Essai
Nouvelle parution
M. David-Jougneau, Socrate dissident. Aux sources d'une éthique pour l'individu-citoyen

M. David-Jougneau, Socrate dissident. Aux sources d'une éthique pour l'individu-citoyen

Publié le par Marc Escola

Socrate dissident - Aux sources d'une éthique pour l'individu-citoyen
Maryvonne David-Jougneau


Paru le : 17/02/2010
Editeur : Actes Sud
ISBN : 978-2-7427-8781-4
EAN : 9782742787814
Nb. de pages : 190 pages

Prix éditeur : 18,00€




Les Athéniens du Ve siècle av. J-C. ont inventé la démocratie, la loi, la raison et la liberté du citoyen pour gérer les affaires publiques. Mais, en dehors de ce champ politique, la plupart d'entre eux - démocrates comme aristocrates- se laissaient guider par les nomoi, ces coutumes des ancêtres qui définissaient les rôles de chacun, selon un ordre à la fois social, moral et... religieux. Socrate, en s'en remettant au seul sujet pensant, clans sa recherche de ce qui est véritablement "bon" pour l'homme, brisa la légitimité de cette transmission générationnelle.

Il se mit à la place du père pour proposer une éducation à la réflexion, un autre accès à la vertu. Tous ceux qui perpétuaient l'ordre des nomoi se sentaient réellement menacés dans leurs repères par les idées nouvelles des "physiciens", sophistes ou philosophes, qui venaient les ébranler. Comme système de défense, ils projetaient une représentation fantasmée de ces intellectuels qu'ils accusaient, sans distinction, de "corruption de la jeunesse et d'impiété".

Aristophane, clans sa comédie les Ailées, ne faisait que mettre en scène ce rejet idéologique, lorsqu'il proposait de brûler clans "son pensoir" un certain Socrate... Quand, vingt-quatre ans plus tard, Anytos intente un procès à Socrate, l'opinion est sans doute de son côté. Anaxagore et Protagoras eurent aussi leur procès et connurent l'exil. C'est la démarche "dissidente" de Socrate, transgressant sciemment codes et normes du tribunal, qui le fit condamner à une mort choisie.

Il sauva ainsi la philosophie en péril dont il devint l'emblème. Le Socrate que nous découvrons, en lisant Platon mais aussi Xénophon, est à la recherche de ce qui est "essentiel" en l'homme, pour en tirer le meilleur parti. Son "souci de soi", que l'on ne peut dissocier du "souci de l'autre", prend en compte les différentes dimensions de l'humain : la pensée critique et dialectique, mais aussi la santé, l'amitié, les rôles sociaux, la loi.

II fait émerger l'individu, articulant sa capacité de rupture avec la responsabilité vis-à-vis de lui-même et du monde qui l'entoure. Il propose alors une éthique qui se confoncl avec une forme supérieure de civisme. Une utopie d'actualité ! L'auteur, en conclusion, confronte la notion de dissidence avec celle de parrêsia que Foucault définit ainsi : "Il y a parrêsia lorsque le dire-vrai se dit clans les conditions telles que le fait de dire la vérité et le fait de l'avoir dite va ou peut ou doit entraîner des conséquences coûteuses pour ceux qui ont dit la vérité."

Sommaire:

CRISE DES VALEURS DANS LA SECONDE MOITIE DU Ve SIECLE AV. JC
LA RECHERCHE ETHIQUE (EN LISANT XENOPHON)
CONNAISSANCE DE SOI ET SAGESSE (EN LISANT XENOPHON)
SOCRATE, EXTRAORDINAIRE ET DANGEREUX
CEUX QUI S'ATTACHENT A SOCRATE
CEUX QUI REJETTENT SOCRATE
UN CERTAIN SOCRATE DANS LES NUEES D'ARISTOPHANE
SOCRATE PARLE VRAI A SON PROCES
LA PROVOCATION OU L'ENTRE EN DISSIDENCE
SOCRATE ET LA LOI

L'auteur:

Agrégée de philosophie et docteur en sociologie, Maryvonne David-Jougneau poursuit sa recherche sur la dissidence.
Celle-ci a donné lieu à de nombreuses publications dont Le Dissident et l'Institution ou Alice au pays des normes et Antigone ou l'Aube de la dissidence, aux éditions de L'Harmattan. 

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On peut lire sur le site nonfiction.fr un article sur cet ouvrage:

"Retour à Socrate", par D. Bougnoux