Essai
Nouvelle parution
Libertinage et figures du savoir

Libertinage et figures du savoir

Publié le par Nathalie Fortin

BERNIER Marc André, Libertinage et figures du savoir. Rhétorique et roman libertin dans la France des Lumières (1734-1751), Québec/Paris, Les Presses de l'Université Laval/L'Harmattan, "Les Collections de la République des Lettres", 2001.

ISBN PUL 2-7637-7824-0
ISBN L'Harmattan 2-7475-0947-8

4e de couverture :

"Je suis corps et je pense", déclare Voltaire en 1734 dans ses Lettres philosophiques, et telle est bien la nouvelle maxime que développe et illustre le roman libertin à la même époque. En magnifiant la dimension sensible de l'intelligence et de la parole, celui-ci cherche à rendre l'intensité physiologique et sensitive de l'expérience vécue en "peignant" la transformation de nos sensations en idées. Nourri par la philosophie des Lumières, le libertinage romanesque cultive en même temps une prose qui confère à la représentation des désirs une force d'enchantement suffisante pour fixer l'attention et surprendre, renverser le préjugé et séduire. Jamais autant que dans le roman libertin, les spéculations les plus savantes de la raison critique et les mouvements les plus frivoles de la sensibilité ne semblent avoir parlé à ce point le même langage. En entremêlant la licence des moeurs et les audaces de la pensée, les auteurs libertins parviennent ainsi à captiver le sens et l'esprit du lecteur au profit d'une entreprise romanesque originale où le savoir s'accomplit dans le bonheur de l'expression.

Indissociable de l'évolution des théories du discours au XVIIIe siècle, pareille promotion de l'idée de séduction et de plaisir invite dès lors à interroger le domaine souvent méconnu des traités de rhétorique de la première moitié du siècle qui forment les archives d'un art de dire destiné à s'épanouir dans l'écriture libertine.


Marc André Bernier est professeur au Département de Français de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Ses travaux portent aussi bien sur la littérature française et l'histoire de la libre-pensée au XVIIIe siècle que sur la rhétorique. Il a fait paraître une première traduction française de Figura d'Erich Auerbach (Paris, Éditions Belin, 1993) et dirige depuis 1997 l'équipe de recherche HERMES consacrée à l'histoire de l'enseignement de la rhétorique. En collaboration avec Bernard Andrès, il prépare actuellement un ouvrage qui propose un Portrait des arts, des lettres et de l'éloquence au Québec (1760-1840).