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Marguerite Duras. Une critique de la raison (ICU, Tokyo)

Marguerite Duras. Une critique de la raison (ICU, Tokyo)

Publié le par Marc Escola (Source : Olivier Ammour-Mayeur)

Marguerite Duras. Une critique de la raison

International Christian University, Tokyo,

23-24 novembre 2018

 

Comité organisateur

Olivier Ammour-Mayeur (ICU), Shoichiro Iwakiri (ICU),

Atsushi Nozawa (ICU), Mirei Seki (Aichi U.)

Comité Scientifique

Olivier Ammour-Mayeur (ICU, Vice-Président SIMD), Françoise Barbé-Petit (Sorbonne Universités, Vice-Présidente SIMD), Florence de Chalonge (Lille 3, Présidente SIMD), Cécile Hanania (Western Washington), Christophe Meurée (Archives et Musée de la littérature, Bruxelles, Vice-Président SIMD), Michelle Royer (U. of Sydney, Trésorière adjointe SIMD), Mirei Seki (Aichi U.)

 

Ce colloque entend s’inscrire dans le sillon tracé par l’ouvrage de Françoise Barbé-Petit (Marguerite Duras au risque de la philosophie, Kimé, 2010), d’une part, ainsi que dans ceux ouverts par les colloques de Göteborg (2007), sur Duras et la pensée contemporaine, et de Tokyo sur Duras et la politique après la guerre (Rikkyo, 2016). Cependant, il espère faire surgir de nouvelles pistes concernant les interactions entre la pensée durassienne, la philosophie et le politique.

En effet, tout n’a pas été dit – loin s’en faut – sur les rapports qu’entretient Duras avec la pensée spéculative et le politique.

Bien qu’elle ait souvent affirmé qu’elle détestait la réflexion théorique, elle n’a pourtant pas manqué d’y faire appel lorsque la situation, notamment politique, l’exigeait. Néanmoins, cette pensée s’articulait aux exigences éthiques de ses propositions esthétiques formulées par l’écriture – qu’il s’agisse de la syntaxe scripturaire ou cinématographique –, et jamais selon un parti pris idéologique ou dogmatique. Ce qui a pu donner, parfois, au discours durassien l’apparence d’une cacophonie parfaitement contradictoire.

Il s’agit, cependant, d’une apparence toute superficielle, qui disparaît sitôt que l’on creuse davantage les positions esthétique et éthique défendues par l’auteure. Ainsi, par exemple, clamant dans Le Camion que «Marx, c’est fini», Duras n’en finissait cependant pas de défendre un certain «communisme de pensée», qu’elle ré-élaborait sans fin; ce que Blanchot n’avait pas manqué de pointer dans sa Communauté inavouable (Minuit, 1984).

Ce colloque souhaite donc creuser davantage encore les différentes strates de la pensée durassienne dans ses interactions avec la critique de la raison. Prise en son sens philosophique le plus large possible, celle-ci inclut donc les questions du religieux et du métaphysique. On se rappellera, ici, entre autres, la passion de Duras pour les textes pascaliens.

On aimerait, particulièrement, que la “pensée-Duras” soit, à cette occasion, analysée à l’aune du politique qui a nourri toute son œuvre, qu’il s’agisse de l’œuvre écrite comme cinématographique – à ce sujet, il est intéressant de relever que ses propos sur le ou la politique sont toujours les plus explicites, et parfois virulents, dans le cadre de ses travaux sur le cinéma (on a déjà cité Le Camion, mais Nathalie Granger, Aurélia Steiner, Les Mains négatives, Les Enfants, ou encore son ouvrage Les Yeux verts, ses entretiens avec Dominique Noguez, ou le scénario de Hiroshima mon amour, sont parmi les œuvres dans lesquelles le politique tient sans doute le plus de place). Dès lors, pour ce faire, toutes les entrées dans l’œuvre, tous les modes d’analyse sont les bienvenus.

Ainsi, les études synchroniques comme diachroniques seront appréciées, afin que les différentes interventions faites lors du colloque permettent de restituer, in fine, aussi bien les positionnements ponctuels – engagement dans la résistance, contre la guerre en Algérie, pour l’insurrection de mai 68, pour la légalisation de l’avortement – que les engagements dans la durée de la part de l’écrivaine.

De même, il sera intéressant d’interroger ses silences sur certains événements historiques qui l’ont certainement touchée de près. On peut penser, par exemple, à la guerre d’indépendance du Vietnam.

Enfin, on pourra, à cette occasion, analyser l’importance des enjeux du féminisme et des questions liées à l’homosexualité dans l’évolution de sa pensée, parfois au risque d’un reniement éthique dans ce dernier cas.

Merci d’adresser vos propositions de communication (d’une durée de 20 minutes) en 200-300 mots, et accompagnées d’une notice biobibliographie à Olivier Ammour-Mayeur: olammour@hotmail.com, avant le : 15 février 2018

Réponses : 30 avril 2018

Langue du colloque : français.

 

Tous les frais seront à la charge des participants, mais nous espérons trouver des financements afin d’aider à la prise en charge des frais locaux. Nous tiendrons les personnes retenues pour le colloque informées à ce sujet dans les plus brefs délais possibles.

 

Bibliographie sélective

Madeleine Alleins, Marguerite Duras, médium du réel, L’Age d’Homme, 1984.

Françoise Barbé-Petit, Marguerite Duras au risque de la philosophie, Kimé, 2010.

Maurice Blanchot, La Communauté inavouable, Minuit, 1984.

Christiane Blot-Labarrère, Marguerite Duras, Seuil, « Les Contemporains », 1992.

Mireille Calle-Gruber, Marguerite Duras, la noblesse de la banalité, De l’Incidence, 2014.

Laurent Camérini, La Judéité dans l’œuvre de Marguerite Duras. Un imaginaire entre éthique et poétique, Classiques Garnier,  2016.

Claire Cérasi, Marguerite Duras, de Lahore à Auschwitz, Zlatkine, 1993.

Florence de Chalonge, « La question des solidarités dans les «livres-films» politiques de Marguerite Duras (1969-1977) », RSH n° 320, 4/2015.

Dominique Denès, Marguerite Duras, écriture et politique, L’Harmattan, 2012.

Marguerite Duras et la pensée contemporaine (Eva Ahlstedt & Catherine Bouthors-Paillart), Göteborgs Universitet, 2008.

Marguerite Duras, Les Parleuses (avec Xavière Gauthier), Minuit, 1976.

–, Les Yeux verts, Les Cahiers du cinéma, « Petite Bibliothèque », 1996.

–, La Couleur des mots (avec Dominique Noguez), Benoît Jacob, 2001.

Marcelle Marini, Territoires du féminin : avec Marguerite Duras, Minuit, 1977.