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La pitié qu’il y avait au royaume de France… Jeanne politique : la réception du mythe à l’époque moderne et contemporaine en France et à l’étranger 

La pitié qu’il y avait au royaume de France… Jeanne politique : la réception du mythe à l’époque moderne et contemporaine en France et à l’étranger

Publié le par Marc Escola (Source : Florent Gabaude)

Appel à communications

Journées d’études organisées par Vincent Cousseau, Florent Gabaude et Aline Le Berre

22-23 octobre 2015

Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’université de Limoges

EA 1087 EHIC – Espaces Humains et Interactions Culturelles

EA 4270 CRIHAM – Centre de Recherche Interdisciplinaire en Histoire, Histoire de l’Art et Musicologie

 

La pitié qu’il y avait au royaume de France… Jeanne politique : la réception du mythe à l’époque moderne et contemporaine en France et à l’étranger

Selon Hans Blumenberg, le renouvellement permanent du mythe est le garant de sa « constance  iconique ». Jeanne d’Arc, figure sans visage aux cents visages, est une « légende vivante » (Michelet) dont Napoléon et Schiller ont fait l’incarnation de la nation en armes, un symbole depuis lors sans cesse revivifié autant que martyrisé par les médiations historiographiques, littéraires, filmiques, populaires ou commerciales et les factions militantes qui s’en disputent l’héritage. On a fait de Jeanne une figure tantôt clivante, tantôt consensuelle : elle a tour à tour servi aux républicains contre les monarchistes et vice versa, aux catholiques contre les libres penseurs et vice versa, aux patriotes contre les internationalistes et vice versa ; elle symbolisa successivement l’alliance du trône et de l’autel, du sabre et du goupillon, de la République pacifiste et du Vatican, du bouclier pétainiste et du glaive gaullien ou de l’étendard communiste…

L’objet de ces journées d’études sera d’analyser la construction et les appropriations politico-confessionnelles du mythe depuis son origine, de confronter les représentations polymorphes de la Jeanne politique (discursives, iconiques, plastiques) dans l’espace public. On pourra s’interroger notamment sur la place du récit sotériologique, sur le pouvoir charismatique, sur la charge émancipatoire ou obscurantiste du discours johannique, sur la renaissance de la spiritualité politique et la reconfessionnalisation de la République, sur les troubles dans le genre et dans l’autorité… A quoi peut encore servir cette « figure de victoire et de pitié » à l’âge posthéroïque, postlaïque, postrépublicain et postnational de la mondialisation néolibérale ?

La réflexion collective devrait permettre de croiser différentes approches, ressortissant notamment :

  • à l’histoire mémorielle : évolution de la représentation historique de Jeanne au fil du temps, confrontation de l’histoire populaire et de l’histoire savante, rapports entre le mythe et l’histoire, l’histoire et la mémoire, pratiques muséales et commémoratives ;
  • à l’analyse rhétorique du discours public : par exemple, des discours mémoriels de Charles Maurras à Marine Le Pen, d’André Malraux à Najat Vallaud-Belkacem ;
  • à la philosophie et à la sociologie politiques : le mythe identitaire, la question de la nécessité du chef et les visages de l’héroïsme et du charisme, notamment en temps de guerre ou de crise. Jeanne fait figure d’archétype de la prophétesse armée avec qui le « peuple » entretient un rapport émotionnel fondé sur la croyance ;
  • à l’esthétique de la réception : depuis l’époque romantique et dans la culture de masse contemporaine, le moyen âge suscite un intérêt soutenu dont l’examen est devenu outre-Atlantique et plus récemment en Europe un axe de recherche spécifique (medievalism américain, Mittelalter-Rezeption dans l’aire germanique) ;
  • aux études de genre : déjà pour Christine de Pisan, Jeanne constitue une figure de proue de la lutte des femmes contre le phallocentrisme. Le mythe peut être abordé sous l’angle notamment du prophétisme et du martyre féminins ; on pourra également se poser les questions suivantes : Jeanne est-elle considérée comme un être androgyne, une pionnière de l'émancipation ou, au contraire, comme la victime de préjugés misogynes ? Quel rôle joue la virginité dans le discours sur Jeanne ? En quoi la surévaluation de cet aspect relève-t-elle d'une approche religieuse traditionnelle ou au contraire d'une volonté d'affirmer une indépendance et une spécificité féminines ?

 

Les propositions de communication d’une demi-page maximum, accompagnées d'une courte notice bio-bibliographique, sont à envoyer conjointement à Vincent Cousseau (vincent.cousseau@unilim.fr), Florent Gabaude (florent.gabaude@unilim.fr) et Aline Le Berre (aline.le-berre@unilim.fr) pour le 1er septembre 2015.

Les frais de déplacement et d’hébergement ne pourront pas être pris en charge.