Motion en faveur d'un moratoire
dans la réforme des concours de l'enseignement
Les membres du Conseil de gestion de l'UFR de Littérature & Linguistique françaises & latines de l'Université Paris III – Sorbonne nouvelle, réunis le lundi 1er décembre 2008, déplorent la façon confuse et précipitée dont a été ouverte la réforme de la formation et du recrutement de nos futurs enseignants. Ils protestent contre un calendrier intenable qui oblige l'Université à prévoir dès la rentrée universitaire de 2009 la mise en oeuvre d'une redéfinition de concours dont le contenu et les épreuves ne sont pas même encore publiés à la date à laquelle ils se sont réunis.
Ils considèrent que cette réforme risque à terme de compromettre la qualité de la formation des élèves à tous les niveaux de l'Éducation nationale. Ils redoutent en effet la disparition d'une véritable formation disciplinaire et professionnelle des futurs professeurs. Ils s'opposent à une réforme dont les motivations profondes sont d'ordre avant tout budgétaire, qui conduit à réduire le nombre d'épreuves et, partant, la part des savoirs disciplinaires dans les concours.
Ils affirment avec force leur attachement au maintien du cadre national des concours et au maintien de l'année de stage en situation immédiatement après le succès au concours, indispensable pour de jeunes professeurs confrontés à des conditions d'enseignement sans cesse plus difficiles. Ces jeunes enseignants se verront sans cela imposer un plein service dès leur première affectation sans pouvoir élaborer progressivement leur pratique pédagogique.
Les membres du Conseil de gestion de l'UFR LLFL rappellent qu'ils ne sont dans le principe nullement hostiles à une actualisation des formations, mais redisent qu'aucune réforme ne saurait être efficace si elle est mise en oeuvre dans la précipitation, sans concertation véritable entre les acteurs concernés (UFR, IUFM, représentants des étudiants), alors même que la tutelle contraint les universitaires à penser et à créer une articulation particulièrement difficile et délicate entre préparation au concours et initiation à la recherche de leurs étudiants. Le risque de vider le nouveau cursus de Master de ses objectifs premiers n'est pas mince, et cela nécessite plus que deux mois de réflexion.
En conséquence, ils demandent que cette réforme fasse l'objet d'un moratoire d'une année et que les Ministres de l'Education Nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche s'engagent sur la tenue des concours de recrutement des enseignants pour 2010 selon les modalités en vigueur pour l'année 2009. Ils appellent la tutelle à susciter une réflexion véritable, et à engager un dialogue dans le respect de chacun.
Motion votée à l'unanimité.