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Les parcours individuels dans leurs contextes

Les parcours individuels dans leurs contextes

Publié le par Matthieu Vernet (Source : François Théron)

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Les parcours individuels dans leurs contextes

Coordonné par Didier Demazière et OliviaSamuel

(Laboratoire Printemps / Université deVersailles St Quentin)


Les parcoursindividuels, cheminements biographiques, ou trajectoires de vie ont faitl'objet d'une abondante production dans les sciences sociales et humaines, enhistoire, démographie, anthropologie psychologie sociale, géographie humaine,sciences politiques, sociologie, notamment. L'apport attendu de ce numéro de larevue Temporalités intitulé (provisoirement)« les parcours individuels dans leurs contextes » réside dansl'exploration des manières, multiples, dont les chercheurs en sciences humaineset sociales articulent les parcours individuels et les contextes dans lesquelsils s'inscrivent, dans la réflexion sur la construction et la mobilisation descontextes pertinents dans une visée analytique, compréhensive ou explicative.

La question descontextes dans lesquels se déploient les trajectoires individuelles estcentrale pour saisir et comprendre la diversité des parcours biographiques maiségalement pour rendre compte de l'intrication d'échelles temporelles variéesqui les rythment. Pourtant la mise en contexte des biographies reste encoreinsuffisamment développée. Quelques travaux de référence ont tracé des pistespour la prise en compte de différents niveaux de contexte dans l'analyse desconduites des individus. On peut citer par exemple la monographie que P.Bourdieu consacre aux paysans du Béarn, dans laquelle il articule trois niveauxd'observation avec leurs temporalités propres : les structures sociales etleurs évolutions historiques, les expériences collectives associées aux règlesqui organisent les relations sociales locales, les parcours individuels qui s'yarticulent de manière différentielle. Dans une approche relativement différente,celle du « life course », T. Hareven intègre également plusieursniveaux de contexte, chacun ayant sa propre temporalité : le parcoursindividuel et les évènements qui le jalonne, l'inscription de ce parcours ausein d'un espace familial, qui lui-même évolue selon sa propretemporalité, et enfin les conditions historiques particulières quiparticipent à l'orientation des trajectoires.

D'autres exemplespourraient être cités bien sûr. Mais les exigences à la fois théorique,méthodologique et empirique inhérente à la contextualisation des parcoursindividuels, quelle que soit la perspective privilégiée, ont probablementcontribué à limiter leur développement. De même, qu'une frontière, pas toujoursfigée mais réelle selon les cadres théoriques de références (structures etdéterminismes sociaux d'un côté, et autonomie de l'acteur et des conduitesindividuelles de l'autre), a rendu plus difficile l'articulation des différentsniveaux de contexte. Beaucoup de travaux actuels en sciences sociales,notamment ceux qui s'appuient sur des matériaux statistiques, tendent à centrerla focale sur l'individu, à la fois unité d'observation, de mesure etd'analyse, et à le couper de ses cadres de socialisation pour ne retenir quequelques variables génériques telles que la CSP, considérées comme suffisantespour le situer socialement. Le renouvellement de la réflexion pour« desindividualiser » les parcours biographiques et les restituerdans leurs environnements sociaux et spatiaux (analyse multiniveau) est encours, mais avec un coût méthodologique lourd. D'autres innovations relatives àla collecte et à l'analyse de données biographiques individuelles mises encontexte (au niveau de l'entourage par exemple) commencent à se développer etouvrent des horizons prometteurs.

Aussi ce numéro deTemporalités vise à éclairer les articulations entre les parcours biographiqueset les contextes dans lesquels ils se déroulent. S'il est évident que lespremiers ne sauraient être dissociés des seconds, ceux-ci ne sont pour autantpas toujours renseignés empiriquement, attestés, décrits. Et l'objectif de cenuméro est d'avancer dans cette perspective, en écartant les conceptionsminimalistes des contextes, qui les réduisent à de simples toiles de fond ouarrières plans : il s'agit de prendre en compte, identifier et expliciterles médiations entre les parcours et leurs contextes. Considérant que cescontextes ne sont pas donnés, mais sont construits par l'analyse, cetteperspective est inséparable de la reconnaissance de la pluralité des manièresde définir et renseigner les contextes. Il y a une multiplicité d'opérations decontextualisation, et les effets et apports de connaissance sont directementliés à l'invention sans cesse renouvelée de contextes pertinents pour lacompréhension des parcours de vie. De plus, selon les disciplines des scienceshumaines et sociales, les différentes occurrences des contextes (et d'autresencore) sont mobilisées de manière spécifique et sont croisées de façonappropriée. Ce numéro se propose de rendre compte des manières de faire poursaisir dans un même mouvement les trajectoires individuelles et les contextesdans lesquelles elles se déroulent.

