bien plus d'heures d'enseignement.

Madame Pécresse

Allons, mon cher Monsieur, vous ne pouvez penser

Que ce nouveau décret est aussi insensé.

L'enseignant-chercheur

Comment ?

Madame Pécresse

Un bon ministre est envié toujours.

L'enseignant-chercheur

Que voulez-vous donc dire avec votre discours,

Madame ?

Madame Pécresse

Qu'à la fac, l'extrême-gauche existe

Et l'on ne sait que trop le danger des gauchistes.

L'enseignant-chercheur

Mais qu'ont-ils donc à faire avec ce qu'on vous dit ?

Madame Pécresse

Il vous faut écouter Nicolas Sarkozy :

Une réforme, en France est toujours critiquée ;

Les esprits novateurs sont par tous attaqués.

L'enseignant-chercheur

Mais que fait ce discours aux choses d'aujourd'hui ?

Madame Pécresse

Sur mon nouveau décret, on vous aura menti.

L'enseignant-chercheur

Je vous ai dit déjà mes craintes très précises.

Madame Pécresse

La désinformation n'est plus ici de mise.

L'enseignant-chercheur

Vous me feriez damner, Madame. Je vous di

Que j'ai lu de mes yeux ce décret si hardi.

Madame Pécresse

Les langues ont toujours du venin à répandre,

Et rien n'est ici-bas qui s'en puisse défendre.

L'enseignant-chercheur

C'est tenir un propos de sens bien dépourvu.

Je l'ai lu, dis-je, lu, de mes propres yeux lu,

Ce qu'on appelle lu. Faut-il vous le rebattre

Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre ?

Madame Pécresse

Mon Dieu ! on est parfois victime de lectures

Rapides, empressées, et qui ne sont pas sûres.

L'enseignant-chercheur

J'enrage.

Madame Pécresse

Aux faux soupçons l'on est vite amené,

Et c'est, ma foi, à tort que je suis condamnée.

L'enseignant-chercheur

Je dois interpréter à charitable soin

Le désir de me contrôler ?

Madame Pécresse

Il est besoin,

Pour accuser les gens, d'avoir de justes causes.

Vous devriez attendre à vous voir sûr des choses.

L'enseignant-chercheur

Hé ! diantre ! Je sais bien ce qui peut résulter,

D'un texte qui promeut la rentabilité,

La compétition... Ce ne sont que sottises.

Madame Pécresse

Pourtant d'un grand respect pour vous je suis éprise,

Et je veux avant tout vous mettre dans l'esprit

Que les choses ne sont telles qu'on vous les dit.

L'enseignant-chercheur

Allez, je ne sais pas, si vous n'étiez ministre,

Ce que je vous dirais de ce décret de cuistres. 

 Molière 2009 (neoprofs@yahoo.fr)

N.B.: Ces vers, joints à ceux de l'illustre Cyrano de Bergerac, ont étédéclamés le mercredi 11 février 2009 à 15h sur le parvis del'Université Paris XII, à l'occasion d'une Journée spéciale "Portesgrandes ouvertes", organisée à destination de toutes les bonnes gens.

http://www.neoprofs.org

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« Hypertrichose palmaire »

(http://www.lagrossefeignasse.blogspot.com/)

