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« Qui dit tradition dit faute ? » La faute dans les corpus chantés du Moyen Âge et de la Renaissance 

« Qui dit tradition dit faute ? » La faute dans les corpus chantés du Moyen Âge et de la Renaissance

Publié le par Université de Lausanne (Source : Christelle Chaillou-Amadieu)

« Qui dit tradition dit faute ? »

La faute dans les corpus chantés du Moyen Âge et de la Renaissance

Ier Congrès international franco-italien « Philologie et musicologie » & Festival Musici Vagantes, Rencontres de musique médiévale

22-27 Mai 2017

Saint-Guilhem-le-Désert

 

Organisateurs :

Christelle Chaillou-Amadieu

Gisèle Clément

Federico Saviotti

Fabio Zinelli

 

Organismes partenaires :

Université Paul-Valéry – Montpellier 3

École pratique des hautes études/SAPRAT

Université de Pavie

Centre International de Musiques Médiévales – Du ciel aux marges (CIMM)

Centre d’Études Médiévales de Montpellier (CEMM, EA 4583)

 

Le Ier Congrès international franco-italien « Philologie et musicologie » prolonge deux rencontres tenues à Paris en 2013 et à Rome en 2015. Le premier colloque avait comme perspective de réunir musicologues et philologues autour de la question des sources de la poésie médiévale et de leur transmission (http://www.fabula.org/actualites/la-poesie-medievale-sources-et-transmissions-entre-philologie-et-musicologie_57026.php), et le second de rapprocher chercheurs et musiciens à propos de l’interprétation musicale des répertoires chantés du XIIe au XVIe siècle (https://www.fabula.org/actualites/documents/68376.pdf). La seconde manifestation a mis en place une formule inédite dans nos disciplines : toutes les communications résultèrent de collaborations entre philologues, musicologues ou musiciens.

La notion de « faute » soulève de sérieuses difficultés en philologie et en musicologie, mais aussi chez les interprètes. La connaissance des corpus chantés du Moyen Âge repose généralement sur des copies, que l’on imagine plus ou moins éloignées des mélodies et des textes tels qu’ils ont été composées ou interprétés en leur temps. Même si la plupart des pièces profanes écrites jusqu’au xive siècle sont attribuées, rien n’assure que les transcriptions ont été contrôlées par les auteurs. Au cours du xive siècle, le droit de regard des poètes sur l’écriture de leurs pièces se répand, mais la notation musicale en usage ne garantit pas encore une pleine conformité avec l’exécution musicale, voire avec l’intention des compositeurs. Les modalités de transmission de la tradition, orales ou écrites – performance, diffusion, circulation, transcription, réemploi… – des œuvres littéraires et musicales ont régulièrement introduit dans celles-ci des innovations formelles ou substantielles plus ou moins remarquables. Les fautes représentent la typologie sans doute la plus intéressante de ces modifications, car leur reconnaissance permet d’entrevoir un moment précis de la tradition et fournit aussi un point d’appui pour une éventuelle « reconstruction » de l’original.

En philologie et en musicologie, la « notion » de faute n’est pourtant pas abordée de la même manière et ne revêt pas non plus la même importance. Pour la critique textuelle, c’est sur les fautes évidentes et significatives que se fonde la possibilité de reconstruire la généalogie d’un texte. Cependant, la possibilité de reconnaître à coup sûr des fautes, dans une tradition qui se caractérise le plus souvent par des copistes actifs et compétents, a depuis longtemps fait débat. D’une part, dans la lignée de J. Bédier et de G. Contini, l’école néo-lachmannienne a commuté la notion de « faute » dans celle d’« innovation ». D’autre part, le courant de la « new-philology », en s’appuyant sur la réflexion de P. Zumthor et de B. Cerquiglini, a écarté de sa réflexion la notion au profit de celle de la « mouvance » ou de la « variance » de l’œuvre médiévale. Validée ou contestée, la faute a donc fait l’objet de plusieurs typologies et il reste toutefois aisé d’en délimiter certaines. La musicologie a bénéficié d’une semblable tentative de « reconstruction », entreprise notamment par Friedrich Gennrich mais initiée un siècle avant avec les premiers musicographes, tels que Fétis ou Perne. Or, contrairement à la philologie, la tentative s’avère assez marginale depuis quelques décennies : le musicologue lui préfère la notion de « variante », qui résulterait d’une intention créatrice différente. La multitude de fautes textuelles incontestables trouvées dans les manuscrits suggère cependant qu’il devait en être de même pour les mélodies. Aussi, bon nombre de musiciens considèrent-ils peu la véracité de la faute ; en la matière, perdure inconsciemment la conception romantique de l’intuition créatrice du musicien.

L’appréciation de la faute en poésie et en musique constitue donc un sujet pour lequel une réelle collaboration entre spécialistes des textes et musicologues s’impose comme une nécessité. Aussi, ajoutera-t-on la perspective diachronique et inter-corpus. La problématique pourra être traitée selon les axes suivants en mêlant philologie et musicologie ou plusieurs répertoires, en synchronie ou en diachronie :

1. Les typologies des fautes textuelles et musicales

2. Les correspondances entre faute musicale et faute textuelle

3. La notion de faute en philologie et en musicologie

4. La faute ou la notion de faute dans le temps et selon les répertoires

 

Les propositions d’interventions retenues résulteront d’une réelle collaboration entre philologue(s) et musicologue(s) (2 intervenants ou plus) sur un même cas d’espèce. Toutefois, il nous semble intéressant d’intégrer des communications ou bien textuelles ou bien musicales si elles s’inscrivent dans une vision diachronique (par exemple : du XIIe au XVe siècle, Moyen Âge et période contemporaine, Moyen Âge et Renaissance, etc.) ou si elles mêlent des corpus de traditions différentes (par exemple : trouvères et troubadours ; chant liturgique et chant en langue vernaculaire, etc.). 

Les communications (de deux intervenants ou plus) se poursuivront par deux réponses brèves (ou plus) formulées à l’avance par les intervenants du congrès et seront suivies d’un débat. Pour la bonne tenue de la formule, les textes des communications, même sous une forme provisoire, devront être envoyés au plus tard le 15 avril 2017.

En parallèle, se tiendra à Saint-Guilhem-le-Désert le festival de musique ancienne Musici Vagantes en partenariat avec le Centre International de Musiques Médiévales – Du ciel aux marges (CIMM).

Les langues officielles du congrès sont le français, l’italien et l’anglais. Les propositions de communications sont à envoyer conjointement à Christelle Chaillou-Amadieu (chaillouchristelle@gmail.com), Gisèle Clément (giseleclementdumas@gmail.com) et Federico Saviotti (federico.saviotti@unipv.it) au plus tard le 20 juin 2016. Après examen du conseil scientifique, une réponse sera donnée au plus tard en septembre 2016. En outre, nous nous tenons à votre disposition pour susciter de nouvelles collaborations.