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Littérature et Grande Guerre en Belgique

Littérature et Grande Guerre en Belgique

Littérature et Grande Guerre en Belgique


L'intérêt renouvelé pour la guerre de 14-18 (voir par exemple le colloque 2005 de Cerisy-la-Salle « Mémoire et antimémoires du XXe siècle : la première guerre mondiale »), s'observe aujourd'hui non seulement à travers la multiplication des travaux d'historiens consacrés à cette période clé du XXe siècle mais encore à travers l'importance que lui accorde la littérature de fiction. Xavier Deutsch et Xavier Hanotte participent en Belgique à un regain d'intérêt international dont témoignent ailleurs Pat Barker, Sebastian Faulks, Claude Simon, Jean Rouaud ou Philippe Claudel, pour ne citer que quelques auteurs parmi les plus visibles. L'actualité cinématographique récente n'est pas en reste.

C'est dans ce contexte d'actualité de la Première Guerre mondiale que Textyles. Revue des Lettres belges de langue française publiera en 2006 un numéro spécial consacré à la Littérature et la Grande Guerre en Belgique. L'ambition du volume est double : il s'agira d'une part de (re)visiter un corpus ancien qui a longtemps été négligé, de l'autre de s'interroger sur l'actualité thématique de la Grande Guerre. Il est permis d'espérer que des passerelles jetées entre la période de l'entre-deux-guerre et notre époque contemporaine viendront éclairer d'un nouveau jour la question de l'écriture de la guerre.

En effet, la Grande Guerre n'est pas seulement une période-charnière dans l'histoire de l'Europe, c'est aussi une époque qui voit s'opérer des changements significatifs dans l'image de la Belgique intra et extra muros. Elle représente encore un traumatisme par rapport auquel les différentes générations d'écrivains qui ont suivi n'ont cessé de se référer : l'exemple d'Henry Bauchau l'atteste de manière éloquente. Les positions sont multiples et ont pu varier selon les époques, puisqu'il peut s'agir pour l'auteur de témoigner, de mettre en garde mais aussi, à l'heure actuelle, de s'inscrire dans un lieu, de perpétuer une mémoire, de donner un sens à l'histoire belge et internationale.

En 14-18 et pendant la période de l'entre-deux-guerre, la Belgique a vu l'apparition d'écrivains de guerre d'importance, qui n'ont toutefois pas rejoint la liste des Barbusse, Dorgelès et Remarque : ainsi Max Deauville, dont on s'apprête à rééditer l'oeuvre. D'autres auteurs méritent qu'on s'y attarde dans une perspective qui pourrait être historique ou contemporaine, générique ou thématique. Le succès, fût-il momentané, de la poésie de guerre celle d'E. Verhaeren, mais aussi celle de L. Christophe, R. Lyr ou A. Giraud requiert qu'on s'intéresse à son fonctionnement, de même que par ailleurs la réception de certains essais ; l'activité de propagandiste des célébrités littéraires belges à l'étranger (Europe, Amérique du Nord) mérite également l'attention. Les années 1930 ont vu l'apparition d'ouvrages qui se revendiquent du climat pacifiste de l'après-guerre mais qui sont souvent publiés par ceux qui sombreront dans la collaboration (Paul Colin, Robert Poulet). L'analyse du drame patriotique avec M. Maeterlinck appelle davantage que des généralités. Dans ce corpus généralement mal connu, les ouvrages de Camille Hanlet (Les écrivains belges contemporains de langue française, tome II, Liège, H. Dessain, 1946, p. 1150-1175) et celui qui a été inspiré par Maurice Gauchez (Amicale des Ecrivains Anciens Combattants, Vingt ans après !... Récits, contes et impressions de la guerre 1914-1918, Bruxelles, Fred. Wellens) peuvent fournir un point de départ. On pourra s'interroger également sur les solidarités personnelles et institutionnelles nées du conflit mondial, par exemple sur les amitiés indéfectibles forgées au front (M. Thiry), ou très loin du front (F. Hellens à Nice).

A côté de la question du pacifisme, des regroupements thématiques peuvent s'établir autour de la littérature héroïque (M. Lekeux), du roman d'occupation (J. Tousseul, P. Broodcorens, E. Glesener, R. Vivier) ou du roman mettant en scène le retour du soldat (M. Deauville). De même certaines images fortes de la littérature de la Grande Guerre peuvent retenir l'attention : celle de l'invasion (M. Ley), celle de la mort, des conditions de vie ou encore des troupes coloniales.

Les propositions sont à transmettre à Hubert Roland (roland@licg.ucl.ac.be) et à Pierre Schoentjes (pierre.schoentjes@ugent.be) avant le 25 février 2006. Les contributions retenues seront à remettre avant le 30 juin.