Madame la Ministre,

C'est une grosse feignasse qui s'adresse à vous. Il m'en a coûté de prendre une plume, ou plutôt de taper sur mon clavier ; ce fut même un calvaire, pour tout vous dire, car je souffre, comme la plupart de mes collègues, d'une hypertrichose palmaire chronique, la maladie des feignasses.
Jeune maître de conférences, qui plus est en littérature, je passe mes journées à ne rien faire. Rien de rien. Bon, d'accord, j'ai quand même quelques heures de cours à assurer : 192 h par an, réparties sur 24 semaines. Génial pour soigner aux petits oignons son hypertrichose palmaire. Le seul truc qui m'embête (outre devoir me lever les jours où j'enseigne), c'est que je n'ai pas encore découvert comment préparer mes cours en me prélassant dans ma baignoire, les doigts de pied en éventail. Il faut d'abord potasser pas mal de livres (ces bêtas, ils n'aiment pas l'eau), se tenir au courant de ce qui se passe dans la recherche (c'est pénible, tous ces gens qui écrivent des choses intelligentes) et donc éplucher revues et colloques, puis en faire une synthèse organisée, et enfin rendre le tout accessible aux étudiants. Pour le dernier point, quand un éclair de lucidité parvient à faire plier mon hypertrichose, je fais des diaporamas, ou pire, je mets mes cours et ressources en ligne sur l'ENT. Mais, même si ce n'est pas tout à fait la sinécure que j'espérais, ça laisse encore du temps pour faire les boutiques et bayer aux corneilles.
De temps en temps, il y a quand même des (beaucoup de) copies à corriger. Des dossiers, des mémoires à lire. Des rendez-vous avec les étudiants. Des soutenances à organiser. Des broutilles. De temps en temps aussi, il y a des réunions. De Département, d'UFR, d'équipe de recherche, de CEVU / CA / CS... Je n'ai pas chiffré, mais c'est vrai que je peux me vernir les ongles et envoyer des textos pendant ce temps : ce sont des activités compatibles avec mon hypertrichose.
Ce qui m'ennuie un peu aussi, c'est qu'à l'Université il faut accepter des « responsabilités pédagogiques ». Diriger le Département ou l'UFR, ou bien coordonner un diplôme, une préparation de concours… Ça s'appelle « pédagogique », mais en fait c'est très varié : on fait des emplois du temps, on organise des examens, on lit des dossiers (avec des pauses pour se remaquiller ou caresser amoureusement son hypertrichose, c'est uniquement pour ça que ça prend du temps)…Quand on est responsable d'un Master professionnalisant, il faut aussi contacter les professionnels, les accueillir, suivre leurs interventions pour pouvoir évaluer ce que les étudiants en ont retenu (parce que c'est quand même les profs qui corrigent les copies, pas les intervenants extérieurs)… Et puis il y a les stages. Les visites de stage. Les rapports de stage. Les soutenances de stage. Avec tout ça, je commence à avoir du mal à caser mon cours de yoga hebdomadaire.
Je suis un peu désappointée. Moi qui avais choisi ce métier pour me la couler douce… Parce que c'est pas compliqué, de devenir universitaire : j'ai juste dû passer un concours de rien du tout, et puis faire une petite thèse, et puis après trouver un poste, n'importe où en France. Parce que bon, dans mon domaine, il y a moins de cinq postes par an ; donc forcément, on attend un peu. On n'est même pas sûr que ça arrive un jour. On n'est jamais que diplômé à bac + 8 (enfin, 11 dans mon cas, mais 11 ans que j'ai passés à me tourner langoureusement les pouces).
Comme j'ai plein de temps à perdre, j'aime bien lire, sur Internet, qu'on est « la secte à six mois de vacances » ; j'aime bien me voir confirmer que je suis une vraie feignasse, au cas où je viendrais à en douter (ça m'arrive, parfois). C'est vrai que c'est cool, la vie universitaire : rentrée mi-septembre, fin des cours mi-avril, avec des semaines d'interruption entre les deux semestres. Sauf qu'en janvier et en mai, ce ne sont pas les vacances, mais les examens. Surveillances (j'en profite pour me vernir les ongles des pieds), corrections (le stylo rouge à lèvres dans la main). Relectures de mémoires (dans le bain, c'est pas grave). Soutenances (avec deux enseignants, pour qu'on puisse faire la sieste chacun son tour pendant que les étudiants causent). Ensuite, les jurys se réunissent fin juin (pour réfléchir ensemble à la couleur de nos maillots de bain). Et ensuite encore, il faut préparer l'année suivante : refaire les livrets, parfois les maquettes, faire passer des entretiens en M2 pro (en tongs et paréo).
Je passe donc mes journées à ne rien faire, ou presque.
J'oubliais un petit détail : mon statut officiel, c'est « enseignant-chercheur ». Donc entre les cours, les copies, les soutenances et les réunions, il faut quand même que j'arrive à pondre quelques articles ou, encore mieux, des bouquins. Que j'aille à des colloques, ou que j'en organise. Que je participe à des projets de recherche, si possible que j'en monte. Que je trouve des financements. Que je constitue des dossiers. C'est rude, pour une feignasse comme moi. D'ailleurs, pour l'instant, je n'y arrive pas vraiment, parce que je suis trop occupée à ne rien faire (sauf entretenir mon hypertrichose).
Heureusement, votre gouvernement veille à tirer de temps en temps les feignasses de leur léthargie, à secouer le cocotier géant qui pousse dans nos mains. Autonomie des universités, réforme des concours, réforme des statuts… Budget en baisse, masters à réorganiser de fond en comble en deux mois, pour un concours dont votre collègue ne sait pas à quoi il ressemblera, service d'enseignement qui -  à salaire égal - pourra aller jusqu'à 384 heures… Moi qui ne savais plus comment remplir mes journées (mon hypertrichose en a quand même pris un coup), me voici rassurée. Mais je me demande quand même si, juste par esprit de contradiction, je ne vais pas me mettre en grève : au moins, ça m'occupera, moi qui ne fais rien. Rien de rien.

