Actualité
Appels à contributions
Pratiques sérielles dans les littératures médiatiques

Pratiques sérielles dans les littératures médiatiques

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Matthieu Letourneux)

Pratiques sérielles dans les littératures médiatiques

10-11 mai 2012

Université ParisOuest-Nanterre

CSLF-PHISTEM

LPCM

Les productions de la culture médiatique et les fictions impriméesde grande consommation reposent sur des principes de communication qui mettenten jeu des logiques sérielles. Ce qui les caractérise est une tendance à saisirla relation à l'oeuvre médiatisée par un ensemble plus vaste à partir duquelelle se conçoit. C'est bien un tel mécanisme que l'on peut repérer dans ladécision d'écrire ou de lire une oeuvre de genre (récit policier, d'aventures, descience fiction, etc.) ou d'investir des ensembles stéréotypiques et desscénarios intertextuels moins formalisés à l'aune desquels le récit demande àêtre évalué. C'est également dans cette perspective que se situent les auteursqui choisissent d'écrire pour une collection éditoriale dominée par descontraintes fortes (genres, valeurs, formats, public, etc.). De même, les auteursqui se lancent dans des séries à personnages récurrents thématisent-ils lesmécanismes de la communication sérielle dans leur oeuvre. Enfin, les créateursd'univers de fiction transmédiatiques conçoivent des séries avant d'inventerune oeuvre. Le développement de telles pratiques s'explique en partie parl'histoire des supports et de leur usage dans les productions de grandeconsommation qui, du feuilleton à la collection en passant par les livraisonset les fascicules, ont généralement sérialisé le texte, soit en le traitantcomme une série, soit en l'inscrivant dans un ensemble plus vaste.

Ainsi est-ce l'ensemble de la communication qui est affectépar ces mécanismes sériels. Ils se traduisent par des modes d'écriture et delecture particuliers. Le lecteur compare les oeuvres, aussi bien pour lesrapporter à ces ensembles plus vastes que pour tenter de saisir ce qui en faitl'originalité au sein de la série. L'auteur quant à lui s'inscrit dans une perspectivedialogique dans laquelle le processus de singularisation se pense dans larelation aux principes sériels. Ainsi, loin de se concevoir uniquement entermes de ressassement, les pratiques sérielles s'inscrivent tout autant dansune perspective de variation, voire de distinction, qui explique pourquoi lesgoûts des amateurs mettent en jeu des postures discriminantes, et combien lesauteurs, loin de se contenter d'exploiter des filons du genre, peuvent chercherà le renouveler ou à le sublimer.

C'est l'ensemble de ces mécanismes sériels, de la chaîne deproduction matérielle du livre à son écriture, de la narration à la diégèse, del'écriture à la lecture, que ce colloque se propose d'aborder en se concentrantsur la période qui correspond à la montée en puissance de la culturemédiatique, les années 1840-1940, mais sans s'interdire les détours vers despériodes plus récentes. On cherchera autant que possible à mettre en évidenceles articulations existant entre les différents niveaux entrant en jeu dans lacommunication sérielle (support, éditeur, conditions de production, relationaux architextes, etc.), et tentera d'en tirer les conséquences en termes depoétique et d'esthétique.

On s'intéressera aux modes de lecture et d'écriture sériels,en tentant de décrire les spécificités de communication, les jeux plus ou moinssubtils que les auteurs proposent aux lecteurs, les attentes de ces derniers etla façon dont les écrivains peuvent les surprendre ou les tromper.

On étudiera les stratégies d'appropriation, desingularisation et de resémantisation que peuvent mettre en place les auteursqui s'inscrivent dans des logiques sérielles, en essayant de décrire ledialogue entre reprise des codes (collection, genre, personnage récurrent) et réarticulations.

On tentera de réfléchir aux transformations que subissentles figures sérielles : mutations de genres, réinvention de personnagessur la longue durée, redéfinition des traits sériels suivant les pays, lesépoques et les variations des situations sociales, politiques et culturelles.On essaiera de montrer quelles sont les logiques qui permettent de concilierprincipes de transformation et de répétition.

On s'interrogera sur les relations entre sérialité etcirculation, en se demandant comment une même oeuvre ou un même personnagepeuvent s'inscrire dans des systèmes intertextuels et architextuels différentssuivant les pays, les époques et les contextes culturels.

On s'intéressera aux rôles des autres figures intervenantdans la production du sens – éditeurs, illustrateurs, traducteurs – par la miseen résonance du texte avec d'autres textes, et à la façon dont ils peuventreformuler les oeuvres et leur lecture.

Les propositions sont à renvoyer à Matthieu Letourneux (mletourneux@free.fr), avant le 15novembre 2011.

Matthieu Letourneux

Université ParisOuest-Nanterre ; CSLF-PHISTEM

LPCM (association internationale deschercheurs en littérature populaire et culture médiatique)