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Appels à contributions
Poésie et opposition

Poésie et opposition

Publié le par Marie Minger (Source : Ouattara Gouhé)

Appel à contribution pour un ouvrage collectif sur le sujet:

«Poésie et opposition»

 

La réflexion courante aurait tendance à considérer  le concept d’opposition dans sa stricte acception idéologique liée aux pratiques ou aux fronts sociopolitiques, économiques… Dans cette perspective, pour le moins thématique, la littérature et, de façon singulière, la poésie, s’est souvent illustrée, à travers l’espace et le temps, comme un véritable lieu d’ancrage spéculatif à visée libertaire et/ou doctrinale. La modernité poétique française, depuis le XIXe siècle notamment, est jalonnée d’auteurs et de textes évoquant, dans un  style tout aussi grandiloquent que rhétorique, l’option égalitariste. Hugo, avec ses Châtiments (1853), véritable recueil de poèmes satiriques, ferait figure de chef de file d’une poésie de combat à visée politico-sociale. Les poètes négro-africains répondraient en écho à un tel discours de l’action politique par une poésie de libération de ce qu’il est convenu d’appeler le joug colonial (Allusion est faite à la Négritude).

L’intention, dans ce premier axe, sera de montrer que l’opposition en poésie pourrait s’écrire et se déchiffrer sous la chrysalide politico-idéologique, ou sous toute autre tendance identique pertinente car, «L’imagination est à la base de l’œuvre poétique, mais si l’on veut qu’elle fasse surgir la poésie, il faut savoir se placer en opposition complète aux normes régissant notre monde, ce qui permet au poète d’agir sur lui en souverain» (Uvslokk, Geir, Jean Genet: une écriture des perversions, Paris, Rodepi BV, 2011, p. 172).Sous cet angle, votre regard critique devra porter sur les aspects de la dynamique idéologique véhiculant l’idée d’opposition au travers des écrits poétiques.

Votre point de vue personnel sur ces éléments d’analyse prendra en compte la perception d’une poésie moderne «opposite» ou non; une poésie dont l’écriture théoriquement «oppositionnelle», figurerait en quelque sorte, et de façon courante, le débat d’opinions. Autant dire que le poème, dans ses apparences génériques (lyrique, satirique, philosophique…), constitue, à l’évidence, un champ d’exposition et d’oppositions idéelles caractéristiques de la spéculation.

La production du signe comme objet pertinent de la signifiance du langage poétique suppose un double regard à la fois sur la forme hérétique du poème et la fonction extrêmement novatrice de celui-ci.

Le deuxième axe de l’analyse sera de ce fait un appel à percevoir et à repérer l’agression de/dans la langue consacrée à l’opposition en poésie. Etant entendu que le signe poétique se perpétue dans un véhicule lexical appelé mot, l’opposition sera aperçue, a priori, du point de vue langagier, comme le stipule Geir Uvslokk: «Par un agencement souverain des matériaux disponibles – les mots habituels – l’écrivain (poète) ajoute une sens nouveau à ces mots et crée ainsi un monde à part, un monde poétique. La poésie est ainsi, dans un premier temps présentée comme une opposition au monde» (ibidem).

Entre autres interrogations pour concevoir une strate analytique, celles-ci pourraient être prises en compte:

La véritable opposition poétique est-elle celle qui inscrit le verbe dans deux moules antinomiques, l’un sémiotique et l’autre mimétique? Autrement dit, l’incompatibilité grammaticale, par exemple, constatée chez Éluard ou chez Baudelaire et Mallarmé pourrait-elle constituer une preuve de scission drastique entre le poème et la grammaire du texte? Ne devrait-on pas y lire une tendance vers l’assouplissement verbal, ou simplement une gymnastique langagière identique au jeu? Par ailleurs, quelle devrait être fondamentalement la fonction de certaines formes pertinentes d’opposition en poésie et structurant des aspects figurés du poème (néologisme, archaïsme, hapax, négativité formelle…)? Comment pourrait s’appréhender, au travers d’une écriture d’opposition, l’élan novateur sous-jacent?

Le troisième axe pourrait consister en une série de réflexions sur l’utilité de l’écriture poétique incompatible dans un sens artistique, par exemple. C’est-à-dire qu’en s’opposant, par l’écriture, à tout système langagier établi, le poème n’arbore t-il pas une forme littéralement désémiotisée (n’étant plus un signe)?

Dans un tel cas, il se soustrairait virtuellement à sa fonction d’itérabilité (valeur systémique de circulation et d’échange communautaire) pour s’établir rythme, musicalité, sonorité...Nombre de poètes dits modernes, de Rimbaud à Claudel, en passant par Verlaine et Mallarmé, ont volontairement adopté, de façon parfois implacable et opposite, la présence musicalisée et rythmique du vers. Cette option ne laisse-t-elle pas le texte poétique dénué de toute signification, au regard de son caractère purement ondulatoire?

Trois axes sont proposés aux contributeurs:

Axe 1: L’idéologie (système prédéfini d’idées au plan social, politique, économique…) / Connaissance intuitive de la réalité sensible (détachement, perception et point de vue).

Axe 2: Le langage soumis à une norme / La poésie comme agression de la norme.

Axe 3:L’écriture d’information / La poésie comme une écriture de création (musicalité, rythme, sonorité).

 

Modalités de soumission:

Les articles écrits en français (40'000 signes maximum) doivent être envoyés en version Word à l’adresse mail ci-dessous au plus tard 31 Décembre 2015.

Porteur du projet:  M. Ouattara Gouhé
                              Maître assistant
                              Université Alassane Ouattara
                              Bouaké, Côte d’Ivoire
                              01 BP 563 Bouaké 01

Courriel: gouhe2010@yahoo.fr