Autre texte de la grosse feignasse:

Une aventure inédite du Petit Nicolas

Aujourd'hui, nous avons eu une grosse surprise à l'école. Nous étions en cours quand M. Dubon, le surveillant, est arrivé dans la classe. Le surveillant, on l'appelle Le Bouillon, quand il n'est pas là, bien sûr. On l'appelle comme ça, parce qu'il dit tout le temps : « Regardez-moi dans les yeux », et dans le bouillon, il y a des yeux. Moi non plus, je n'avais pas compris tout de suite, c'est des grands qui me l'ont expliqué. Le Bouillon a une grosse moustache mais ce jour-là je n'ai pas fait attention à sa moustache : avec lui, il y avait une petite fille, qui avait des cheveux comme de l'or, une figure toute blanche mais très belle et des yeux bleus comme la bille que j'ai perdue hier à la récréation, mais Maixent a triché.
« Mes enfants, a dit Le Bouillon, je vous présente une charmante petite fille, qui restera avec vous aujourd'hui. Elle vient de Chartres, d'une grande famille, son papa est mort et sa maman, très soucieuse de sa formation, l'a mise dans cette école pour qu'elle apprenne à connaître les garçons, avant de poursuivre son éducation dans une école privée. Je compte sur vous pour nous aider et être très gentils avec elle. » La maîtresse a fait un grand sourire à la nouvelle et elle lui a dit : « Dis ton nom à tes petits camarades. » La nouvelle n'a pas compris ce que lui demandait la maîtresse, elle a fait un petit sourire triste et nous avons vu une petite chaîne en or, comme ses cheveux, briller à son cou. J'étais assis à côté de Eudes, qui est très fort et aime donner des coups de poings, mais là il restait tout calme et il regardait la nouvelle avec un air bizarre. Moi, je n'aime pas les filles. C'est bête, ça ne sait pas jouer à autre chose qu'à la poupée et à la marchande et ça pleure tout le temps. Mais là, je me sentais tout drôle, en regardant la nouvelle, j'avais le coeur qui battait très fort. Comme elle ne disait rien, la maîtresse nous a dit qu'elle s'appelait Cécile Deuklev. La nouvelle est devenue toute rouge, et elle a dit d'une toute petite voix : « Pas Cécile, Charlotte. – Pardon mademoiselle, a demandé Maixent, elle s'appelle Cécile ou Charlotte ? » La maîtresse nous a expliqué qu'elle s'appelait en fait Cécile, mais que son deuxième prénom était Charlotte, et que sa maman préférait son deuxième prénom. « Bon, a dit Maixent, on l'appellera Charlotte – Non, j'ai dit, moi je préfère Cécile. – Tais-toi, Nicolas », a dit Maixent, et la maîtresse nous a mis tous les deux au piquet.
La maîtresse a fait asseoir Cécile à côté d'Agnan, qui est le premier de la classe et le chouchou de la maîtresse. Cécile, elle gardait les yeux baissés, mais Agnan lui a dit quelque chose à l'oreille et elle a ri tout doucement, en mettant sa main devant sa bouche. La maîtresse les regardait d'un air attendri, mais Geoffroy a renversé son encrier par terre sur Joachim qui était tombé en faisant des tas de grimaces parce que Eudes lui avait donné un coup de poing sur le nez alors que c'était Rufus qui lui avait tiré les cheveux à Eudes, et la maîtresse les a tous mis au piquet.
La récréation a sonné et nous sommes sortis. La maîtresse a été gentille, elle nous a dit qu'elle était triste que nous donnions un exemple si déplorable à Cécile – la maîtresse, elle a dit déplorable, et elle a dit Charlotte, mais moi je préfère Cécile – et elle nous a demandé de promettre d'être sages et de montrer le bon exemple. On a promis et elle nous a laissés sortir.
Dans la cour, on s'est tous mis autour de Cécile. On lui a posé beaucoup de questions, mais elle, tout ce qu'elle faisait, c'était de baisser les yeux en croisant les mains devant sa robe blanche avec des petits plis sur le devant. Alceste, un copain qui est très gros et qui aime bien manger, lui a offert une tartine mais elle n'en a pas voulu. Pourtant Alceste, d'habitude, il ne nous laisse même pas une miette de son pain au chocolat. Rufus a voulu lui donner son sifflet à roulettes, mais elle continuait à regarder par terre sans rien dire. Avec ses cheveux d'or, on aurait dit une princesse. Agnan a fait le fier : « Moi, elle m'a parlé. – Qu'est-ce que tu lui as dit en classe ? je lui ai demandé. – Je lui ai dit : “Votre air et vos paroles me font voir que vous avez des raisons pour souhaiter d'être seule, que je ne sais point, et je vous conjure de me les dire.” » On a tous regardé Agnan avec des yeux ronds, comme Le Bouillon : « Qu'est-ce que ça veut dire ? – Vous ne pouvez pas comprendre. » Agnan avait l'air tout content de lui, moi je ne l'aime pas beaucoup même si Maman dit qu'Agnan est très gentil, bien élevé et que je ferais bien de prendre exemple sur lui. En fait, j'avais bien envie de lui taper dessus, mais on ne peut pas aussi souvent qu'on le voudrait, à cause de ses lunettes. « Et qu'est-ce qu'elle t'a répondu ? », a demandé Clotaire, qui est le dernier de la classe et ne sait jamais sa leçon. « Elle m'a dit que sa maman lui avait appris le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité ; qu'il fallait s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée ». Là, c'est Cécile qu'on a regardée avec des yeux ronds comme Le Bouillon. « Bah, a dit Rufus, vous êtes dingues ». Agnan a commencé à pleurer, il pleure tout le temps, Agnan, et Clotaire et Maixent ont commencé à se battre parce qu'ils voulaient tous les deux parler à Cécile, et ils ont écrasé la tartine d'Alceste, qui a voulu la ramasser, mais Eudes l'a bousculé et Alceste s'est fâché. Il a eu tort parce que Eudes est très fort et il aime bien donner des coups de poing sur les nez et ça n'a pas raté pour celui de Geoffroy. Joachim et moi, on continuait à regarder Cécile. Elle s'était assise à côté d'Agnan et elle lui avait pris ses lunettes pour les essuyer. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait parlé à Agnan et pas à nous, et pourquoi elle le regardait comme ça avec ses grands yeux bleus. « Vilain cafard, j'ai crié, puisque Cécile a pris tes lunettes, je vais t'en envoyer une ». Agnan s'est remis à pleurer en disant qu'il était très malheureux et qu'il allait se tuer et puis il s'est roulé par terre. Cécile m'a regardé d'un air très triste, comme si elle était déçue. « N'achevez point de m'accabler, elle m'a dit, et n'ayez point la dureté de m'accuser d'une faute que vous avez faite », et puis elle m'a tourné le dos et elle n'a plus jamais voulu me parler.
En fait Agnan, qui n'est pas le premier de la classe et le chouchou de la maîtresse pour rien, il avait appris par coeur un livre que sa maman lisait tous les soirs. Il a des tas de livres chez lui, Agnan, et c'est comme ça qu'il a été invité plusieurs fois chez Cécile pour des goûters, et il nous a même raconté qu'il l'avait embrassée. Ce n'est pas juste, Agnan n'est qu'un vilain cafard, alors que Cécile, c'était une vraie princesse, et que c'est moi qui aurais dû l'embrasser.
Puisque c'est comme ça, c'est promis : demain je quitterai la maison. Papa et maman et Cécile auront beaucoup de peine, et je ne reviendrai que dans un tas d'années, je serai riche et président, et je me vengerai d'Agnan et de la princesse Deuklev.

