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Les Mille et une nuits : Sources, transformations et liens avec la littérature, les arts et les sciences  

Les Mille et une nuits : Sources, transformations et liens avec la littérature, les arts et les sciences

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Aboubakr Chraïbi)

Colloque

Les Mille et une nuits : Sources, transformations et liens avec la littérature, les arts et les sciences

Harvard University  (CMES) ~ Institut National des Langues et Civilisations Orientales (CERMOM,  ANR MSFIMA)

Cambridge (Boston) - 15-17 avril, 2015

 


Les ouvrages qui disposent de nombreuses sources textuelles, mais qui se sont transformés, qui ont été beaucoup traduits et ont eu une très grande influence, comme les Mille et une nuits, créent des réseaux très riches, très difficiles à délimiter. Que faut-il avoir lu, vu ou entendu pour prétendre connaître les Nuits, pour savoir de quoi nous sommes en train de parler? Du manuscrit arabe le plus ancien ou le plus complet ? L'édition de Bûlâq ou de Mahdi ? La traduction de Galland, de Burton ou de Haddawy ? La nouvelle de Poe ? L'opéra de Rabaud ? Le roman de Mahfouz ? Les essais de Borgès ? Le film de Pasolini ? Les matériaux liés aux Nuits ne cessent de s'accumuler, provenant de nombreux arts, pays, époques, disciplines, langues, …, leur périmètre ne cesse de s'agrandir, pour faire des Nuits une oeuvre universelle, de tous les points de vue.

La traduction française d'Antoine Galland, publiée entre 1704 et 1717, a eu une grande influence, a été beaucoup imitée et a même contribué à la création d'un genre littéraire (le conte oriental). Par analogie, on peut penser que l'entrée des Mille et une nuits dans le domaine de langue arabe, vers le milieu du VIIIe siècle, a eu un effet comparable sur la littérature arabe de l'époque et même sur la littérature arabe des siècles qui vont suivre. Surtout que ce contact entre le livre et la culture avec laquelle il va interagir va durer plus de mille ans. C'est la phase la plus longue de l'histoire du texte, qui a dû avoir un impact très profond. Les témoignages d'Ibn al-Nadîm ou d'Abû 'Abd Allâh al-Yamanî qui parlent explicitement d'imitations arabes des Nuits sont très favorables à cette hypothèse. De même, l'existence de nombreux ouvrages qui entretiennent par leur contenu des liens étroits avec les Nuits, comme le Kitâb al-hikâyât al-'ajîba wa-l-akhbâr al-gharîba ou bien les Cent et une nuits, montre que ce n'est pas un texte unique, mais un ensemble de texte, d'un genre particulier, que l'on peut qualifier de littérature médiane, qui était en train de circuler en même temps que les Nuits dans le domaine de langue arabe.

Parfois, c'est la transformation simultanée des Mille et une nuits et de leur environnement qui introduit une nouvelle forme d'interaction et favorise la création d'un nouvel objet culturel et de nouvelles perspectives de recherche. A partir du XIXe siècle, en effet, la nouvelle et le roman vont progressivement dominer les diverses formes de production littéraire tandis que les Nuits vont être elles aussi renouvelées grâce à de nouvelles éditions (Bûlâq, Calcutta I et II, Breslau, etc.) et de nouvelles traductions (Lane, Burton, Mardrus, etc.). Toujours inscrites dans l'actualité éditoriale, les Nuits vont entrer progressivement dans la littérature du monde par l'intermédiaire des plus grands romanciers, de l'Argentine jusqu'au Japon, mais aussi dans d'autres arts, comme la musique mais aussi et surtout le cinéma (Méliès, 1905; Reiniger, 1926), dès les débuts de celui-ci. Autre transformation remarquable, liée cette fois au monde contemporain: la naissance de plusieurs sciences, le renouvellement des outils de la recherche et la fécondité des approches interdisciplinaires, comme en sociologie, en histoire, en anthropologie, en psychanalyse ou en philosophie politique, qui adoptent les Nuits comme corpus de référence.

