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Migrations-translations : Frontières, obstacles, contraintes et passages

Migrations-translations : Frontières, obstacles, contraintes et passages

Publié le par Vincent Ferré (Source : corinne Alexandre-Garner)

  UNIVERSITY McMASTER                                                                                                    UNIVERSITE PARIS OUEST                                                                                                                                                  

  Département de français
 Francophonie et diversité                                                                          Centre de Recherches Espaces/Ecritures(CREA)
                                                           
                                                                                                                                   Pôle de Recherche « Tout-Monde »
                                                                                                                                              Migrations/Croisements

Appel à communications
MIGRATIONS-TRANSLATIONS :
Frontières, obstacles, contraintes et passages.

DU 25 AU 27 OCTOBRE 2012 A L'UNIVERSITE MACMASTER,HAMILTON, ONTARIO, CANADA


Si Kafka écrit dans son journal « le vrai écrivain écrit pour agrandir le monde, pour en repousser les frontières […] pour que le monde soit doublé, aéré, irrigué, interrogé, illuminé par un autre monde, et qu’il devienne habitable » c’est que dès le début du vingtième siècle, et on pourrait même remonter à la fin du dix-neuvième, les migrations et déplacements de populations ainsi que
la problématique des frontières vont surgir pour s’installer et s’inscrire au coeur de la cité révélant les problèmes économiques, politiques, idéologiques, culturels et linguistiques de notre siècle commençant. Ces problèmes apparaissent en même temps que le vocable « immigration » et que la notion d’état-nation que l’immigré, souvent qualifié d’inassimilable, du moins en Europe, menacerait par sa position d’exclu de l’intérieur, mettant ainsi en relief le difficile rapport dedans/dehors que sa présence révèle.
Pour Charles-Yves Zarka, « un monde sans frontières serait un désert peuplé d’individus interchangeables », argument que ne réfuterait pas Régis Debray dans son Eloge des frontières. Il semble en effet fort peu souhaitable à l’aube du vingt-et-unième siècle de proposer un mode de lecture binaire
d’un monde manichéen ou un internationalisme revu à l’aune de la mondialisation ; il nous faut accepter aujourd’hui que « la citoyenneté politique, liée à un territoire national, c’est-à-dire des frontières historiques déterminées, ne doit pas oublier la citoyenneté cosmopolite, la seule citoyenneté qui soit naturelle et par laquelle nos destins individuels ou nationaux s’inscrivent dans le destin commun de l’humanité » , et que le monde se lit simultanément dans les formes du commun et les expériences singulières, à travers les langues et les discours de tous ordres qui en reflètent l’instabilité fondamentale.
Le démantèlement des frontières perçues comme obstacles constituerait ainsi une ouverture à autrui et, par-là, une reconnaissance de la différence, un appel à l’intégrité: « Une société unie n’est pas une société sans différences, mais une société sans frontières intérieures » (Olivier Guichard, Un chemin tranquille, 1975). Il ne s’agit donc pas de considérer la frontière uniquement comme un obstacle révélateur d’une relation de pouvoir, mais bien de l’envisager comme un seuil possible de progrès.
Car les obstacles qui parsèment la route représentent un défi difficile non seulement matériel mais aussi intellectuel, souvent douloureux, porteur de risques, mais également souvent fécond. Selon la formule de Milan Kundera, « [c]e sont les interrogations auxquelles il n’est pas de réponse qui marquent les limites des possibilités humaines et les frontières de notre existence » (L’insoutenable légèreté  de l’être, 1984). Nous sommes autant des voyageurs traversant des espaces que des passagers de la vie traversés par eux.

En effet, qu’on investisse l’espace pour l’occuper, l’intégrer ou s’en faire habiter, on n’en demeure
pas moins une contingence, un passager dont le trajet se mesure à l’aune de la difficulté du passage éternellement soumis à la limite, lieu de rencontre et de séparation entre les altérités. C’est pour rendre compte de cette limite fluctuante que le présent colloque, dans la continuité du colloque international Migrations, exils, errance, et écritures du Centre de Recherches Espaces/Ecritures de l’Université Paris Ouest-Nanterre la Défense de 2010, vient examiner les notions de migration et de translation pour évaluer la rencontre entre les altérités dans la traversée et l’investissement de l’espace. Il s’inscrit dans
la lignée du travail transdisciplinaire et international sur les Frontières, marges et confins  de ce centre de recherches mais inaugure également, d’une part, le programme de doctorat du département de français de l’Université McMaster et, d’autre part, la collaboration institutionnalisée des deux départements de nos deux universités par-delà l’océan qui nous sépare.
Cette réflexion s’inscrira dans plusieurs domaines du savoir: philosophie, sociologie, politique, anthropologie, linguistique, histoire, psychologie, psychanalyse, art. Entre autres pistes de réflexion, nous proposons, au propre comme au figuré, le voyage, la traversée, le transfert, le passage, ainsi que les contraintes (physiques, intellectuelles, idéologiques, institutionnelles, formelles, linguistiques, culturelles, etc.) qui les accompagnent et les déterminent.
Les propositions de communications (300 mots maximum) qui comporteront au moins trois mots-clefs soulignés, suivies d’une courte bio-bibliographie mentionneront « proposition de communication » comme objet et seront à envoyer   en pièces jointes avant le 15 mars 2012 conjointement à :
Corinne Alexandre-Garner : corinne.alexandre-garner@u-paris10.fr
et Maroussia Ahmed : ahmedm@mcmaster.ca
Seuls les textes sélectionnés en français ou qui auront été traduits en français et respecteront la charte éditoriale des Presses Universitaires de Paris Ouest (que l’on peut consulter en ligne) seront examinés par la suite par la commission éditoriale pour publication.