(d'après Goscinny / Sempé)

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Hugo, ou presque


Il pleuvait. On était vaincu par sa maquette.
Pour la deuxième fois Darcos baissait la tête.
Sombres jours ! Valérie reculait lentement,
Voyant à ses côtés bouillir Sarko fumant.
Il pleuvait. La Pécresse avait perdu sa chance.
Malgré sa LRU, on lui sciait la branche.
Ses amis les plus sûrs refusaient son drapeau.
Hier les facultés, maintenant les labos !
On ne distinguait plus la droite ni le centre :
Il pleuvait. Et les profs se dressaient dans le ventre
Des campus morts ; au seuil des amphis désolés
Ils demandaient justice, anxieux, inconsolés,
Restés debout, en chaire, et brandissant leurs livres
Glorieux de ce combat qu'il leur fallait bien vivre.
Mépris, mensonge, insulte, ondée de crachats blancs,
Pleuvaient sur eux. Surpris de se compter autant
Ils marchaient, fiers, la pluie à leur lunettes grises.
Il pleuvait, il pleuvait toujours ! la froide bise
Sifflait ; sur le pavé, connus ou inconnus,
Méprisés, sans un sou, ils s'en allaient pieds nus.
Ce n'étaient plus des profs, des universitaires ;
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,
Une procession d'ombres sur le ciel noir.
La multitude, vaste, épouvantable à voir,
Partout apparaissait, muette vengeresse.
Et ils faisaient sans bruit pour Madame Pécresse
De leur immense armée un immense linceul ;
Car chacun se sentant soutenu n'est plus seul.
- Sortira-t-on jamais de ce funèbre empire ?
Deux ennemis ! Décret, Master. Quel est le pire ?
On jetait des rumeurs pour mollir leur refus.
Qui se couchait ? Pas un. Groupe morne et confus,
Ils marchaient ; la fureur dévorait le cortège.
On voyait, lisant leurs banderoles de neige,
Qu'ils étaient décidés à n'en pas rester là.
Ô master de Xavier! Décret de Nicolas !
Vous voici donc blessés, mourants sur des civières,
Vous n'êtes que papier à jeter aux rivières.
Ils étaient bien cent mille, on les prétendait cent.
Valérie que suivaient de gentils Présidents
Etrangement bluffés par sa manoeuvre opaque
Déversait dans la presse alerte ! assauts ! attaques !
Mais, ratant l'omelette, elle cassait les oeufs
Et voyait se ruer, effrayants, ténébreux,
Sous les gouttes de pluie mouillant leurs crânes chauves,
D'horribles escadrons de chercheurs à l'oeil torve.
Toute une armée ainsi dans la rue avançait.
Sarkozy était là, debout, qui regardait.
Il était comme un arbre en proie à la cognée.
(La hauteur, on le sait, lui était épargnée),
Il regardait, hagard, la colère monter ;
Et, petit arbrisseau par la hache insulté,
Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,
Il regardait tomber autour de lui ses branches.
Ministres, députés, le lâchaient tour à tour.
Seule espérait encore en clamant son amour
Aux enseignants-chercheurs, par courrier, sur la toile
A la télé, croyant toujours à son étoile,
La Princesse Pécresse en grande majesté.
Lui, Sarko,  se sentait dans l'âme épouvanté.
Stupéfait du désastre et ne sachant que croire,
Il célébra Bigard, Johnny, hommes de gloire,
En vain. Le Président comprit qu'il expiait
Quelque chose peut-être, et, cria, inquiet,
Devant tous ces chercheurs las et couverts de craie :
- Acceptez mon master ! Approuvez mon décret !
Il s'entendit alors appeler par son nom,
Et des milliers de voix, libres, lui dirent : non ! 

