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Les chantiers plastiques de Georges Schwizgebel

Les chantiers plastiques de Georges Schwizgebel

Publié le par Florian Pennanech (Source : Patrick Barrès)




« Les chantiers plastiques de Georges Schwizgebel »
Journée d'étude

Vendredi 7 mai 2010

Université de Toulouse II-Le Mirail
LARA (laboratoire de recherche en Audiovisuel), équipe SEPPIA

Salle de spectacle de l'ESAV (RDC) - 56 rue du Taur, 31000 TOULOUSE




Georges Schwizgebel est l'un des grands noms du cinéma d'animation contemporain. Il a réalisé une quinzaine de courts métrages, dont Perspectives (1975), Hors-jeu (1977), 78 tours (1985), La course à l'abîme (1992), Fugue (1998), La jeune fille et les nuages (2000), L'homme sans ombre (2004), Retouches (2008). Ces films impliquent des scénarios étroitement liés aux chantiers de création et aux ressources plastiques dans le fil même des processus narratifs. Cette journée d'étude se fixe comme objectif d'exposer quelques-unes des problématiques caractéristiques des peintures animées de Georges Schwizgebel.





Programmation



14 h Accueil - projections

14h30 Sébastien DENIS, «  L'oeil-caméra-pinceau de Georges Schwizgebel »

15h Gilles METHEL, « Les chiffres et les lettres de Schwizgebel »

15h30 Discussion – Pause

16h00 Céline HENRY, « Les recouvrements de l'ombre »

16h30 Patrick BARRÈS, « Le fard et la cendre : La jeune fille et les nuages de Georges Schwizgebel »

17h00 Discussion - Synthèse



Coordination scientifique : Patrick Barrès (p_barres@club-internet.fr)
Organisation et communication : Alexandre Tylski (a.tylski@wanadoo.fr)

Résumés

Sébastien DENIS, « L'oeil-caméra-pinceau de Georges Schwizgebel »

La reprise des techniques cinématographiques est très importante dans les films de Schwizgebel. Celui-ci détourne en effet la « grammaire » traditionnelle des films en prise de vue réelle (cadrage, travelling, plan-séquence, etc.) au profit d'un flot ininterrompu de peinture. Il met également en scène de manière plastique, dans une mise en abyme récurrente, les processus de fabrication (décompte, amorce, bobine) et de projection (appareil, salle, écran) du cinéma, ainsi que les techniques liées à la naissance des images animées et de l'animation (chronophotographie, praxinoscope). Ainsi propose-t-il une synthèse remarquable entre cinéma et animation, grâce à un « oeil-caméra-pinceau » capable de témoigner d'un art en train de se faire.

Sébastien DENIS, Maître de conférences Cinéma, Université de Provence, chercheur associé au Laboratoire Communication et Politique du CNRS, auteur de Le cinéma d'animation (Armand Colin, 2007), Le cinéma et la guerre d'Algérie – La propagande à l'écran (Nouveau Monde Editions, 2009), coordonnateur du numéro de CinémAction sur « Arts plastiques et cinéma » (2007)

Gilles METHEL, « Les chiffres et les lettres de Schwizgebel »

On le sait les génériques de films, lorsqu'ils sont réalisés avec brio, peuvent être considérés comme une mise en abyme du film tout en entier. Regarder avec attention l'introduction des films de Schwizgebel peut permettre de parcourir globalement son oeuvre. On peut considérer qu'aborder un travail graphique aussi riche uniquement sous l'angle de ses génériques c'est peut-être une façon de regarder les choses par le petit bout de la lorgnette ! Et si au contraire, on avait là un effet de loupe ? Les génériques de Shwizgebel font partie intégrante de ses films… Les génériques mais aussi, fréquemment, les décomptes que d'ordinaire le spectateur ne voit jamais. Le passage de l'incipit au film se fait souvent dans la continuité plastique, sans rupture et c'est d'ailleurs ce qui rend les uns et les autres indissociables. Comment à partir des signes les plus basiques, les chiffres des décomptes et les lettres des génériques, Schwizgebel va-t-il essayer d'introduire ses films mais aussi d'en donner, d'une certaine façon, une interprétation synthétique. Le traitement des chiffres et des lettres est très caractéristique chez Schwizgebel, traitement en volume souvent, effets 3D (à la main), ombres portées, traitement des couleurs et choix des polices de caractères, tout vise à donner aux signes une réalité matérielle et plastique. Les signes deviennent alors les objets d'un espace virtuel et ils vont nous servir de clé pour entrer dans les films.

Gilles METHEL, Professeur Infographie et multimédia, infographiste, responsable du parcours Infographie et Multimédia du master Études Audiovisuelles de l'ESAV, auteur de textes critiques sur le cinéma, le graphisme et l'infographie.

Céline HENRY, « Les recouvrements de l'ombre »

L'ombre tient une place prédominante dans les films d'animation de Georges Schwizgebel. Sa présence très forte, en termes de récurrence et de contraste, ainsi que les conséquences « malheureuses » que génère son absence dans le film L'homme sans ombre, témoignent de l'importance de son rôle. Nous cheminerons donc avec l'ombre à travers les espaces qu'elle recouvre ou qu'elle ouvre, en nous intéressant essentiellement à ses spécificités plastiques. Nous tenterons ainsi de déterminer de quelle façon l'ombre participe à l'élaboration et à l'animation de l'espace pictural. Nous verrons ensuite comment elle parvient à mettre en évidence le processus de création de l'oeuvre, tout en entretenant l'illusion et le mystère.

Céline HENRY, Doctorante en Arts plastiques, plasticienne photographe, LARA/SEPPIA, Université Toulouse II-Le Mirail
(sujet du doctorat : « Espaces d'actions photographiques et lieux de fictions »)

Patrick BARRÈS, « Le fard et la cendre : La jeune fille et les nuages de Georges Schwizgebel »

Dans son film La jeune fille et les nuages, Georges Schwizgebel s'emploie, selon ses propres termes, à « dessiner les nuages » qu'il voit « de son atelier » et à « raconter l'histoire de Cendrillon ». Le film alterne ou combine, suivant le flux des images en mouvement et au moyen de dispositifs tendus entre cadrage et décadrage, des scènes d'intérieur et des étendues paysagères, des univers d'ombre et des mondes de lumière. Les tensions dialectiques opèrent sur le plan plastique entre les différents registres du dessin d'épure et des marques d'esquisse, entre les lignes de force du dessin et les lâchers prises du coloris, entre les différents domaines chromatiques des gris et des rouges, des couleurs cendrées et des couleurs fards. Le cinéaste noue finalement aux dessins de nuages « matières à perturbations », en épanouissements graphiques et chromatiques dans le ciel ou en plages sourdes et informes ramassées au coeur du foyer, le modelé de lieux de couleurs mêlées.

Patrick BARRÈS, Professeur Arts appliqués, Arts plastiques, plasticien, LARA, Université Toulouse II-Le Mirail, auteur de textes critiques sur le cinéma d'animation, les arts visuels et les pratiques du site, auteur de Le cinéma d'animation, un cinéma d'expériences plastiques (L'Harmattan, 2006), Expériences du lieu : architecture, paysage, design (Archibooks, 2008).