Actualité
Appels à contributions
Mythes de la rébellion des fils et des filles

Mythes de la rébellion des fils et des filles

Publié le par Vincent Ferré

« Mythes de la rébellion des fils et des filles »

Volume collectif. Responsables scientifiques : Véronique Léonard-Roques et Stéphanie Urdician (CELIS / Université Blaise Pascal).

Appel à contribution

    Ce projet de publication s'inscrit dans le cadre du programme de recherches « Filiations mythiques : hostilités, violences, perversions » (Programme pluri-formations liant le CELIS de l'Université Blaise Pascal et l'équipe EHIC de l'Université de Limoges ; dir. V. Léonard-Roques). Il prolonge le colloque « Expositions, sacrifices et ragoûts d'enfants » organisé dans ce cadre par Alain Montandon et Sandrine Dubel (CELIS, Université Blaise Pascal, 15-17 octobre 2008).

Présentation

    Dans les sociétés traditionnelles où il garantit la stabilité de la famille comme celle de l'État, le père occupe une place dominante et se voit investi d'une autorité toute-puissante. Mais cette figure de la Loi, cette construction socio-culturelle de l'autorité, est susceptible d'être remise en cause et contestée. Car le père peut être perçu comme injuste ou despotique. Nombre de mythes, dans leurs versions les plus anciennes comme dans leurs réactualisations plus récentes, rendent compte de situations (ou de sentiments) d'oppression des fils et des filles, comme en témoignent par exemple les figures de Zeus, d'Agamemnon ou de Créon pour la civilisation gréco-romaine, laquelle regorge de révoltes filiales (Oreste, Iphigénie, Antigone…). Dans les mythes issus de la Bible, des fils tels Isaac, Esaü et Jacob, Absalon ou l'enfant prodigue s'élèvent aussi contre leur père.
    Éliminations volontaires et effectives, depuis celles qui se jouent dans les versions les plus anciennes des mythes de succession comme dans le mythe freudien du Meurtre du Père ; tentatives avortées de renversement de l'ordre des pères : de l'Antiquité à nos jours, on s'intéressera aux modalités et aux enjeux conflictuels qu'exprime, dans différents mythes, la volonté du fils de mettre fin à une situation d'oppression ou de se poser en homo novus. On se demandera aussi dans quelle mesure la matière mythique peut présenter une spécificité de la révolte des filles.
    L'enfant rebelle est-il un usurpateur ? Devient-il à son tour un « homme de fer »  (Peter von Matt, Fils dévoyés, filles fourvoyées) qui convoque le père à son propre tribunal dans un simple mouvement d'inversion et sans véritable changement structurel ? Peut-il vraiment s'opposer à l'ordre paternel, et quel est le rôle joué par les mères dans un tel conflit ? L'approche résolument diachronique qui est la nôtre nous permettra d'explorer les enjeux socio-politiques et esthétiques que les mythes de la révolte filiale peuvent sous-tendre. Si l'on prend l'exemple de mouvements littéraires comme le Sturm und Drang ou l'expressionnisme allemand qui font de l'opposition père/fils un motif central, comment le recours au mythe permet-il d'exprimer l'échec de la révolte des fils ? La littérature du continent latino-américain constitue un autre champ emblématique de l'exploitation d'un conflit à la fois historique et symbolique qui, depuis la Conquête, structure l'identité d'un lignage marqué par la violence du rapport du père à la mère. L'illégitimité fondatrice du lien filial obsède dès lors toute une littérature en quête d'émancipation, comme peuvent l'attester le modernisme, le réalisme merveilleux ou encore les nombreux essais inspirés de la Völkerpsychologie.
    On pourra aussi particulièrement se demander comment les mythes, dans leurs actualisations contemporaines, peuvent rendre compte de l'évolution de la question de la révolte face à l'effondrement de la figure du père en Occident. On pense, par exemple, à la veine narrative du Vaterroman où les enfants issus du mouvement protestataire de 1968 questionnent l'implication des pères dans le Troisième Reich comme à la catégorie contemporaine des « récits de filiation »  théorisée par D. Viart. Le retour en force des mythes se joue également dans le théâtre contemporain, en particulier dans les drames familiaux fondés sur la dés-alliance dans lesquels les violences constitutives du foyer peuvent refléter les mutations du lien social, tout en banalisant les crimes exemplaires .
    Il pourrait enfin être intéressant de se demander dans quelle mesure, à l'ère moderne et postmoderne, la déclinaison de la rébellion des fils ne cèderait pas plus particulièrement la place à une révolte des filles que les mythes seraient chargés d'exprimer.

Les propositions de contribution, accompagnées d'un résumé d'une dizaine de lignes et d'une brève présentation bio-bibliographique de leur auteur, devront parvenir au plus tard le 20 avril 2009 à :
veronique.leonard@gmail.com ET Stephanie.URDICIAN@univ-bpclermont.fr

    Les articles, à remettre au plus tard pour le 30 septembre 2009, seront soumis pour acceptation au comité scientifique composé de Pascale Auraix-Jonchière, Véronique Léonard-Roques, Stéphanie Urdician (CELIS / Université Blaise Pascal) et de Bertrand Westphal (EHIC / Université de Limoges).
Les normes de publication des Presses Universitaires Blaise Pascal seront communiquées ultérieurement aux contributeurs dont les propositions auront été retenues.