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La Réforme et la fable, XVIe-XVIIe s. (Bordeaux)

La Réforme et la fable, XVIe-XVIIe s. (Bordeaux)

Publié le par Marc Escola (Source : Alice Vintenon)

La Réforme et la fable (xvie-premier xviie siècles)

Que pleust à Dieu que tant de bons espriz que je cognoy en France, en lieu de s’amuser à ces malheureuses inventions ou imitations de fantaisies vaines et deshonnestes, (si on en veult juger à la verité) regardassent plustost à magnifier la bonté de ce grand  Dieu, duquel ils ont receu tant de graces, qu’à flatter leurs idoles, c’est à dire leurs seigneurs ou leurs dames, qu’ils entretiennent en leurs vices, par leurs fictions et flatteries. (Théodore de Bèze, préface d’Abraham sacrifiant)

 

Laissez-moy donc à part ces fables surannees,

Mes amis, laissez-moy cest insolent archer,

Qui les cœurs otieux peut seulement brescher,

Et plus ne soyent par vous les Muses profanees. (Du Bartas, Uranie)

 

Respectivement tirées de la préface d’Abraham sacrifiant de Théodore de Bèze (1550) et de l’Uranie de Du Bartas (1582), ces deux déclarations illustrent l’opinion largement répandue selon laquelle la Réforme aurait considéré la fable avec méfiance. Aux accusations d’immoralité et de mensonge déjà présentes dans la tradition platonicienne s’ajoutent ici des arguments plus théologiques, qui assignent au poète la mission de célébrer Dieu et sa Création. Les critiques virulentes du Traité des scandales de Calvin (1550) contre les « contes » blasphématoires de Rabelais, et l’animosité des polémistes protestants contre les poèmes à sujet païen de Ronsard, s’expliquent ainsi par la volonté de promouvoir un discours entièrement vrai, et débarrassé de toute influence païenne.

Sans fondamentalement mettre en cause cette doxa, validée par de nombreux textes de Réformateurs et de poètes réformés, le présent colloque entend néanmoins montrer ce qu’elle peut avoir de réducteur, si l’on considère dans leur diversité les attitudes des Réformés par rapport à la fable. C’est, par exemple, au réformé Johann Fischart que l’on doit la fameuse Geschichtsklitterung, adaptation allemande des premiers romans de Rabelais. En Angleterre, le protestant Philip Sidney prend en charge, à la fin du XVIe siècle, une audacieuse Defence of poesy, qui cautionne même les fables les plus fantaisistes. Nous examinerons la place que tient la fable dans la pédagogie, la littérature et la poétique réformées dans l’Europe de la Renaissance et du premier XVIIe siècle.

 

PROGRAMME

Jeudi 10 décembre : Librairie Mollat (Salons Albert Mollat)

• 13h : Accueil des participants.

• 13h45-14h30 : Introduction du colloque par Alice Vintenon et Françoise Poulet.

Première session : la réception des fables païennes chez les Réformés

Présidence : Véronique Ferrer (Université Bordeaux Montaigne)

• 14h30-15h : Isabelle Pantin (École Normale Supérieure de Paris) : « Melanchthon et les fables païennes ».

• 15h-15h30 : Céline Bohnert (Université de Reims Champagne-Ardenne) : « Sabinus, commentateur des Métamorphoses ».

Discussion et pause.

Présidence : Élise Pavy (Université Bordeaux Montaigne)

• 16h-16h 30 : Christiane Deloince-Louette (Université Stendhal-Grenoble 3) : « Peut-on sauver la fable homérique ? Les propositions de Jean de Sponde ».

• 16h 30-17h : Padraic Lamb (Centre d'Études Supérieures de la Renaissance, Université François-Rabelais de Tours) : « ‘L'appât de la fable’ dans la mythographie de Stephen Batman (-1584), ministre anglican ».

Dîner au centre-ville de Bordeaux.

Vendredi 11 décembre : Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine (Pessac)

Deuxième session : De l’évangélisme fictionnel au protestantisme fictionnel  

Présidence : Olivier Millet (Université Paris-Sorbonne)

• 10h-10h 30 : Adeline Desbois (Université Lille 3) : « La fantasie de François Habert : variations poétiques sur le jugement de Pâris ».

• 10h30-11h : Nicolas Le Cadet (Université Paris-Est Créteil) : « “Ce sont beaux textes devangile en francoys” : la Bible et la fiction dans Pantagruel ».

Discussion et pause

• 11h30-12h : Elsa Kammerer (Université Charles de Gaulle-Lille III/ Humboldt Universität zu Berlin) : « Fischart, traducteur de Rabelais ».

Déjeuner sur le campus de l’Université.

Troisième session : Une poétique protestante ?

Présidence : Violaine Giacomotto (Université Bordeaux-Montaigne)

• 14h-14h30 : Gilles Couffignal (Université Paris IV Sorbonne) : « Des fables antiques à la fable de la langue : Pey de Garros, poète protestant et gascon ».

• 14h30-15h : Nadia Cernogora (Université Paris Ouest-Nanterre) : « La persistance de la fable païenne et de l’interprétation allégorique chez les poètes réformés ».

• 15h-15h30 : Adrienne Petit (Université Paris IV Sorbonne) : « Nicolas Des Escuteaux auteur protestant de romans sentimentaux ».         

Discussion et pause.

Quatrième session : fable et édification

Présidence : Guillaume Flamerie de Lachapelle (Université Bordeaux Montaigne)

• 16h-16h 30 : Antoine Biscéré (Université Paris IV Sorbonne) : « “De ce Sinaï, nous ferons une Sion, et nous y construirons trois tabernacles : l’un pour le Psautier, l’autre pour les Prophètes, l’autre enfin pour Ésope” (Luther). Le prestige de la fable ésopique dans les cercles réformés allemands ».

• 16h30-17h : Inès Kirschleger (Université de Toulon) : Le loup et l’agneau dans la prédication réformée du XVIIe siècle, ou comment combattre la raison du plus fort ?

 

• 17h : Discussion et conclusion du colloque.

 

 

 

Contacts : Alice Vintenon (alice.vintenon@gmail.com) et Françoise Poulet (francoise.poulet@u-bordeaux-montaigne.fr)

 

 

 

Comité scientifique :

Christian Belin, Professeur de littérature du XVIIe siècle à l’Université Paul-Valéry - Montpellier III.

Max Engammare, Chercheur associé à l’Institut d’histoire de la Réformation de l’Université de Genève, directeur des éditions Droz.

Véronique Ferrer, Professeur de littérature du XVIe siècle à l’Université Bordeaux Montaigne.

Violaine Giacomotto-Charra, Maître de conférences en littérature du XVIe siècle à l’Université Bordeaux Montaigne.

Olivier Millet, Professeur de littérature du XVIe siècle à l’Université Paris IV Sorbonne.