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Pouvoirs de la littérature et modèles de la communauté

Pouvoirs de la littérature et modèles de la communauté

Publié le par Marion Moreau (Source : Chloé Tazartez)

Publication en ligne des actes de la journée d'études "Pouvoirs de la littérature et modèles de la communauté"

Dans le cadre du programme du Groupe Phi « Pouvoir, puissance, force », s’est tenue, le 11 mars 2011 à l’Université de Rennes, la journée d’études « Pouvoirs de la littérature et modèles de la communauté ».

Vous pouvez trouver ici les actes de cette journée.

Argument :

Depuis une perspective pré-moderne où la communauté conçue dans le cadre de la Cité était mue par une idéalisation de la Nature, on a glissé vers une conception moderne où la communauté se construit sur un « pacte » (hobbesien, rousseauiste) social juridico-politique visant à protéger l’individu par une structure collective. Cette appréhension moderne a été elle-même déconstruite par les approches contemporaines. Roland Barthes serait à ce titre, exemplaire d’un réinvestissement de la notion lorsqu’en 1971, il propose dans son cours au collège de France une approche idiorrythmique du vivre-ensemble qui tend à conjuguer les rythmes de chacun avec un modèle communautaire. Si ce fantasme reste encore en deçà d’une véritable pensée de la communauté, c’est qu’il se construit sur une défense de l’individu non contraint. Chez les auteurs contemporains, le paradigme individuel est dépassé par une pensée de la communauté conçue comme partage d’un manque, un vide, d’un rien qu’il ne faut pas remplir mais au contraire actualiser. Maurice Blanchot l’appelle communauté « inavouable », Marc Augé « illusoire », Giorgio Agamben « qui vient » et Jean-Luc Nancy « désoeuvrée ». Cette communauté toujours à-venir et à renouveler s’incarne dans les théories de Fish et Ouellet en un espace littéraire où le texte est saisi et créé dans un élan commun con-fondant énonciateur, énoncé et destinataire. C’est que Fish appelle «  communauté interprétative  » et Ouellet « co-énonciation ». On ne peut désormais que proposer de laisser la place ou même l’espace de la communauté à des propos plus immédiatement littéraires : comme autant de passages et de seuils pour la réactualisation de la pensée de l’être-ensemble.