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Les lectures de la "première fois". Lectures d’enfance et découverte d’un genre littéraire (Poitiers)

Publié le par Marc Escola (Source : Antonia Zagamé)

Les lectures de la « première fois » 

Lectures d’enfance et découverte d’un genre littéraire

Journée d’études organisée par le FoReLLIS (EA 3816) équipe B2

Université de Poitiers, le 14 juin 2018

 

Organisateurs : Patrick Née, Antonia Zagamé

 

Qu’est-ce c’est que faire « l’expérience d’un genre » ? se demandent Marielle Macé et Raphaël Baroni dans Le Savoir des genres (2007). Comment le prisme du genre agit-il durant la lecture ? Pour reposer cette question un peu différemment, cette journée d’études entend se consacrer à la représentation des lectures d’enfance, avec l’idée que celles-ci peuvent offrir la possibilité de se demander ce qu’est, au rebours de la situation la plus répandue, une lecture sans connaissance, sans conscience générique. Lorsque sa mère lit au petit Marcel, dans Du côté de chez SwannFrançois le Champi, celui-ci dote l’œuvre de George Sand de qualités extraordinaires parce que c’est le premier roman qu’il lit et qu’il ne sait pas que certaines de ses qualités sont propres à tous les romans… L’enfant dans ce cas ne maîtrise pas le répertoire générique que se constitue plus tard le lecteur et qu’il fait jouer durant l’acte de lecture. Or cette situation qu’on trouve évoquée dans La Recherche du Temps perdu est caractéristique d’un certain nombre d’expériences de lectures qu’on pourrait appeler les « lectures de la première fois » : cette expression peut servir à qualifier une première lecture, d’enfance ou de jeunesse, d’autant plus marquante et décisive qu’on ne maîtrise pas encore les codes du genre, que la réception n’est pas guidée par une forme de routine qu’on va acquérir ensuite avec la connaissance des codes génériques.

Les contributions évoqueront des récits de lecture d’enfance ou de jeunesse, aux différentes époques de la littérature, sous l’angle des relations entre lecture et genre. Différents corpus seront envisagés :

-les témoignages de lecture empirique, qu’on peut trouver notamment dans l’autobiographie, les correspondances… Les souvenirs de lectures d’enfance d’écrivains apparaissent comme un riche champ  d’étude pour cette question.

-la fiction, essentiellement romanesque, et les représentations des lectures d’enfance qu’elle contient, mais aussi la poésie ou le théâtre s’ils sont concernés.

Plusieurs questions pourront être abordées :

-comment se passe, à un niveau très concret, la rencontre avec un texte dont on ne maîtrise pas les codes, avec les règles duquel on n’est pas familier ? Dans lequel on n’identifie pas d’emblée « la part de généralité et de connu » (Marielle Macé), comme la part d’unique et de singulier ? Comment s’effectue dans ces conditions la communication entre le texte et son lecteur ?

-Dans quelle mesure cette lecture de la « première fois » constitue-t-elle une rencontre mémorable, qui parfois décide d’une vie, d’une vocation ? En quoi cette lecture de découverte est-elle une lecture révélation ? Comment une rencontre qui paraît placée sous le signe de la contingence (le hasard fait que telle œuvre donnée est le premier roman, le premier poème qu’on lit…) peut avoir un tel retentissement sur une existence ?

-comment se déroulent les lectures suivantes, lectures intermédiaires qui n’ont plus l’intensité de la première, mais qui bénéficient de premiers repères intertextuels susceptibles de les guider ? Comment s’acquiert progressivement la « compétence » générique et que modifie-t-elle dans le rapport du lecteur au texte ?

- Ces différentes perspectives pourront permettre de réexaminer la question des rapports entre genre et lecture en envisageant le problème dans l’autre sens : qu’est-ce que ces lectures « de la première fois » privées de toute conscience générique, de tout filtre correcteur, peuvent nous apprendre, à rebours, sur le rôle du genre pendant la lecture ?

 

Programme de la journée d’études

Lieu : salle Mélusine de la M.S.H.S.

(M.S.H.S. - Bâtiment A5   5, rue Théodore LEFEBVRE – Poitiers)

 

Matinée

Modérateur : Patrick NEE

10h15 Accueil des participants et ouverture de la Journée

10h30 Antonia ZAGAME, Maître de Conférences à l’Université de Poitiers

« La rencontre manquée d'Emile avec les Fables de La Fontaine chez Rousseau »

11h00 Pierre LOUBIER, Professeur à l’Université de Poitiers

« Scènes de lecture chez Lamartine »

11h30 Discussion

11h45 Pause

12h00 Nathalie RANNOU, Maître de Conférences à l’Université de Rennes 2

« La lecture-événement : représentations d'une expérience »

12h30 Discussion

12h45 Déjeuner salle Thélème (sur le campus)

 

Après-midi

Modératrice : Antonia ZAGAME

14h15 Marie-Annick GERVAIS-ZANINGER, Maître de Conférences honoraire à l’Université de Lorraine

« Julien Gracq lecteur de Jules Verne »
14h45 Alix MARY, PRAG à l’Université de Poitiers

« A l'origine d'une vocation d'écrivain : Jean-Paul Goux lecteur de Gracq et de Lautréamont »

15h15 Discussion

15h30 Pause

15h45  Patrick Née, Professeur à l’Université de Poitiers

« Premières lectures d'un poète, Yves Bonnefoy »

16h15 Discussion et clôture