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Les enjeux contemporains des liens entre les sciences et la démocratie

Les enjeux contemporains des liens entre les sciences et la démocratie

Publié le par Camille Esmein (Source : Lionel Larqué)

CONTEXTE GÉNÉRAL DU SÉMINAIRE PERMANENT:

Dans une démocratie chahutée depuis de nombreuses années, le statut du savoir, au-delà des enjeux économiques, touche au coeur même du projet républicain et civique : l'accès aux savoirs, la gestion de la sur-information et de l'apparente accélération des connaissances, la réactualisation des processus d'éducation populaire, le prisme puissant et spectaculaire de la médiatisation.

Dès lors, deux enjeux (en partie contradictoires) se chevauchent. D'un côté les enjeux de politique prospective de mutation de notre système de production en économie compétitive de la connaissance (stratégie de Lisbonne). De l'autre les enjeux démocratiques visant soit à combler une hypothétique « fracture éducative et intellectuelle » en diffusant toujours et encore, sans relâche, des savoirs modernes et réactualisés (musées, CCST etc) soit à stimuler des politiques de médiation scientifique (et donc d'actions concrètes de terrain) au plus près des territoires de vie, en fonction d'analyses territoriales précises, sur les liens entre savoirs (scientifiques en général) et préoccupations de tous les habitants, où qu'ils vivent (urbanisme, participation, écologie).

Malgré tout, quelles que soient les grandes orientations qui furent choisies ou qui le seront, nous nous retrouvons face à un fossé qu'aucune politique ni organisation d'envergue ne prend en compte : l'articulation et le dialogue entre les décideurs (politiques notamment), les laboratoires de recherche, les acteurs associatifs de terrain et le monde de l'entreprise. Alors que le dialogue entre les deux premières catégories est institué depuis des décennies et qu'il est au coeur des grandes orientations scientifiques et industrielles - de notre pays, le troisième acteur [que l'on catégorise en général comme agissant dans le « champ » de la culture scientifique et technique (CST)] est exclu des débats et des choix des grandes orientations. Quant aux médias, ils sont un peu en marge, puisque ne relevant pas d'une logique de coordination sociopolitique. Perturbant le jeu des équilibres et des légitimations entre les trois premières catégories d'acteurs précités, ils permettent à chacun d'eux de se défosser de leurs responsabilités collectives en leur imposant, tous, de se positionner presqu'exclusivement par rapport à eux, favorisant un jeu dangereux de surenchère. La plus grande perturbation étant sans aucun doute d'imposer un « temps », qui est le temps médiatique, incompatible avec leurs rythmes organiques.

Nous faisons l'hypothèse que pour traiter des questions de désaffection des jeunes pour les carrières scientifiques, des crispations civiques qui émergent depuis les années 1980 liées à la densification des crises sanitaires, environnementales et des débats éthiques, il est urgent et stratégiquement fondamental de créer et d'animer un espace de dialogue permanent entre ces cinq catégories d'acteurs : responsables des politiques publiques, acteurs de terrain, chercheurs, médias et entrepreneurs.

Cette posture est au coeur de ce séminaire permanent que nous vous proposons. Nous vous convions, dès la fin de l'année, et ce jusqu'à la saison universitaire 2008/2009, à partager avec nous vos analyses, options, études et actions.

De par les questions spécifiques (les métiers et leur évolution, la valorisation de la recherche par exemple) mais aussi transversales (participation des habitants, sociologie des pratiques « citoyennes », cohabitation médiatique notamment), nous souhaitons aborder trois catégories de question :

1) des éléments d'analyse, d'opportunité et de perspectives de lien professionnel entre les chercheurs et la société (intégration de cette dimension dans la gestion des carrières, la valorisation de la recherche au-delà des brevets etc)

2) des éléments d'analyse historique, d'actualité et de prospective du monde de la médiation scientifique en France et en Europe (acteurs associatifs, musées, collectivités locales et territoriales)

3) des éléments d'analyse socio-politique et socio-historique des modes de participation et d'engagement de la société vis-à-vis des questions scientifiques (nouvelles alliances chercheurs et citoyens, modes contemporains de participation des citoyens)