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 Plume à l'université

        Arrivant à l'université, Plume fut étonné de ne pas avoir cours. « Tiens, pensa-t-il, les salles sont vides, les oiseaux se seront envolés… » Il rentra chez lui et il se rendormit.
        Peu après, un gréviste l'attrapa par le bras et le secoua : « Regarde, dit-il, fainéant ! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre université. » En effet, un ciel intact s'étendait de tous côtés. « Bah, la chose est faite », pensa-t-il.
        Peu après, un bruit se fit entendre. C'était une réforme qui arrivait sur eux à tout allure. « De l'air pressé qu'elle a, pensa-t-il, elle arrivera sûrement avant nous », et il se rendormit.
        Ensuite, le froid le réveilla. Il était tremblant et nu. Quelques morceaux de son statut gisaient près de lui. « Avec la précarité, pensa-t-il, surgissent toujours quantité de désagréments ; si cette réforme pouvait n'être pas passée, j'en serais fort heureux. Mais puisqu'elle est déjà passée… » et il se rendormit.
        —    Voyons, disait le juge, comment expliquez-vous que votre université ait été réduite en miettes au point de ne plus pouvoir la reconnaître sans que vous, qui étiez à l'université, ayez pu faire un geste pour l'empêcher, sans même vous en être aperçu ? Voilà le mystère. Toute l'affaire est là-dedans.
    —    Sur ce chemin, je ne peux pas l'aider, pensa Plume, et il se rendormit.
    —    L'exécution aura lieu demain. Universitaire, avez-vous quelque chose à ajouter ?
    —    Excusez-moi, dit-il, je n'ai pas suivi l'affaire. Et il se rendormit.  

H.M.

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Ubu Re-roi, pièce d'actualité, en attente de mise en scène.


Ubu Re-Roi


PERE UBU,

DARK, Menistre de l'Educacion Nationale

JEAN DE MONTAIGU, Grand Conseiller d'Ubu,

MECRESSE, Menistre de l'Enseignement supérieur et de la recherche,

LA CPU

Le Maistre des Requestes de l'hostel du Roy,

le Provost des Marchants,

le duc de Bourgongne,

Louis II d'Anjou,

Jean de Berry,

Benoît XIII,

le Menistre de la Relance,

Pierre des Essarts,

les chambellans du roy,

Valentine Visconti.,

Grégoire XII

Le palais d'Ubu.


LeMaistre des Requestes de l'hostel du Roy, le Provost des Marchants, leduc de Bourgongne, Louis II d'Anjou, Jean de Berry, Benoît XIII, leMenistre de la Relance, Pierre des Essarts, les chambellans du roy,Valentine Visconti

(D'une seule voix).

Sire, leroyaume est en grande tribulacion, le peuple gronde. Nous conjurons SonAltesse de mettre fin au Grand Schisme et de décréter au plus tost laSubstraction d'Obedience pour restaurer Justice et Paix en son Royaume.

Ubu

J'entrave que dalle. Allez, zou, à la fosse aux menistres.

(Ils sont précipités dans la fosse. )

On entend une rumeur dans la rue

Ubu

Mais, couïlle-je ?

Jean de Montaigu

Sire, le Peuple est dans la rue. C'est une procession : Sa Hauteur sera contente, on y exhibe le portrait de sa Sainte Face.

Ubu

Ils sont où, j'y vois rien.

Jean de Montaigu

Sa Souveraineté a les mirettes bien ensablées : seuffre-t-elle de conjonctivite ?


Ubu

J'ay les zyeusses qui piquent.

(On lui passe un collyre)

Ah oui. Tiens.

Ils sont tout petits.

Jean de Montaigu

C'est qu'ils sont loin, Sire.

Ubu

Y a trop de bruit, Dark, dis les lui leur qu'il faut qu'ils cravaillent sinon zou c'est la fosse.

(Dark va dehors).

Jean de Montaigu

Jecrains que cela ne suffise, Sire. Peut-être Sa Grandeur devrait-elleenvoyer la Menistre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche pourreconforter le peuple de quelque parole d'amour.

Ubu

Ah, oui. Tiens.

(Il appelle la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche)

Mécresse !

(La Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche entre. Elle fronce les sourcils, puis lève les yeux au ciel).

