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Le conte dans tous ses états : XIXe-XXIe siècles

Le conte dans tous ses états : XIXe-XXIe siècles

Publié le par Université de Lausanne (Source : Florence Fix)

Le Conte dans tous ses états : roman, théâtre, danse, cinéma, bande-dessinée, photographie, publicité, musique, séries télévisées

Projet de volume collectif

Délai pour l'envoi des propositions: 1er septembre 2016

 

Les reconfigurations du conte européen, après avoir été longtemps l’apanage du cinéma, rencontrent la danse (Blanche-Neige, ballet Preljokaj, 2008) et le théâtre vivant (réécritures à proprement parler, comme le Barbe-Bleue de Jean-Michel Rabeux, 2014-2015) sans plus se cantonner aux adaptations / interprétations pour jeune public (Joël Pommerat, Cendrillon, 2011). C’est donc l’étude d’un état polémique, politique éventuellement (Tahar Ben Jelloun, Mes Contes de Perrault, 2014), subversif ou désobéissant, ironique et nomade, de la publicité aux éditeurs parisiens (Eric Reinhardt, Cendrillon, Eric Chevillard, Le vaillant petit tailleur) et tous publics, du conte qui nous intéresserait ici. Dans le domaine visuel tout particulièrement il s’agirait de mettre à mal l’hypothèse de l’illustration, qui lisserait, éclairerait, réduirait… afin de montrer comment les arts performatifs et visuels exhibent aussi les zones d’ombre du conte, ses enjeux politiques et sociétaux. Penser le conte implique aussi une pensée de la société de consommation : son dynamisme en Europe autour des contes symbolistes et décadents qui accompagnent l’essor du libéralisme moderne invite à interroger les notions mêmes de nouveauté (le conte jouant volontiers de ses codes surannés qui viennent parasiter un environnement ou des valeurs dits modernes), de réécriture, de sa violente mise en cause en termes de nivellement et de diffusion (le dramaturge argentin Rodrigo Garcia contre Disney par exemple, l’Allemand Botho Strauss contre la télévision : dans l'inconscient collectif, le conte de Grimm ou de Perrault se dissout dans l’image cinématographique). Les études des transpositions cinématographiques des contes, de leur devenir dans la culture de masse et de leur éventuelle récupération, subversion, contestation dans d’autres spectacles seront ainsi très bienvenues.

Dans la perspective d’un retour du kitsch et du néobaroque sur la scène contemporaine (Matteo Garrone, Tale of Tales, 2015), les emprunts au conte sont également à étudier sous l’angle très concret des dispositifs scéniques et des stratégies narratives. L’importance du manga (nombreuses adaptations ou avatars du Petit Chaperon rouge ou de Hänsel et Gretel dans Grimms Manga, 2010) et son influence dans l’utilisation de l’espace scénique et des objets (sur-dimension de l’objet par rapport au vivant, recours aux marionnettes ou à l’écran dans la création Sept d’un coup ou le vaillant petit tailleur par le Totem Théâtre, 2010) doit également être soulignée. Est-il efficace de penser encore le conte aujourd’hui en termes de « féérie », d’ « illusion » ou d’ « enchantement » ? Comment les codes du happy end, de l’émotion et le pacte compassionnel élaboré avec le spectateur se trouvent-ils réemployés dans des adaptations grand public comme Blanche-Neige par Tarsem Singh (2012) et sa transposition dans l’univers Bollywood ?

De l’ « épaisseur glauque » (Michel Tournier) du conte, la transposition dans un autre support fait-elle une surface lisse, didactique ? La lecture théâtrale qui fut longtemps uniquement destinée au jeune public, ou encore le cinéma de masse, sont-ils en mesure d’échapper au polissage pédagogique et illustratif ? (voir le récent Blanche-Neige et le chasseur de Rupert Sanders, 2012, ou le film musical d’Into the Woods de Rob Marshall, 2014). Le dramaturge espagnol Juan Mayorga dans Hamelin (2007) fait du conte du joueur de flûte un récit d’abus sexuels sur enfants. Dans Barbe-Bleue, la scène primitive (2005), Nicolas Frétel décrit Barbe-Bleue en homme tourmenté, ancien enfant battu. Tout comme dans le film Peau d’âne de Jacques Demy (1970) qui marqua les esprits, la lecture psychanalytique éclaire violemment le conte, l’expose à la polémique mais également prend le risque de le réduire à cette interprétation. La réécriture est-elle vouée à se faire faillite du conte, rétrécissement, minore-t-elle les « aberrations » du récit à une lecture liée au fait divers, à l’actualité (qui n’est donc plus floue ni universelle) ou à une interprétation psychanalytique tendant à « dés-obscurcir » la trame narrative ? Il nous plairait d’étudier ce qui reste du conte dans son passage à la scène, à la planche de BD ou à l’écran (série télévisée Once upon a time, 2011-2016) et si ce passage générique est rupture (absence de dialogues dans Blancanieves de Pablo Berger, 2012), contestation (Ludwig Revolution, réécriture manga de contes de Grimm par Kaori Yuki, 1999-2007), obédience, scandale (Miwa Yanagi, Fairy Tale, 2004-2006), prolongement (Cédric Nicolas-Troyan, Les Chroniques de Blanche-Neige : Le Chasseur et la Reine des glaces, 2016), etc. Le conte dans tous ses états, secoué de courants, d’interprétations et de formes, d’innovations et de régressions, d’extrapolations et d’illustrations est ce que nous souhaitons interroger ici.

 

Modalités de soumission

Les propositions d’article, d’une demi-page environ sous format Word, suivies de quelques lignes de présentation bio-bliographique de l’auteur, sont à envoyer pour le 1er septembre 2016 par message électronique à : florence.fix[at]gmail.com et à hermelinepernoud[at]yahoo.fr

Après acceptation, les articles seront à remettre pour le 1er janvier 2017.