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Identifier l'ironie (séminaire Anachronies)

Identifier l'ironie (séminaire Anachronies)

Publié le par Frédérique Fleck

Séminaire « Anachronies : textes anciens et théories modernes »

 

Séminaire transversal DSA - LILA (ENS), en collaboration avec l’Atelier de théorie littéraire de Fabula

Lire les actes du séminaire dans l'Atelier de Fabula: Anachronies.

 

 

Séance 2 : Identifier l’ironie

Vendredi 16 novembre 2012, 14h-16h, ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris, salle Cavaillès

 

Coordination : Myriam Diarra, Frédérique Fleck.

Intervenants : Myriam Diarra, Frédérique Fleck, Sarah Legrain.

 

L’application du qualificatif d’« ironique » à un texte ancien ne semble a priori poser aucun problème : le terme, d’origine grecque, remonte à la plus haute antiquité. Ce que l’on a pu désigner par ce concept d’« ironie » a pourtant varié à travers le temps. Du contraria dicere de Cicéron aux mentions de Sperber et Wilson, la théorisation du phénomène a changé ; souvent identifié à l’antiphrase, il est tantôt étendu au-delà, tantôt réduit par l’exclusion des astéismes ; certains lui annexent le territoire de la parodie et du pastiche, d’autres l’en distinguent radicalement. Son appréhension, positive ou négative, est également fluctuante à travers les âges. Ainsi, au XVIIIe siècle, les commentateurs de la comédie spirituelle, et en particulier marivaldienne, formulent de fortes critiques à l’égard de l’« esprit », qui ferait parler les personnages comme l’auteur lui-même. On peut se demander s’ils ne perçoivent pas alors, dans ce qu’ils nomment « esprit », l’ironie comme phénomène polyphonique, au sens où l’entendent les théories énonciatives modernes, tandis que pour eux « ironie » n'est souvent qu’un synonyme peu usité de « raillerie ».

La question de l’identification de l’ironie n’est pas seulement celle de sa catégorisation, mais aussi, bien sûr, celle de sa réception. En ce que sa compréhension nécessite le partage d’un certain nombre de valeurs, l’ironie pose avec une acuité particulière le problème de la distance temporelle et culturelle, de la connaissance de l’auteur et de ses intentions. Quelles sont dès lors les données textuelles sur lesquelles la perception de l’ironie peut se fonder ? Existe-t-il de tels indices ou sont-ils eux-mêmes déjà construits par l’interprète ? Le traité Sur la déesse syrienne, lu par les uns comme un document cultuel d’auteur anonyme, par les autres comme un pastiche qu’ils attribuent à Lucien de Samosate, constituera pour ces questions un terrain d’investigation privilégié.

 

Bibliographie :

- Fish, Stanley, « Short People Got No Reason to Live: Reading Irony », Daedalus 112, Reading: Old and New, 1983, p. 175-191.

- Géraud, Violaine, La Lettre et l'esprit de Crébillon fils. Paris : Sedes, 1995 ; voir en particulier, dans le chapitre 1 (« Vers une théorie de l'ironie »), la section « Une figure de pensée insaisissable », p. 7-28.

- Robinson, Christopher, Lucian and His Influence in Europe. Londres, Duckworth, 1979 ; voir le chapitre 5 : « Ingenuity and Humour », p. 20-45.

- Sperber, Dan et Wilson, Deirdre, « Les ironies comme mentions », Poétique 36, 1978, p. 399-412.

 

NB : La bibliographie est restreinte à dessein pour que les participants puissent prendre connaissance de l’ensemble de ces textes, qui serviront de base commune à la discussion.

 

illustration : M.C. Escher, Drawing Hands, 1948