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Le Proche (esthétique & sociologie)

Le Proche (esthétique & sociologie)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Lambert Barthélémy)

LE PROCHE

Notion d'esthétique et de sociologie (à partir de Georg Simmel)

Georg Simmel observant, dans son article « Esthétique sociologique » (1896), les productions du naturalisme et du symbolisme, comprend les premières comme « tentatives désespérées de saisir la proximité et l'immédiateté des choses », et les secondes comme une « conséquence de l'hyperesthésie qui repousse tout contact énergique et ne veut qu'effleurer les choses ». Walter Benjamin, dans l'essai sur L'Oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique, note que le désir des masses est de « rapprocher toujours plus d'elles-mêmes les objets et de s'en emparer par la copie, la reproduction ».
Comment, dans la société et l'art contemporains, le besoin de proximité et d'appropriation analysé par Benjamin se satisfait-il ? L'hyperesthésie diagnostiquée par Simmel s'est-elle aiguisée ou émoussée ? Par quelles formes et procédés (gros plan, exhibition, provocation, autofiction) l'art rend-il les choses – nous rend-il les uns aux autres toujours plus et toujours plus immédiatement accessibles et disponibles ? Les nouvelles formes et idéaux de socialisation et de communication (Village Global, Toile, libre concurrence, téléphonie mobile, SMS, forums de discussion internet, blogs, etc.) ont-ils pour effet ou fonction de rendre supportable la « promiscuité » ? La proximité, le « tout proche », le « à même » (à même le combattant américain débarquant sur la plage normande, dans le film de Steven Spielberg), le « close up » et le « blow up », rendent-ils le spectateur mieux informé et plus sage ?
Empathie générale : est-ce la passion contemporaine dominante, et l'art se donne-t-il pour tâche de desservir ce besoin d'égalité, ou d'égalisation, d'homo democraticus ? Rapprocher, est-ce nécessairement rendre égal, et le rapprochement extrême ne produit-il pas un effet d'indifférence ou d'incompréhension ? Que deviennent le temps de la réflexion, la profondeur historique et la saisie de la complexité, si c'est la réaction immédiate et épidermique qui règle la réception ? Y a-t-il un proche inaccessible, et qu'est-ce qui donne (encore) le sentiment du prochain ?

La notion de « proche », le colloque la conçoit, à la suite de Simmel et de Benjamin, comme ressortissant tout ensemble à l'esthétique et à la sociologie. Sont donc attendues des communications qui, quelle que soit la forme d'art retenue (photographie, cinéma, théâtre, roman, poésie, architecture, etc.), se proposent de décrire, dans les oeuvres, les effets de proximité et de rapprochement comme des phénomènes sociaux impliquant une idée de « communauté », ou à l'inverse considèrent un phénomène de socialisation selon ses conséquences esthétiques et artistiques. Il s'agirait, dans l'un et l'autre cas, de réfléchir sur une aisthêsis nouvelle, sur sa naissance (rendue possible par les techniques de reproduction, de diffusion et de communication) et sur son développement actuel. La période retenue va, ainsi, de l'époque de Georg Simmel (alentour de 1900) à nos jours.


Le colloque se tiendra les 15 et 16 novembre 2007, à l'Université Montpellier III. Vous pouvez adresser vos propositions de communication jusqu'au 15 mars 2007 à :

Michel Collomb:  collomb.michel2@numericable.fr
Philippe Marty: Philippe.MARTY@unice.fr
Lambert Barthélémy:  lambert.barthelemy@libertysurf.fr

  • Responsable :
    Centre d'Étude du XXe siècle
  • Adresse :
    Université Montpellier 3