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Appels à contributions
Littérature et appétit des savoirs

Littérature et appétit des savoirs

Publié le par Vincent Ferré (Source : Blanca Acinas. Université de Burgos (Espagne))

Littérature et appétit des savoirs, exploration de quelques accointances emblématiques

 

Appel à contribution.

Date limite pour le dépôt des propositions : 30 avril 2012. Date limite pour la remise des textes : 30 novembre 2012.

Dans un cadre privilégiant fondamentalement la littérature française et, sur un mode comparatiste, les littératures ayant subi son influence, il s’agira d’explorer les relations qu’a entretenues et qu’entretient la littérature avec les différents savoirs. À travers l’exercice intellectuel et le goût de l’invention, se produit une rumination et une digestion des savoirs que postulait déjà Montaigne, quitte à se défier de certaines formes de gloutonnerie intellectuelle : « Que nous sert-il d’avoir la panse pleine de viande, si elle ne se digère, si elle ne se transforme en nous ?si elle ne nous augmente et fortifie ? » (Du pédantisme », Essais, I, 24).

Démultiplié par l’invention de l’imprimerie dans le cadre de la Galaxie Gutenberg, un appétit des savoirs colossal et contagieux se manifeste à la Renaissance dans les disciplines les plus variées, savoirs puisés dans la civilisation gréco-romaine, nourris des apports de l’Orient comme de l’oralité médiévale, mais relus, repensés, réinterprétés. Ainsi l’humanisme tend-il déjà au savoir encyclopédique. Les libertins du XVIIe siècle, Gassendi, Cyrano de Bergerac ou Théophile de Viau, entrent dans une ronde où philosophie, science et littérature se tiennent par la main. La libido sciendi, les phénomènes de babélisation, les constructions utopiques héritées du siècle précédent trouvent une cohérence au sein d’une époque qui commence à mettre en ordre cette gaiascientia. A partir de la fin du XVIIIe siècle, les avancées  des sciences et des techniques favorisent une révolution industrielle, inspirent une idéologie du progrès, donnent crédit, un peu plus tard, à la pensée positiviste de Claude Bernard et d’Auguste Comte, aux thèses de Darwin sur l’évolution des espèces, renforçant le pouvoir de la science vis-à-vis de la métaphysique. Face à un discours scientifique de plus en plus spécialisé, à ses capacités d’inventaire, de prévision, de mise en ordre du monde, largement diffusées à l’échelle de la société civile dans un souci de vulgarisation, la littérature se voit contrainte d’actualiser sa capacité à interpréter, recréer, donner à l’humain un nouveau sens. Mimant, parodiant le discours des savoirs ou s’inscrivant en faux contre lui, la littérature fraie de nouvelles voies de connaissance du monde physique et psychologique, mue par un appétit d’assimilation et de fictionnalisation d’éléments cognitifs dans le tissu de l’imaginaire. Le récit des grandes découvertes, l’évocation de divers aspects de la recherche scientifique, ou encore la mise en scène de la figure du savant sont autant d’indices de la poétisation dont la science et les savoirs ont ainsi pu faire l’objet : au-delà des enjeux esthétiques, la littérature enregistre, voire fixe la trace de leurs manifestations multiformes, dès lors qu’elle entend s’interroger sur la définition de la sagesse ; mais par-delà cette tâche séculaire, la littérature, en particulier dans ses modalités contemporaines, semble avoir fréquemment pour visée, à travers l’éclatement des genres et des registres et la mise en exergue de ses propres mécanismes, de recoller les morceaux d’un miroir brisé.

Les propositions seront adressées par courriel à Blanca Acinas (Université de Burgos) bacinas@ubu.es ou à François Géal (Ecole Normale Supérieure) francois.geal@ens.fr.

Les auteurs sont priés de joindre quelques informations sur eux-mêmes, leurs publications et leurs axes de recherche. Une réponse leur sera donnée rapidement de façon à permettre l’édition d’un volume collectif de 200 pages environ dès la fin 2012, aux Presses de l’Université de Burgos.