Ubu

Mécresse, va dire à le peuple que nous tenons nostre Peuple et nostre Fille, l'Université, en grant estime et grant Amour.

Mécresse

Ouiche.

(Mécresse sort. Dark rentre).

Jean de Montaigu

Sire, il serait bon, afin de calmer l'ire de l'Université, de leur adresser une missive.

Ubu

Oui, tiens. Je vais leur balancer un missive, ils vont moins la ramener.

Jean de Montaigu

Unemissive, Sire. J'osais suggérer à sa Souveraineté qu'elle se fendâssed'une epistre a l'adresse des Universités en grève : DenisDiderot-Paris VII, Michel de Montaigne – Bordeaux III, FrançoisRabelais -Université de Tours, Paul Valéry Montpellier III…

Ubu

Oui ça va je vous trouve bien insolent Monsieuy le Conseiller mais bon oui tiens je vais escrire.

(Il prend sa plume et écrit).

‘Cher Denis, Cher Michel, Cher François, Cher Paul, Chère Valérie,

Il faut pas faire de bruyt et il faut cravailler plus parce que en plus vous foutez rien.'

(Il pose sa plume, il se relit).

Ah, Dark, que ce livre m'ennuie !

Dark

Vous en êtes l'auteur, Sire.

Ubu

Bon. Je vais passer à la télé. Elle est où, la télé ?

Jean de Montaigu

Vous êtes dedans, Sire.

(Il tend un texte à Ubu)

Ubu

AlorsOui, j'entends ici et là qu'il y a des rigidités qui s'espriment maisje vous le dis, Arlétchabo, et ça, il faudra bien me l'expliquerpourquoy, et je ne veux pas être désagréable, arrêtez de considérercomme sacrilège celui qui dit une chose et voir si c'est la réalité.C'est la réalité qu'il faut contester dans ce cas-là : du Rolex sedlex.

Jean de Montaigu,

chuchotant

(-ra lex, Sire).

Ubu

Mais cravailler plus c'est la condicion si qua nonqu'on gagne plus. Et si ça continue y aura les grants mutacionspréféctorales et tout le monde dans la fosse, alors zou au boulot.

Tiens, j'ai faim. Dark, que tout cela est difficile, parfois, à porter !

Dark

Cettefoiblesse passagère ne fait que conférer à Sa Hauteur un supplémentd'humanité, et elle sied si bien à son sourire charmeur.

Ubu

Dark, je te fais Grand Chambellan et je te donne tous les concours, fays-en usage.

Jean de Montaigu

Jecrains néanmoins Sire que les paroles de Dark n'aient apaisé l'ire desUniversités. J'entends la Conférence des Présidents d'Université quivient.

(En l'absence de la CPU, on projettera (au rétroprojecteur) une image des ‘Bourgeois de Calais' de Rodin).

La CPU

Sire,que sa Sereinissime Altesse daigne faire bon accueil à nostre humblerequeste. La réforme de la formation des enseignants, Sire, se prépareactuellement dans des conditions de calendrier, d'information etd'organisation qui suscitent des réserves de la part de toutes lescommunautés universitaires. La CPU souhaite, Sire, que s'ouvrentrapidement des négociations et concertations dans lesquelles elletiendra toute sa place. Cette négociation et cette concertation nepeuvent être engagées que si un climat de confiance est restauré dansla comunauté universitaire. Cela suppose le rétablissement des postessupprimés, une augmentation pluriannuelle du nombre des emplois et larefonte du modèle d'allocations des moyens.

Ubu

Hey, Monsieurs, vous estes bien oultrecuydants. Ouste, allez, dans la fosse aux Universitaires.

(Ils sont précipités dans la fosse)

Ah, Mère Ubu, j'ai bien cravaillé aujourd'uy.

(Il s'endort).

Fin de l'acte I

[,, , , parle dedans la télé,, , , ,, , , (Elle fronce les sourcils, puislève les yeux au ciel), , , , s'adressant à Dark, Menistre del'Educacion Nationale, , , , , à la fenestre (Grand Conseiller d'Ubu),à la fenestre, ., Grégoire XII]

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Sottie d'inspiration médiévale, mise en scène à Toulouse ces dernières semaines.


Sottie a neuf personnaiges,

c'estassavoir de Bone Reforme, Male Reforme, Le Metre du Monde, les Gens,Educacion Nationale, l'Estudiant, l'Enseignant-chercheur, PasquetFiscal, la Crise.

Educacion Nationale est assise parterre, la tête dans les mains, pauvrement vêtue ; Université est à sescôtés. Les Gens est couché, il ronfle sur son oreiller. EntrentEstudiant et Enseignant Chercheur.


L'Enseignant-Chercheur

Les Gens, les Gens : resveillez-vous !

Ne songiez plus, houspillez vous !

Educacïon Nationale

Se meurt, veez comme elle est pasle !


L'Estudiant

Les Gens, les Gens, resveillez-vous !

Levez les yeulx, entendez nous !

Prouffit et Rentabilité

Ont volé Université !


