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La science-fiction : entre science et fiction, trait d’union ou espace d’exclusion ?

La science-fiction : entre science et fiction, trait d’union ou espace d’exclusion ?

Appel à communication

Journées d’études les 14 et 15 novembre 2016

Université de Tunis

L’Institut Supérieur des Etudes Appliquées en Humanités de Zaghouan

Organise deux journées études sous le thème :

« La science-fiction : entre science et fiction, trait d’union ou espace d’exclusion ? »

 

Dès sa naissance aux Etats Unis en 1927, la littérature de science-fiction a fait l’objet de nombreuses controverses. Le trait d’union entre science et fiction relie deux cultures différentes qui tendent à s’exclure l’une l’autre. Les scientifiques autant que les littéraires considèrent qu’il s’agit d’un terme contradictoire. Selon le scientifique Robert Debré "la science est une chose, la fiction en est une autre. Le mélange des deux donne quelque chose d’absurde et d’insupportable". De son côté Michel Tournier, membre de l’Académie Goncourt, pense que la science et la fiction " se font l’un à l’autre une guerre inexplicable qui condamne le produit de leurs amours malheureuses à n’être qu’un avorton minable".

Ce genre de prise de positions contribue largement à fausser la nature des rapports que la fiction entretient avec la science dans la littérature de science-fiction qui est plutôt un lieu de rencontre singulier entre deux champs du savoir. De nombreux écrivains ont développé dans leurs romans de nouvelles technologies qui ont intéressé beaucoup de scientifiques. D’un autre côté cette littérature permet de réfléchir sur un certain scientisme en dénonçant les excès d’un progrès matériel qui aliène l’Homme et menace l’écosystème.

Nous proposons les axes suivants :

Axe I - l’imaginaire scientifique : Au seuil du XXe siècle et avec l’explosion des sciences et des découvertes, la science-fiction a apporté une innovation majeure quant aux techniques de propulsion, facteur critique essentiel de toute expédition spatiale.

L`Agence spatiale européenne a mandaté la Maison  d`Ailleurs à Yverdon4 pour recenser les nouvelles technologies imaginées dans la littérature de SF afin de trouver des idées qui pourraient servir et inspirer la recherche spatiale. En 2001, elle a fait appel à un groupe de chercheurs afin d’étudier les nouvelles technologies développées par des auteurs d’anticipation ayant pour but d’en extraire "un choix d’innovation imaginaire touchant au domaine de l’astronautique et aux techniques associées à la conquête spatiale" (Le projet ITSF, 2001). En Octobre 2002, l’agence a réuni, dans un dossier intitulé "Les Nouvelles technologies dans la science-fiction", les principaux résultats de cette recherche. On a pu constater que l’art et la littérature font partie intégrante de l’exploration spatiale depuis ses débuts. Mais ils jouent aussi un rôle capital dans son développement. […] Durant les cinquante dernières années d’exploration spatiale, les artistes ont aidé ces professionnels de l’espace à visualiser leurs plans et leurs projets et à donner forme aux technologies qu’ils élaborent. (Le projet ITSF, 2002)

Axe II - L’apport critique de la science-fiction : La science-fiction a eu pour ambition de faire place dans la littérature aux sensations d'émerveillement nées du développement de la réflexion scientifique comme de la science et de la technique, chez Jules Verne, ou Rosny aîné. Elle est aussi devenue le support d'une réflexion sur les développements de ces techniques et de ce savoir : il n'est que de lire HG Wells et Huxley pour s'en persuader. (Bozzetto, 2000: 3) Une sévère attitude critique et une angoisse grandissante marquent de plus en plus la littérature de science-fiction en s’attardant sur les conséquences possibles d’un progrès aliénant et d’une science déshumanisante. Les différentes crises qui ébranlent le monde moderne font balayer les dernières certitudes et confirment l’opinion générale dans ses soupçons : le progrès est fragile.

La littérature interroge d’un côté la connaissance scientifique dans le contexte plus étendu de la pensée humaine et renvoie, de l’autre, le scientifique à sa propre image, apportant la critique là où manque l’autocritique. "Ainsi apparaît le caractère quasi magique d’une littérature, qui, nourrie des inventions et des découvertes, devient à la fois l’écho de la crise qu’elles suscitent, et le moyen d’en conjurer les imprévisibles conséquences" (Christian Grenier, 1994: 40).

Dans une double attitude épistémologique et critique, l’auteur de science-fiction parvient à réunir, dans un même espace narratif, des disciplines que l’organisation académique tend sévèrement à séparer.

Les propositions de communication, de 500 à 600 mots, sont à envoyer au comité organisateur jusqu’au 15 décembre 2016 à l’adresse suivante : "Iseah Z"

 Elles devront faire figurer en préambule une courte biographie (comprenant vos nom, prénom, adresse email, laboratoire ou UR s’il en existe, champ disciplinaire et université d’origine).

 

Comité scientifique

Pr. Roger Bozzetto (Professeur Emérite, Aix-en-Provence)

Pr. Samir Marzouki (Professeur, Université de Manouba)

Pr. Irène Langlet (Professeur, Université de Limoges)

Pr. Sonia Zlitni-Fitouri (Professeur, Université de Tunis)

Pr. Danièle André (Professeur, Université de La Rochelle)

Pr. Hbib Salha (Professeur, Université de Manouba)