Questions de société
Morituri te salutant. Réforme du Lycée: la mort des langues anciennes? 

Morituri te salutant. Réforme du Lycée: la mort des langues anciennes?

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Frédérique Fleck)

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La réforme du Lycée que le gouvernement veut mettre en place dès la rentrée 2009 signe-t-elle l'arrêt de mort des langues anciennes ? C'est ce que craignent les associations qui promeuvent et défendent l'enseignement du latin, du grec et, plus généralement, des matières littéraires. Dans le futur dispositif tel qu'il est actuellement présenté, les élèves ne pourront pas, dans les faits, suivre des modules de latin et de grec à la fois, et les élèves non-littéraires ne pourront, semble-t-il, même pas choisir de suivre des modules de langues anciennes ; la semestrialisation aura pour conséquence d'inciter les lycéens à ne suivre ce type de cours que pendant un semestre, au lieu d'une année ; enfin, l'impossibilité de valider ce type d'enseignement pour le baccalauréat a toute chance de décourager les élèves de choisir ces matières. Les mesures proposées entraîneront donc une réduction considérable des effectifs pour les langues anciennes. Quels seront alors les établissements qui pourront encore justifier d'un nombre d'élèves suffisant pour maintenir ces enseignements, surtout s'il faut, avec la semestrialisation, proposer au second semestre des cours de niveaux différenciés pour ceux qui débutent et pour ceux qui continuent l'apprentissage commencé au premier semestre ? Seuls sans doute les grands établissements des centres villes seront encore à même de proposer à leurs élèves de tels enseignements - nouvelles inégalités  géographiques et sociales.

Le sort des langues anciennes à l'Université n'est guère plus enviable : avec la mastérisation du CAPES, leur place se trouvera réduite en Lettres classiques (une seule version à l'écrit, la langue étant tirée au sort le jour de l'épreuve) et, en Lettres modernes, l'épreuve de version (langue vivante ou ancienne, au choix du candidat) risque tout bonnement de disparaître. On peut aussi se demander qui choisira encore, dans quelques années, la filière Lettres classiques en arrivant à l'Université si le latin et le grec ne sont plus étudiés au Lycée ?

On trouvera en ligne une pétition sur le site de l'association pour la Sauvergarde des Enseignements Littéraires, ainsi qu'une lettre ouverte à M. Darcos rédigée par la CNARELA à télécharger et à envoyer au ministre.