L'Enseignant-Chercheur et l'Estudiant, crient plus fort, d'une seule voix :

Savoir, Liberté, Connoissance,

Literature, Histoire et Science,

N'ont plus aujourd'uy de quoy vivre :

On leur retire tous leurs livres !


Les Gens, se retourne dans son lit

Quant cesserez vous ce tapaige ?

Or me prenez vous en otaige ! ?


L'Estudiant

Les Gens, sommeil n'est plus de mise !

La Crise ? Elle a bon dos la Crise !

(La Crise montre son bon dos)

Male Reforme est plein de Vices :

Educacion est au supplice !


Le Mètre du Monde entre avec ses rébânes. Il est tout petit. Il est suivi par ses serviteurs – on en reconnaît quelques-uns.


Les serviteurs, dans un jargon incompréhensible

Gloria Rex, Metrus Mundi,

Gubernator, fax Populi,

Asinus Rex coronatus,

Christian Clavieri amicus,

Mutator Praefectorum

Et Dominus reformarum !


Le Mètre, à l'Estudiant et à l'Enseignant-chercheur

Je vos ay oïs, bande de cons.


Les serviteurs, à l'Estudiant et à l'Enseignant-chercheur

Il vos a oïs ! Comme il est bon !


Le Mètre, il présente Male Reforme : elle boîte, elle louche, vestue deguenilles ; dans sa main une bourse, petite et aux cordons bien serrés.

Moi j'dys : y' a besoin de Reforme :

Regardez-la, elle est en forme.

(il montre Male Reforme, qui esquisse un pas de danse et tombe)

Moi j'dys, les bouquins c'est tres bien,

Mais pour les Gens y en a pas b'soin.

Pour bosser au supermarché,

‘Faut surtout aprandre a compter.


Les serviteurs

Gloria Rex ommipotens,

Omnipresens, omnisciens !

D'Université Pourfendeur,

D'Educacion le fossoyeur !


Le Mètre

Moi j'dys, celle Reforme est bonne :

C'est Educacion qui desconne !

J'ay pas d'argent a vous donner,

Pasquet Fiscal a tout piqué.

(Il montre Pasquet Fiscal, énorme, qui dort dans un coin)


L'Estudiant, l'Enseignant Chercheur :

Alez vos ant, Male Reforme,

Alons querir Bone Reforme !

Respect, Debat, Concertacion,

Democracie, Proposicion,

Videz hors celle sotte fole

Qui assotit tout nostre escole !


Respect,Debat, Concertacion, Democracie et Proposicion bottent le cul de MaleReforme qui s'enfuit. Entre Bone Reforme, de grace refulgente, montéesur un char tiré par deux ministres.


Le Metre du Monde, abandonné de ses serviteurs :

Moy j'dys faut toujours escouter :

Vous sçavez, j'ay beaucoup changé.


Estudiant

Vos l'avez dict bien d'autres foys :

Vous nous faictes manger de l'oye !

Educacion est bien malade,

Pou de bien lui font vos salades.


Université, couronne le Metre d'un bonnet d'âne

‘Un roy sans lettres, c'est ung faict,

Est comme un asne couronné'.

Vos le sçaurïez se vos estiez

Aléz a Université !


Bone Reforme, entouréede l'Estudiant, l'Enseignant-Chercheur, Debat, Concertacion,Proposicion, Democracie, Respect ; les Gens les a rejoints ;

Male Reforme a faict son temps :

Alons a son enterrement,

Puis mectons nostre entencïon

A relever Educacion.


Explicit.

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Le Président  et le  Ministre

  LE PRESIDENT
    Entrez-donc mon ami et venez prendre place
   Afin de me conter  ce qui vous embarrasse
   La  réforme est lancée, elle  avance à grands pas
   Mais je vois bien qu'à tous celle-ci ne  plait pas.
   Aussi voudrais-je entendre de votre propre  bouche
   Pourquoi les enseignants prennent ainsi la  mouche.

   LE MINISTRE
   Mon bienfaiteur et  Prince ne vous alarmez point
   Voyez comme en ces temps je sais  rester serein.
  J'ai fait ce qu'il fallait et fait preuve  d'audace

   LE PRESIDENT
   Allez contez moi  donc  je ne tiens plus en place !

   LE  MINISTRE
   J'ai d'abord pour vous plaire modifié les  programmes
   Pour faire des élèves des besogneux sans  âme.
   Ils se feront gaver du matin jusqu'au  soir
   Et n'auront plus de sens à donner au savoir  ;
   Voilà qui nous fera des citoyens dociles
   Qui  ne s'attacheront qu'à des choses futiles.

   LE  PRESIDENT
   Fort bien, les programmes sont un bel  artifice
   Pour manoeuvrer les gens non sans quelque  malice..
   Voyez ce que je fis pour prendre le  pouvoir
   Promettant des réformes, n'en disant que très  peu,
   Pour qu'une fois reçu l'aval des isoloirs
    Je puisse me sentir libre et faire ce que je veux !
   Mais  veuillez donc poursuivre votre plan de disgrâce
   Car je veux  tout savoir !


