Colloque international
Musil et Wittgenstein : la philosophie, l'art et la vie
24 et 25 septembre 2010
Université Paris I - Panthéon Sorbonne
Salle Lalande - 1er étage, escalier C
Ce colloque est organisé par un groupe de doctorants et jeunes docteurs :
Anne Coignard, CREA, Ecole Polytechnique ;
Sophie Djigo, CURAPP, Université de Picardie Jules Verne
Pierre Fasula, EXeCO, Université Paris I - Panthéon Sorbonne
Joseph Spadola, EXeCO, Université Paris I - Panthéon Sorbonne
Responsables scientifiques : Christiane Chauviré et Sandra Laugier, Professeurs à l'Université Paris I - Panthéon Sorbonne
"Dès ma jeunesse, j'ai considéré l'esthétique comme une éthique". On pourrait voir dans cette affirmation de Musil tirée de ses Journaux, une version parmi d'autres d'un lieu commun amalgamant l'art et la morale. Il faut en réalité y voir l'expression d'un conviction personnelle et précise concernant les relations de l'art et de l'éthique. C'est également avec force conviction que Wittgenstein partage cette idée. Pour lui aussi, "l'éthique et l'esthétique ne font qu'un' (Tractatus, 6.421), qu'il s'agisse aussi bien de désigner par là la dimension esthétique de l'éthique, que la possibilité d'un contenu moral dans l'art.
D'emblée, il faut pourtant préciser qu'éthique et esthétique ne sont pas deux domaines circonscrits de la réalité. Chez Musil, l'éthique est bien l'aspect important de notre vie, elle a trait à ce qui nous concerne et nous émeut, et pourtant il n'y a pas de domaine proprement éthique, mais une manière de percevoir le monde et de le vivre. Pour Wittgenstein, l'éthique traverse tous les champs de la vie et ne saurait être l'objet de propositions éthiques : elle se montre dans nos conduites et nos manières de les éprouver. Concernant l'esthétique, elle peut ne peut être comprise, elle aussi, comme une domaine déterminé de la réalité, centrée principalement sur la création artistique, mais plutôt comme une dimension de notre expérience, dans laquelle sont impliquées la perception et l'affectivité. On aperçoit alors l'intérêt d'une interrogation sur la tension entre philosophie et littérature, sur le choix d'un mode d'expression philosophique et/ou littéraire qui soit approprié à ce qui, à la fois ne relève pas véritablement d'un champ de réalité, et constitue l'essentiel dans la vie humaine. De ce point de vue, Musil et Wittgenstein sont d'un grand intérêt dans leur recherche de l'expression juste et d'une écriture capable de rendre compte des expériences esthétiques et éthiques de nos vies.
Ne peut-on pas, notamment, attribuer un rôle particulier à la littérature comme voie d'accès particulièrement appropriée à l'expression d'un contenu éthique ? Mais, si l'on accepte cela, quelle place reste-t-il pour l'expression philosophique de l'éthique ?
Nous aimerions faire de ce colloque l'occasion d'aborder chez Musil et Wittgenstein cette relation entre éthique et esthétique, entre philosophie et littérature, suggérant par là que, sous des différences importantes, se trouve une certaine proximité, du moins un voisinage autour de convictions et de questions partagées. Philosophie et littérature, dans la rencontre de leurs questionnements, se laissent approcher comme deux réponses possibles à la question : "Comment bien vivre ?"
PROGRAMME
Vendredi 24 Septembre
9h00 Accueil des participants
1. L'art et la vie
9h30 Sandra Laugier, Université Paris I
L'éthique comme esthétique de l'ordinaire
10h30 Paulo Cardoso de Jesus, CREA
La vie comme oeuvre d'art : du néo-romantisme et sa critique chez Musil et Wittgenstein
11h45 Sophie Djigo, UPJV, CURAPP
"Vivre la signification" : expérience littéraire et indifférence morale
12h45 - 13h30 Pause déjeuner
2. Ethique et Littérature
14h30 Emmanuel Halais, UPVJ,
Wittgenstein et la littérature : la perspective de Cora Diamond
15h30 Anne Coignard, CREA
Qu'est-ce qu'une littérature immorale ? Le littérateur de Musil et l'artiste kitsch d'Hermann Broch
16h30 David Midgley, Saint-John's College, Cambridge
Moralité sans fondations ? Des possibilités d'orientation morale dans L'homme sans qualités
Samedi 25 Septembre
3. Connaissance romanesque et subjectivité de l'écrivain
9h30 Gerald Stieg, Université Paris III
Musil et la question de l'identité nationale
10h30 Pierre Fasula, EXeCO, Université Paris I
Musil et Wittgenstein rapportés à Kierkegaard : l'articulation de l'esthétique et de l'éthique
10h30 Jacques Bouveresse, Collège de France
Titre à venir
Pour toute demande de renseignement : pierre.fasula@free.fr