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Nouvelle parution
Raison Publique n°16: Complot et Terreur - imaginaires politiques de la peur

Raison Publique n°16: Complot et Terreur - imaginaires politiques de la peur

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sylvie Servoise)

"Complot et Terreur : imaginaires politiques de la peur"

Raison publique, numéro 16, octobre 2012

Presses Universitaires de Rennes, 2012.

EAN13 : 9782753520189.


Chaque époque aurait ses peurs, chaque peur ses époques… Bien loin de décourager l’analyse, le caractère protéiforme de la peur nous invite à un double mouvement : resserrer le champ de la réflexion  et déployer le registre des moyens par lesquels on l’investit. C’est ce que Raison publique se propose de faire ici, en explorant ces deux figures centrales des imaginaires politiques de la peur que sont le complot et la terreur. Nous le savons, l’époque contemporaine associe souvent les deux ; l’exemple archétypique des peurs que suscite la crainte des complots terroristes le montre bien. Notre approche n’est pourtant pas celle-là. La richesse de sens que comprennent ces deux notions est telle qu’il nous aurait semblé réducteur de les appréhender dans les seules relations qu’elles peuvent entretenir. Elles ne sont en effet pas exactement du même ordre.
Derrière tout fait qu’elle jugera significatif, la pensée conspirationniste cherche des nécessités, des desseins, et traque le hasard, la contingence. Derrière les torts possibles, réels, imaginés ou craints, le croyant en la réalité du complot le postule : il y a, à l’oeuvre et à la manoeuvre, une intention mauvaise, dissimulée qui s’organise et attend son heure… Il se fait peur et se rassure en même temps. Il convoque toutes les puissances de l’imaginaire et de l’imagination pour dénommer et figurer l’adversaire. Pour surmonter parfois d’autres inquiétudes, d’autres effrois plus souterrains, il projette un ordre et un sens sur ce qui le menace. La terreur opère différemment. Active et passive, elle s’éprouve et s’inflige. A tel point que, par l’usage d’un même mot, on ne distingue pas l’état affectif de ce qui peut s’apparenter à une véritable politique. Penser pour elles-mêmes ces notions, en interroger les significations contemporaines et passées, c’est ainsi se donner une chance de ne pas laisser échapper ce qu’apporte en propre leur articulation.
Que se passe-t-il quand le complot et la terreur tendent à se faire culture, qu’ils nourrissent et enflamment nos imaginaires politiques et sociaux ?  Tel a été notre point de départ


Table des matières

Avant-propos
 

LE COMPLOT DANS L’IMAGINAIRE POLITIQUE CONTEMPORAIN
Introduction, par Aurélie Ledoux
« Le complot entre rhétorique théologique et rhétorique politique », par Jean-Philippe Schreiber
« Rhétorique et topique de la conspiration », par Emmanuelle Danblon et Loïc Nicolas
« Théories du complot ou théories globales : tracé d’une frontière épistémologique », par Arnaud Rosset
« L’effet "Fort" et les damnés du mythe du complot », par Gérald Bronner
« Le complot, moteur de l'histoire dite "secrète" », par Olivier Dard
« Conspirationnisme, anti-impérialisme et nouveau populisme : comment les « théories du complot » politisent le social au Venezuela de Chávez », par Frederico Tarragoni
« Réflexion sur la pensée conspirationniste », par Pierre-André Taguieff
 

IMAGINAIRES DE LA TERREUR
Introduction, par Philippe Zard et Frédérique Leichter-Flack
« La grande Terreur vue au travers d’un journal intime », par Luba Jurgenson
« Mémoire de la terreur, mémoire terrifiée », par Annie Epelboin
« La terreur d’imaginer : Zabel Essayan, Hagop Oshagan », par Catherine Coquio
« Le roman contre-révolutionnaire de Balzac à Anatole France : quelques remarques sur la mise en fiction de la Terreur », par Gérard Gengembre
« Robespierre au cinéma », par Antoine de Baecque
 

QUESTIONS PRESENTES
« Coopération, compétition et moralité : la main invisible du marché et la division du travail moral », par Pierre-Yves Néron
« L’obscurité, face cachée de la vie morale », par Roger Fjellstrom
 

GRAND ANGLE
« Agir en règle. Le pari grammatical de la sociologie pragmatique à l’épreuve de la critique », par Laurence Kaufmann
 

CRITIQUES
« Destinées contemporaines du concept de vie », par Peggy Cordon-Tessier – à propos de : Joëlle Vailly, Janina Kehr & Jörg Niewöhner (dir.), De la vie biologique à la vie sociale. Approches sociologiques et anthropologiques, Paris, Éditions La Découverte, coll. « Recherches », 2011.
« Soi-même par les livres », par Jean-Baptiste Mathieu – à propos de : Marielle Macé, Façons de lire, Manières d'être, Paris, Gallimard, coll. « Essais », 2011.
« Penser la "banalité du mal radical" avec et contre Arendt » par Marlène Jouan – à propos de : Nicolas Grimaldi, L'Inhumain, Paris, PUF, coll. « Perspectives critiques », 2011.