   LE MINISTRE
   Voilà ce qui  se passe :
   Je commence par rayer en trois ans les  RASED
   Et pour tromper les gens sur le maintien de  l'aide
   Je laisse aux enseignants l'entière  liberté
   De s'occuper tous seuls de la  difficulté.
   Ils auront pour cela comme unique  bagage
   La chance de pouvoir faire quelques journées de stage  !
   J'ai enlevé deux heures d'école par semaine
    Mais évidemment pas pour ceux qui mal apprennent :
   On dit la  journée de trop longue durée
   Qu'il faudrait réformer notre  calendrier
   Et moi je vous dis qu'il en faut  davantage
   Et qu'il faut les forcer même jusqu'au gavage  !

   LE PRESIDENT
   C'est à n'en point douter  une idée fort plaisante,
   Le mérite sera la seule valeur  payante !

  LE MINISTRE
  Pour ceux qui veulent apprendre  de maître le métier
   Je les envoie le faire à  l'université.
   Voyez l'inanité d'une bonne  formation
   Nous qui n'avons besoin que d'agents et de pions  !
   Cela vous plait-il ?


   LE   PRESIDENT
   Assurément je pense,
   Mon humeur est  ravie et elle est d'importance
   Car c'est elle qui règle le  cours de mes pensées
   Qui font toujours écho à  l'actualité.
   Mon caprice me met dans des  emportements,
   J'ai des mots qui ne sont plus ceux d'un  Président,
   Je flatte ce qu'il faut des instincts les plus  bas,
   Parle plus en mon nom qu'en tant que chef  d'état,
   Sur toutes mes idées je veux qu'on  légifère
   Et ne supporte pas qu'on m'empêche de le  faire.
   Des médias je me sers et grâce à mon  emprise
   Ils me suivent au mieux dans toutes mes  entreprises,
   Enfin, si j'utilise les services de la  presse
   C'est parce qu'aux yeux de tous il faut  que je  paraisse.
   Mais contez-moi encore votre train de  mesures.


                     LE MINISTRE
   De l'école en  danger j'augmente la fêlure :
   Il existe des classes que  l'Europe nous envie
  Accueillant les plus jeunes des enfants du  pays.
   Il serait opportun de les faire  disparaître
   Pour affecter ailleurs ce réservoir de  maîtres
   Qui ne font de leur temps que des couches  changer
   Et ne connaissent point les joies de la  dictée.
   Des enseignants en moins réduiraient nos  dépenses
   Et il n'y aurait plus de maternelles en France  !
   Afin de remplacer les absences des maîtres
    Avec tous ceux qui veulent, une agence va naître.
   Si celui qui  remplace se trouve être plombier,
   La chaudière de l'école il  pourra réparer,
   S'il est mécanicien et connaît son  affaire
   Les voitures des collègues il pourra bien  refaire,
   Et si par de la chance il se trouve  enseignant
   Il pourra pendre en charge d'une classe les enfants  !

   LE PRESIDENT
  Je reconnais bien là votre astuce  admirable
  Et votre esprit retors qui ne se sent coupable  !
   Cette école qui veut faire des citoyens
   Il  faut qu'à l'avenir elle n'en fasse rien !
   Oeuvrez donc mon ami,  la tâche n'est pas mince
   Car c'est l'éducation qui menace les  Princes !!!!

Le Président et le Ministre (Acte II)

suite par un autre auteur


LE MINISTRE
Pour ce qui est du bac, il faut que je vous dise,
Par le bac pro, Sire, je ruine l'entreprise,
Je flatte ainsi l'espoir que veulent les élèves
De sortir au plus vite du système scolaire,
Je le fais en 3 ans, je le veux, je l'exige,
Leur niveau va baisser, c'est bon pour l'Entreprise


LE PRESIDENT
L'entreprise le veut, et ce manque de culture,
Est pour elle, mon Brave,  une fort bonne augure.
Avec que moins d'éco et un peu moins d'histoire,
Nous construisons ainsi l'ouvrier sans histoire,
Qui dès demain matin boss'ra sans moufter,
Avec des syndicats qui seront à nos pieds


LE MINISTRE
Mon Président, mon Maître, nous tenons le bon bout,
Je détricote ainsi, le lycée est à nous !
Ce bac là en 3 ans fait baisser le niveau,
A baisser l'exigence pour qu'ils aient moins d'infos,
Pour le bac général, je n'aurait pas de mal,
A baisser l'exigence, on trouvera normal.

LE PRESIDENT
Mon Brave Darcos 2, hé bien là nous gagnons !  
Et l'appui des élèves est bien  notre maton.
Liberté démagogue sera leur prochaine drogue
Et nous fabriquons là un fort bel épilogue :
Depuis une décennie l'enseignant fait moins grève
Continuons pour ce faire d'asséché son salaire.
Viens mon brave Darcos, portons un coup fatal,
Nommons les Proviseurs, comme le fait l'Hôpital !