Dès lors il n'estpas dans notre intention de dresser une liste des manières de construire descontextes pour l'analyse des parcours. A titre de stimulation de la réflexionnous pouvons simplement proposer quelques illustrations, parmi d'autrespossibles, en pointant les médiations, possibles et non limitatives, entre cescontextes et les individus.

-   Le contexte peut être considéré à partir des institutions qui constituent des instances d'enracinement, d'appartenance, desocialisation, d'identification, et dans lesquelles les individus sont inscrits-selon des modalités différenciées- pour des périodes plus ou moins longues deleur biographie : famille, milieu de travail syndicats, associations, etc.

-   Le contexte peut aussi être considéré à partir des territoires qui constituent des univers de vie traversés par des événementsvariables, inattendus ou récurrents, et dans lesquels les individus sont enracinés- de manière variable - plus ou moins durablement : quartier,ville, environnement social de proximité, etc.

-   Le contexte peut encore être considéré à partir des environnements qui constituent des normes englobantes pesant sur les conditions devie, et sur lesquelles les individus ont -sauf dans des situationsexceptionnelles- peu de prise : phénomènes économiques, politiquespubliques, productions normatives, etc.

-   Le contexte peut encore être considéré à partir des époques qui constituent des périodes historiques, balisées par des épisodes etdessinant des destinées, et qui marquent -de manière diverse- les expériencesindividuelles : guerres, conjonctures, événements, etc.

-   Le contexte peut encore être considéré à partir des relations qui constituent des réseaux d'activité, d'échange, d'interaction danslesquels les individus sont engagés pour des durées et avec des intensitésvariables : liens faibles, rapports intergénérationnels, contacts, etc.

Ces cinq niveaux decontexte ne sont que des exemples, parmi d'autres possibles. Mais du moinschacun d'eux peut être considéré, pour l'analyse des parcours biographiques,sous divers angles : ce sont des univers normatifs qui fournissent ressources et contraintes pour les individus qui ysont inscrits ; ce sont des processus dynamiques qui ont leurs propres temporalités et qui dessinent des histoires ouparcours collectifs auxquels les individus se rattachent de manièredifférenciée ; ce sont aussi des espaces d'activité dans lesquels les individus sont inscrits de manière variable, que cesoit en termes de rôle, position, assignation, identification, etc.

Il est attendu descontributions ce numéro qu'elles traitent de manière centrale les liens entreparcours individuels et contextes sociaux. Il s'agit de proposer descontextualisations permettant de mieux rendre compte du déroulement desparcours individuels et de mieux identifier les mécanismes de leurdifférenciation. Comment contextualiser efficacement pour à la fois donner dusens aux parcours individuels et rendre compte de la diversité de ces parcours ?

Les articlespourront porter sur différents champs des parcours individuels (familial,résidentiel et migratoire, professionnel, de santé etc.) et pourront enarticuler plusieurs. Ils s'appuieront sur des matériaux empiriques, quelle quesoit leur nature (archives, questionnaires, entretiens, etc.). Ils aborderontde manière directe les dimensions méthodologiques de la démarche de recherche (conceptiondes enquêtes, collecte, traitement, modalités de contextualisation).

Ce numérothématique de la revue Temporalités sur les parcoursancrés dans leurs contextes s'ouvre à toute contribution émanant des sciencessociales et humaines (histoire, anthropologie, démographie, sociologie, sciencepolitique, géographie, économie, etc.).

Les auteur-e-sdevront prendre contact avec les coordinateurs du numéro (didier.demaziere@uvsq.fr et olivia.samuel@uvsq.fr) pour soumettreleur projet d'article.

Calendrier :

Réception des propositions(résumés de 5000 signes maximum) : 15 juin 2009.

Réponse des coordinateurs : 15 juillet2009

Réception des articles (50.000 signesmaximum) : 15 octobre 2009

Retour des expertises des referees : 15novembre 2009

Réception de la version révisée : 15 janvier2010

Finalisation du numéro : 15 avril 2010

Mise en ligne : 15 juin 2010