A la lumière de ce qui précède, nous pouvons soulever les interrogations suivantes :

Premier panel: les sources manuscrites des Nuits et la littérature arabe médiane
Que représentent les sources manuscrites arabes des Nuits par rapport à leur modèle persan perdu ? Quelles transformations ont-elles subi ? Ont-elles été imitées et par quoi ? Quels sont les autres textes qui ressemblent aux Nuits dans le domaine arabe ? Sur quels critères les regrouper ? En quoi diffèrent-ils des autres genres, comme par exemple la sîra, le conte du folklore ou le khabar ? En quoi représentent-ils une littérature médiane?

Deuxième panel : La traduction de Galland et le 18e siècle
Comment et pourquoi les Nuits se sont-elles transformées ? Quel type de littérature ont-elles représenté pour le public français ? Quel impact sur la notion de “conte” ? Comment s'est construit le “conte oriental” ? Quelles conséquences sur la littérature française voire sur la pensée et la philosophie de l'époque ?

Troisième panel : Les Nuits, la littérature du monde et les arts
Les Nuits, qui mettent en scène, par enchâssement, une dramaturgie de la création littéraire, représentent-elles un modèle pour l'écrivain et l'artiste? Parmi les centaines d'histoires des Nuits, lesquelles adapte-t-on ? Pourquoi et comment ces contes ont-ils été choisis et transformés ? Qu'en résulte-t-il en retour pour le texte initial des Nuits ?

Quatrième panel: Les Nuits, les humanités et les sciences
Comment utiliser les Nuits dans les autres disciplines ? Comment des questions qui concernent les sociétés médiévales, les religions ou l'exercice politique peuvent-elles être traitées à travers les Nuits ? Est-il possible, dans le cadre d'une recherche interdisciplinaire, d'utiliser par exemple l'aspect thérapeutique des récits de Shahrazâd en médecine ?

 

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Le Center for Middle Eastern Studies’ Working Group on Middle Eastern Literatures,  The Department of Comparative Literature, The Department of Near Eastern Languages and Civilizations, Harvard University,  en partenariat avec le Centre de recherche Moyen-Orient Méditérranée de l'INALCO (ANR MSFIMA : Les Mille et une nuits : Sources et Fonctions dans l’Islam Médiéval Arabe), serait très heureux de recevoir des propositions de communication qui correspondent à l'un des quatre panels décrits ci-dessus.

 

Les résumés des propositions  (moins de 300 mots) doivent être envoyés au Professeur Aboubakr Chraïbi à l'adresse : aboubakr.chraibi@inalco.fr, au plus tard le 15 octobre  2014. Les communications peuvent se faire en anglais, en arabe ou en français. Les propositions doivent être transmises au format Word uniquement : elles devraient présenter de solides arguments sur leur lien avec la thématique du colloque. La communication ne doit pas dépasser vingt minutes afin de laisser du temps pour la discussion.

Envoyez s’il vous plaît votre proposition sur deux fichiers séparés : l’un avec uniquement le titre et le résumé ; l’autre avec vos coordonnées personnelles, le titre de la communication et toutes les informations utiles. Les propositions seront évaluées de manière anonyme par les pairs. The Center for Middle Eastern Studies  à Harvard ne demande pas de frais d'inscription,  il offre les repas et l'hébergement à Cambridge (Boston), aux Etats-Unis,  au cours de la conférence, cependant, les participants auront à prendre en charge les frais de leur  voyage vers et depuis Boston.

Pour plus d'informations n’hésitez pas à contacter Elizabeth Flanagan : elizabethflanagan@fas.harvard.edu

 

Comité d'organisation:

  • Sandra Naddaff (Havard U.)
  • Aboubakr Chraïbi (Inalco, Paris)
  • William Granara (Havard U.)
  • Adresse :
    Cambridge (Boston)