Poésie et photographie
Colloque organisé par :
Philippe Kaenel (UNIL),
Dominique Kunz Westerhoff (UNIL),
Serge Linarès (Université de Versailles/Saint-Quentin),
Antonio Rodriguez (UNIL)
Université de Lausanne,
Anthropole
les 6 & 7 décembre 2018
Dans le prolongement du programme « La critique d’art des poètes », qui a donné lieu à une journée d’étude à l’ENS de Lyon (7 avril 2015) et à un colloque à l’Université de Versailles Saint-Quentin (2-3 juin 2016), le centre des Sciences historiques de la culture de l’Université de Lausanne et le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin organisent à Lausanne un colloque consacré aux relations entre poésie et photographie depuis le second XIXe siècle.
Dans son numéro daté de janvier 1889, Le Mercure de France publie une « enquête sur le roman illustré par la photographie ». De fait, depuis deux décennies environ, le genre narratif se prête volontiers à l’édition ornée d’images argentiques. L’illustration photographique gagne ainsi un statut artistique, parallèlement à sa fonction documentaire dans les publications à vocation informative comme les récits de voyages (voir Marta
Pour fixer la trace. Photographie, littérature et voyage au milieu du XIXe siècle, ). Il est vrai que les progrès techniques comme la photogravure et la similigravure facilitent alors l’admission typographique des clichés dans les ouvrages littéraires. La poésie n’est pas en reste. À en croire le journal La Lumière, daté du 13 mars 1852, le recueil d’un certain Louis-Auguste Martin intitulé Promenades poétiques et daguerriennes (1850) fournirait la « première application de la photographie aux ouvrages imprimés », même s’il s’en tient au procédé artisanal des épreuves contrecollées. La poésie bénéficierait donc d’une certaine antériorité en la matière. Laissé à l’état de projet à cause des frais de tirage, l’album sur Jersey et les îles de la Manche, composé de vers et de dessins de Victor Hugo, ainsi que de photographies de son fils Charles et d’Auguste Vacquerie, en apporte une confirmation d’envergure. Il faut cependant convenir que l’illustration photographique des recueils de poésie gagne en fréquence et en intensité avec les avant-gardes historiques, au moment même où se déploie « l’imaginaire photolittéraire » (Paul Edwards, Soleil noir. Photographie et littérature, 2008). Elle ne cesse aujourd’hui d’alimenter l’édition poétique, à l’heure où le numérique, d’origine mathématique, renvoie la graphie et la photographie à leur logique d’inscription matérielle sous forme d’encre ou de lumière.