Questions de société

"Le grec et le latin pour préserver l’esprit du 11 janvier", par William Marx

Publié le par Bérenger Boulay (Source : William Marx)

Le grec et le latin pour préserver l’esprit du 11 janvier

par William Marx

Libération, 29 avril 2015 

Beaucoup a été dit déjà pour défendre l’enseignement du grec et du latin, menacé par les réformes en cours au collège. On a parlé de la rigueur intellectuelle exigée par leur apprentissage, de la beauté de ces cultures, de la forte altérité à laquelle elles nous confrontent, de l’importance de la connaissance du latin pour mieux comprendre le français, etc. Tout cela est vrai et ne souffre guère la discussion.

On a dit aussi, par une sorte de retournement paradoxal, que la valeur de l’apprentissage de ces langues consisterait en leur apparente inutilité dans un monde obsédé par l’efficacité économique à court terme. Cet argument du «détour», déjà formulé par Jacqueline de Romilly dans les années 80, part d’un excellent sentiment.

Je le crois cependant dangereux et erroné : s’il faut continuer à enseigner le grec et le latin, ce n’est pas parce que ces langues seraient inutiles, mais parce que justement elles se révèlent d’une utilité capitale pour notre monde d’aujourd’hui, celui d’après les attentats contre Charlie Hebdo, où l’on voit le fanatisme religieux opérer partout massacre sur massacre, les terroristes détruire systématiquement les vestiges des civilisations qui les ont précédés, et des populations entières prêtes à tout risquer pour se réfugier de l’autre côté de la Méditerranée.

La suite.

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