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Littérature et connaissance

Littérature et connaissance

Publié le par Vincent Ferré (Source : CFP)

LISA e-journal

Littérature et connaissance

Merci d’envoyer les propositions d’article, en anglais ou en français (1 page A4 maximum), avant le 1er octobre 2007, à Véronique Alexandre ( veronique.alexandre@unicaen.fr ). Date de remise finale : 1er mars 2008


La barque contenant la dame de Shallot à la fin du poème de Tennyson nous est manifestement destinée. Car les bourgeois de Camelot debout sur le quai, bien que sachant lire, ne comprennent pas ce que veut dire le texte qui vient se glisser sous leurs yeux. Lancelot, si brillamment décrit dans la troisième partie, prononce une ou deux phrases convenues, très en deçà des possibilités d’interprétation ouvertes par la mystérieuse barque et son mystérieux contenu. Mais la dame plus haut dans le texte manque aussi de connaissances et son intuition s’en trouve limitée. Elle ne sait pas, par exemple (mais comment le saurait-elle ?), que la description de Lancelot est sous-tendue d’illusion romanesque et qu’elle se termine par un « flash » qui augure mal pour la suite, sa suite. La dame est, en fait, le jouet de Tennyson qui tout au long du poème lui reprend ce qu’il lui a donné jusqu’à lui reprendre la vie -- pour nous laisser un texte. Mais Tennyson, dont l’écriture vague a toutes les allures d’un rêve à interpréter, d’une parole inconsciente, savait-il exactement ce qu’il faisait ?

Cet exemple parmi tant d’autres pour essayer de problématiser la question de la littérature et de la connaissance, de la relation qu’elles entretiennent et qu’il est difficile, voire impossible de systématiser mais toujours intéressant d’explorer.

Qui sait quoi sur qui ? Qui comprend quoi ? Qui devine ? A qui manque-t-il des éléments pour comprendre ? Pourquoi ? Quelle preuve peut-on avoir que ce qu’on comprend d’un un texte est vrai ? Et plus largement comment peut-on en tant que « littéraire » accéder à la connaissance philosophique sans être philosophe, à la connaissance historique sans être historien, à la politique sans être spécialiste de sciences politiques, à la connaissance de l’art sans être historien d’art – en fréquentant et en comprenant les textes littéraires. Fréquentation soutenue quantitativement (la culture littéraire construite au fil du temps) et qualitativement (le temps passé sur un texte, un paragraphe, une phrase), assorties d’un retour constant sur la réalité qui nous entoure. Est-ce un leurre ou le langage sous sa forme littéraire permet-il d’accéder à la connaissance et d’élaborer par la réflexion une intelligence tout à fait complète du monde ?

 

Ce numéro de LISA sera consacré aux liens qu’entretiennent littérature et connaissance. Toutes les approches sont les bienvenues et peuvent être sous-tendues d'éléments biographiques ou personnels dans la mesure où ces éléments nous aident à comprendre si quelque chose change ou a changé dans la nature de la connaissance à laquelle les études littéraires nous permettent d’accéder. Si, par exemple, la théorie oriente obligatoirement notre lecture et donc notre connaissance des textes aujourd'hui ou si l'interprétation personnelle, libérée d’un certain nombre de contraintes liées au passé mais soucieuse, au contraire, des liens de la littérature avec le présent, tend à gagner du terrain, ou bien si les deux réussissent à co-exister dynamiquement, faisant de notre époque un moment riche, libre et heureux pour les études littéraires qu'il s'agisse des chercheurs, des enseignants ou des étudiants...