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Littératures africaines et spiritualité

Littératures africaines et spiritualité

Publié le par Marielle Macé (Source : Centre ECRITURES)

Littératures africaines et spiritualité : sagesses ou déraisons ?


Congrès de l'Association pour l'étude des Littératures africaines (APELA)

Université Paul Verlaine (Metz) 20-21 septembre 2006

organisé par l'équipe Littérature et Spiritualité du centre de recherche ECRITURES (EA 3943)
Université Paul Verlaine Metz


Comité organisateur : Buata Malela, Pierre Halen, Danièle Henky, Jean-Paul Kwizera, Dominique Ranaivoson, Richard Samin.


Argument :

La défense et l'illustration des cultures colonisées a constitué, sinon une forme de credo, du moins une sorte d'impératif à l'époque où les littératures africaines écrites se sont affirmées et ont trouvé une première forme de reconnaissance institutionnelle, c'est-à-dire, grosso modo, à l'époque des indépendances. Cet impératif a forcément eu pour conséquence une tendance à représenter de manière a priori positive les attitudes religieuses et spirituelles liées aux cultures africaines endogènes, pour ne pas dire « traditionnelles » (adjectif qui a le défaut d'être souvent compris comme le synonyme d'authentique, de figé, d'originel, ce qu'il ne signifie pourtant pas). Dès lors, en plus ou moins grande rupture ou continuité avec le passé, selon la région concernée où le système colonial avait plus ou moins pratiqué soit l'assimilation, soit au contraire le « respect » des coutumes locales, on a assisté à une mise en valeur littéraire des symboles désignant ces cultures en tant que non-européennes (l'Islam a été le plus souvent représenté comme « local »). Ces symboles ont pu être des personnages : l'aïeul, le sage, l'ancêtre (remplaçant le « féticheur » du roman colonial) ; des rites de passage comme l'initiation ou des pratiques, relatives par exemple à des lieux sacrés, ou des objets usuels ; ou encore des discours, comme les contes, proverbes et maximes, etc.
Cette tendance a pu se marquer même chez des écrivains de sensibilité laïque et progressiste, et même à l'époque du tiers-mondisme militant. Il en reste des prolongements aujourd'hui, plus ou moins rhétoriques peut-être, mais néanmoins importants : dans la diaspora, par exemple, quel est le bénéfice institutionnel ou symbolique que l'auteur « africain » peut obtenir, de se présenter comme l'héritier d'une sagesse non occidentale, d'un « art de vivre » différemment, dans un Occident particulièrement demandeur ?
Dans la mise en fiction des mondes post-coloniaux, l'appel aux sagesses ou aux spiritualités « traditionnelles » est également significatif, et s'insère dans la recherche de figures de sens alternatives au règne de la Marchandise globalisée, de la corruption ou de la violence, du totalitarisme parfois. Il en va parfois de même des spiritualités chrétiennes, cela ne va pas sans dire.
La présence du spirituel peut ou doit aussi être observée en dehors des considérations socio-politico-culturelles, comme une dimension parfois essentielle du devenir des personnages en quête d'un sens, d'une Altérité, d'une réponse qui se situerait au-delà des éléments matériels ou rationnels. C'est là, que la réponse soit ou non accessible (puisque, comme l'on sait, Allah n'est pas obligé), un des éléments de la modernité littéraire.
La représentation littéraire des spiritualités offre donc bien des perspectives.
On peut y ajouter des regards sociologiques, visant l'histoire et l'analyse des réseaux institutionnels « religieux » : influence des réseaux missionnaires, des solidarités entre croyants ou adhérents, ceci notamment dans les phénomènes d'édition et de réception. Ces réseaux peuvent être analysés dans les faits historiques et sociologiques, mais aussi dans leur représentation par la fiction.
Il peut s'agir des spiritualités « endogènes », comme ci-dessus, mais aussi islamiques, chrétiennes, voire autres encore, y compris peut-être des spiritualités « profanes », ou à tout le moins des sagesses profanes. En tout cas, de la représentation des unes et des autres.
Il devra s'agir des littératures « africaines », bien sûr, mais l'adjectif mérite d'être à la fois précisé et élargi. D'abord dans une ouverture qui s'impose de l'écrit vers l'orature, telle que citée ou reconstituée dans l'écrit, ou encore telle qu'affleurant dans l'écrit et reconstituable par une « archéologie » du discours qui lui assure une représentation.
Ensuite dans une ouverture, qui paraît sinon s'imposer du moins promettre beaucoup, en direction des littératures « non africaines ». A commencer par la littérature coloniale et post-coloniale, dans la mesure où celles-ci ont eu aussi un programme de "représentation des cultures" africaines, donc de leurs sagesses et de leurs spiritualités ; mais surtout peut-être dans la mesure où, si l'on en croit les propositions de M. Michel dans Exotisme et création, l'exotisme a toujours eu une forte de dimension de quête du sacré (quitte à fuir, ensuite, plein de terreur sacrée). Un livre comme Le Regard du roi n'est pas pour rien sur la frontière entre des domaines qui gagnent à être comparés ou à être mis en relation.
Par ailleurs, s'agissant surtout des « sagesses » et des contes, une attention pourra être utilement portée vers les domaines que sont la littérature destinée à l'enfance et à la jeunesse, d'une part, y compris d'ailleurs éventuellement la bande dessinée qui est devenue un lieu de « recyclage » du conte ; d'autre part, les « performances » diverses de conteurs « africains » (sous forme de livres, mais aussi de spectacles, voire d'ateliers de création).
Dans le domaine de la littérature de jeunesse, le personnage du conteur est souvent assimilé au guide initiatique, au sage en tant que personne capable de transmettre l'héritage culturel et/ou sacré d'une communauté. Il serait peut-être intéressant d'étudier le conteur en tant que personnage de romans de littérature-jeunesse, mais aussi le conteur passé de l'autre côté de la barrière et, dans ce cas, devenu écrivain parfois à son corps défendant.

Une attention au « genre littéraire » (et donc aux « contraintes du genre », mais aussi, plus positivement, à ses dynamiques propres) sera opportune, d'une manière générale, dans la réflexion. La poésie, le théâtre, le roman, les « mauvais genres », etc., sont-ils plus ou moins « appropriés » ?
Quelques interventions pourront être accueillies aussi, dans une perspective comparée, concernant la représentation des sagesses et spiritualités dans la chanson, le cinéma, le théâtre, les « performances » et pratiques diverses.
Les apports concernant les littératures en langues africaines sont encouragés.
Des contributions sur le discours en général, et sur le livre en particulier (on songe par exemple au marché du livre d'art, à la question du livre illustré) sont également a priori bienvenues.
Les contributions un tant soit peu synthétiques, portant sur des ensembles, des comparaisons, des objets de portée un peu large sont souhaitées.


Délai de soumission des propositions : 31 décembre 2005
Forme des propositions : Intitulé + argumentaire de 1000 signes environ.
pierre.halen@univ-metz.fr

Note : cette rencontre est un congrès d'association. La participation suppose l'adhésion à l'Association pour l'Etude des Littératures africaines (APELA), qui pourra éventuellement se faire sur place.
Frais d'inscription au colloque : 40 euros (étudiants, boursiers, pays à devise faible : 15 euros)